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Le débat était houleux hier soir sur France Télévisions. Encore une fois, les présentateurs essayaient de descendre indirectement le football en posant cette question simple : « les sports médiatisés ont-ils leur place aux JO » ? Tentons de leur apporter une réponse et de calmer leurs ardeurs.

Posons le contexte du débat. Les présentateurs ont commencé la discussion après s’être étonnés des stades de football vides et de courts de Wimbledon à l’étrange atmosphère de maison de retraite. Rien de mieux pour enchaîner sur un peloton d’exécution en règle. Ajoutez à cela le fait que la France se soit ridiculisée à l’Euro 2012 et vous chauffez le studio et les animateurs à blanc. Petit rappel du débat de la veille : « l’utilisation de Twitter chez les sportifs ». Autant dire que le débat a tourné à 60% autour du football (de préférence comme repère négatif), pourtant 1/26 de tous les sports présentés aux JO de Londres. « #Monopole » dirait OptaJean.

Le football est-il un sport majeur des Jeux Olympiques ?

Le football ne s’est jamais revendiqué comme important aux Jeux Olympiques. Il faut d’abord regarder où se déroulent les JO pour voir la part qu’il prend dans la compétition olympique globale. En 1992 à Barcelone, les espagnols avaient à coeur de remporter la compétition sur leurs terres. A l’après guerre, les vainqueurs étaient majoritairement des pays de l’Est, trop contents de montrer leur suprématie et de lancer un signal politique fort autrement que lors d’une Coupe du Monde inacessible. En 1932 à Los Angeles, la compétition a été annulée face à la discrétion de ce sport sur le sol américain.

Le format en lui-même de la compétition aux Jeux Olympiques catalogue immédiatement le football comme un sport mineur comparé à l’athlétisme ou à la natation. Depuis 1992, les joueurs sélectionnés doivent avoir moins de 23 ans, plus 3 joueurs plus âgés. Cette spécificité permet à la Coupe du Monde de garder tout son intérêt, se déroulant elle aussi tous les quatre ans. Cela représente un gap important et indispensable à la cohérence des deux compétitions.

Ainsi, les Jeux Olympiques permettent de découvrir des perles en manque de visbilité (comme Di Maria en 2008). Le Tournoi de Toulon ou l’Euro Espoirs n’ont pas la même visibilité que les JO. Le plus gros apport est chez les féminines avec un tournoi sans limite d’âge que l’on peut facilement comparer à une Coupe du Monde, les relais médiatiques en plus.

Doit-on supprimer le football des Jeux Olympiques ?

D’un point de vue footballistique, oui. Du point de vue de l’olympisme, non. Tous les sports ont leur place aux Jeux Olympiques et je suis partisan d’une compétition plus longue qui rassemble vraiment un maximum d’épreuves en évitant le camouflet des « sports de démonstration ».

La situation des Jeux Olympiques d’été dans une saison européenne de football est extrêmement délicate. Avec plus de 50 matchs par saison, il est difficile de demander à des clubs (aux intérêts financiers certains) et à des sportifs de sacrifier leurs vacances aux Caraïbes pour courir encore une fois après un ballon, ne serait-ce que pour la beauté du spectacle. Toute l’année, les compétitions de football représentent un spectacle suffisant pour tous les fans de foot (Champion’s League, Europa League qui s’améliore, …) et la trêve estivale des joueurs est aussi celle des supporters.

Comment se comporteraient les annonceurs si les Jeux Olympiques devenaient importants, alors qu’ils dépensent déjà des sommes folles pour sponsoriser les compétitions toute l’année ? Il est crucial de garder un gap entre les compétitions majeures du football internationale. L’adage « ce qui est rare est cher » fonctionne ici parfaitement. Chaque vainqueur bénéficierait de l’aura qui entoure la rareté d’une compétition. La CAN , organisée tous les 2 ans, enlève ainsi une bonne partie de la magie de la victoire (surtout celle de 2013).

Le football n’a donc pas besoin des Jeux Olympiques ! Les Jeux Olympiques oui. N’en déplaise à France Télévisions.