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S’il y a bien un coach qui n’a pas laissé la L1 indifférente, c’est Marcelo Bielsa. El Loco Unchained raconte comment il est devenu un entraîneur incontournable du paysage footballistique et présente sa personnalité complexe, ce qui permet de comprendre pourquoi le divorce avec Marseille était inéluctable.

Marcelo Bielsa vient de terminer son aventure marseillaise, après une défaite à domicile contre Caen (0-1). En connaissant le personnage, ses coups de folie et son exigence, ce n’est pas une surprise tant les négociations ont duré trop longtemps pour un coach qui n’aime pas les compromis. Cet homme est en effet décrit comme aussi passionné qu’intransigeant dans sa biographie par Thomas Goubin (éditions Hugo Sport). Son perfectionnisme semble en effet hors norme dans le monde du football professionnel où l’amateurisme est souvent de rigueur. El Loco Unchained est un livre passionnant pour tous ceux qui aiment le foot car il plonge le lecteur dans les pas – et la tête – de celui qui l’aime le plus au monde.

El Loco, ce surnom qui colle à la peau de Bielsa depuis des années, est sujet à diverses interprétations, comme toutes les légendes. S’il est fou, c’est surtout de football. Ce n’est donc pas étonnant que le livre commence par un chapitre qui décrit l’Argentin, un modèle pour Diego Simeone ou Pep Guardiola, comme un bourreau de travail, un acharné qui passe son temps à regarder des matchs pour débriefer et analyser les adversaires. Il en attend autant de ses ouailles: « Il n’existe pas une seule raison valable pour qu’un joueur soit à l’arrêt sur la pelouse ». Précurseur dans le travail des phases arrêtées à l’entraînement à Newell’s, son club de cœur dans les années 90, il s’est aussi fait remarquer dans le repositionnement de joueurs. Ce qu’a pu découvrir la L1 avec Jérémy Morel : « J’ai vu les 48 matchs joués par Marseille l’an passé (il y a 2 ans NDLR) et j’ai simplement remarqué que Morel était le meilleur dans le jeu aérien, donc je l’ai mis en défense centrale ».

Son exigence et sa passion envers le jeu et les joueurs ont d’ailleurs porté leurs fruits pour révéler ou faire progresser de nombreux jeunes joueurs. Thomas Goubin cite l’exemple de Pochettino, recruté à 14 ans pour rejoindre Newell’s ou encore de Mascherano sélectionné avec l’Argentine alors qu’il n’était pas encore pro à River Plate, sans oublier des Mexicains comme Jared Borgetti lors de son passage à l’Atlas Guadalajara. Réduire le rôle de Bielsa à celui d’un tacticien semble donc une hérésie tant il est aussi un formateur dans l’âme. Ce n’est pas l’ex-parisien et marseillais Gabriel Heinze qui dira le contraire : « Marcelo a cru en moi dans l’anonymat, alors que personne ne me connaissait en Argentine. Il a vu quelque chose en moi alors que je jouais au PSG, et l’année suivante, Manchester United me signait. Pour moi, c’est le meilleur entraîneur que j’ai eu. Il m’a appris beaucoup, pas sur le terrain, davantage en dehors ».

Rempli d’anecdotes

Le Chili a a joué deux matchs amicaux le même jour contre le Costa Rica (19h) puis la Corée du Nord (22h) en préparation de la Coupe du Monde 2010 – le livre l’est tout autant de témoignages de joueurs et de membres du staff qui ont côtoyé Marcelo Bielsa. Mais celui qui en parle le mieux, c’est évidemment lui-même. Ses propres citations sont nombreuses, notamment pour définir le style de jeu qu’il affectionne, basé sur le pressing, la possession de balle et surtout la volonté d’aller de l’avant.

Je ne suis pas d’accord avec le fait de séparer gagner et bien jouer.
Marcelo Bielsa

Ce qui ne veut pas dire qu’il accepte la défaite, au contraire comme le raconte son compatriote Kily Gonzales, suite au Mondial 2002 raté de l’Argentine : « Ce fut une scène déchirante, voir ton entraîneur se taper la tête contre les casiers du vestiaire, sanglotant comme un enfant qui a un gros chagrin, le visage plein de morve, ça me fait mal encore aujourd’hui ».

Javier Mascherano analyse lui que le palmarès de Bielsa ne rend pas hommage à son talent et à son importance sur son sport : « J’aurais aimé qu’il gagne plus de titres, je crois que le football a été injuste avec lui. Mais peut-être que sa plus grande victoire a été de laisser son empreinte sur chacun des joueurs et chacune des équipes qu’il a entraînés ». A défaut de titre, personne ne peut nier que Marcelo Bielsa aura laissé son empreinte sur l’OM et la Liga.