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Avec courage et détermination, le Stade Rennais s’est imposé contre Arsenal jeudi au Roazhon Park (3-1). Les joueurs de Julien Stéphan prennent ainsi une nette option pour la qualification en quarts de finale d’Europa League.

Une partie maîtrisée

Ils sont encore là. Revenus de l'enfer en phase de groupes à la dernière journée, héroïques au Betis après un match aller raté, les Rennais ne cessent d'épater l'Europe. Aujourd'hui, ils ont fait mieux que résister à de pâles Londoniens forcément surpris. Il faut dire que ça avait mal commencé : dès la 4ème minute, Alex Iwobi a cueilli à froid le Roazhon Park après une erreur d'appréciation de Koubek. 8 minutes plus tard, le même Iwobi centrait en retrait dans la surface pour Lucas Torreira et, sans une belle parade du portier rennais, le rêve breton était tout près de virer au cauchemar. Alors que le match s'installait dans un faux rythme, Arsenal ne se montrait plus vraiment menaçant, laissant presque l'impression de vouloir gérer le score. Mais les locaux, à l'image de leurs supporters, n'ont jamais abandonné, et se procuraient quelques occasions sur coup de pied arrêté (14e, 34e ). C'est d'ailleurs une de ces situations qui a fait basculer le match : à la 41ème minute, le Grec Sokratis Papastathopoulos est exclu pour une faute à l'entrée de la surface. Sur le coup-franc qui suit, frappe une première fois dans le mur avant d'ajuster d'une demi-volée qui a dû faire rougir un certain .

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Le suspense était relancé. En seconde mi-temps, on n'a plus vu que des guerriers, des combattants qui comprenaient que l'exploit était possible. Acculés dans leur surface, les Gunners ont semblé en perte de repères, encore sonnés par l'égalisation du score. Ce fameux « coup derrière la tête » fut peut-être fatal à qui, pour protéger son gardien d'un attaquant fantôme, a cru judicieux de rentrer lui-même le ballon dans les filets. Les 30 000 supporters pouvaient exulter. On peut aussi souligner le coaching gagnant d'Unai Emery qui, en plus de remplacer le plus remuant (Iwobi) après 53 minutes de jeu, a fait sortir son dernier attaquant sur la pelouse (Aubameyang) quand son équipe était menée 2 buts à 1.

Le clou du spectacle est peut-être cette action finale ; suite à une relance rapide de Grenier, Léa Sliki, tout juste entré en jeu, délivre une merveille de centre pour Ismaïla Sarr, qui n'a plus qu' à conclure d'une tête plongeante. Qui aurait imaginé meilleure conclusion de cette soirée magique pour un club dont on raillait jusqu'à peu la « poisse » légendaire ?

Rennes vit un rêve éveillé

Le match retour à Séville, il y a 2 semaines, était soi-disant la plus grande soirée de l'histoire du Stade Rennais. Jusque aujourd'hui, du moins. Il faut dire qu'à Rennes, on est pas habitué à ce genre d'ambiance : le club se contente généralement du milieu de tableau, et, mis à part deux Gambardella (2003, 2008), le dernier trophée majeur célébré Rue de la Soif remonte à 1971… soit presque dix ans avant la naissance du coach actuel, Julien Stéphan. Cette réputation de loser traînée par les Rouges et Noirs pourrait pourtant être jetée au placard. La faute à une direction ambitieuse emmenée par Olivier Létang, un recrutement astucieux et un plan de jeu étonnamment offensif. Pour ses trois premiers matches à élimination directe en coupe d'Europe, en toute modestie, Rennes a déjà inscrit 9 buts. Les progrès entamés par Sabri Lamouchi semblent porter leurs fruits dans une équipe homogène et talentueuse, où produits du club (Hunou, Léa-Siliki) côtoient pépites prometteuses (Sarr, Bourigeaud) et joueurs d'expérience internationale (Niang, Grenier, Ben Arfa).

On voit surtout là ce qui manque au PSG depuis de nombreuses années : le caractère. Le capitaine, , joue un rôle crucial dans l'approche mentale du vestiaire. Décomplexés, collectifs, les Rennais portent haut les couleurs de leur club et, comme l'a souligné Ben Arfa en conférence de presse, celles d'une région de football.

« Il y a vraiment quelque chose qui se passe quand on va en ville », témoigne l'international français, avant d'ajouter plein de sincérité : « Je ne savais pas que Rennes aimait tant le foot ».

Les supporters aussi ont été à la hauteur de l'évènement dans une ambiance très bon enfant. Dans les tribunes une banderole, détournant une punchine de PNL, annonçait : « Tu toucheras pas la balle, on te fait la Breizhilienne ». Désormais, Arsenal a compris le message. Espérons seulement que les Rennais, dans une semaine, sauront encore une fois le faire passer à l'Emirates Stadium…