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Relations humaines, tactique, triomphe (84) et désillusions (82 et 86), Le carré magique, quand le jeu était à nous (Talent Sport), nous fait revivre une période faste du football tricolore.

Michel Platini n’est pas juste le nom d’un politicien corrompu, Alain Giresse n’est pas que le père d’un joueur de Guingamp, Luis Fernandez n’est pas qu’un animateur radio qui écorche la langue française. Si vous avez cette image là de ces légendes du foot français, vous devez à peine connaître Jean Tigana et encore moins Bernard Genghini. Pourtant, ces cinq hommes ont formé le quatuor le plus célèbre sous le maillot bleu.

Oui, un peu comme une blague belge, il faut bien 5 joueurs pour former un « carré magique », comme le raconte Patrick Lemoine dans son livre Le carré magique, quand le jeu était à nous (Talent Sport). Le journaliste explique comment ce quatuor (Fernandez ayant succédé à Genghini) s’est formé et a pu régner sur le milieu de terrain de 1981 à 1986. Mais ce qui est particulièrement intéressant dans ce livre, c’est que l’auteur ne se contente pas de ses souvenirs, il nous livre aussi ceux des protagonistes concernés qu’il a interviewés : « Au début des années 1980, ce sont ces cinq hommes que le Destin a choisis pour animer le milieu de terrain de l’Equipe de France. Conter leur odysée était tentant alors que, trente-deux ans après, l’Euro repasse chez nous. Avec un objectif : faire dire à chacun des joueurs concernés les bonheurs… et les peines qui piquetèrent les chemins de leurs six années communes« .

2+2 = 5 joueurs dans le carré magique

Sur le plan offensif, face à l’omniprésence du génie Platini, Giresse a d’abord eu du mal à exister et à se faire sa place. Puis, c’est Ghengini, lui aussi meneur de formation, qui a commencé à fouler les pelouses internationales en remplaçant des deux n°10 et même… du milieu défensif Jean Tigana. Faire fonctionner un système aussi offensif n’a pourtant pas été aussi facile et la préparation du Mondial 82 n’a pas été une formalité. Finalement, ce système s’est imposé au bon moment, celui de la Coupe du Monde, au point de rester graver dans les mémoires malgré la défaite cruelle en demi-finale contre l’Allemagne.

Il faudra attendre deux ans de plus pour sacrer le carré magique, à l’Euro 84 avec cette fois-ci un cinquième homme, le jeune Luis Fernandez qui a progressivement remplacé un Bernard Genghini en fin de course. Fernandez, c’était un peu le trublion façon Ribéry 2006, un peu foufou et en admiration devant Platini. « Intégrer Luis a donné plus d’autonomie à Jeannot (Tigana). En Espagne, il était le seul demi défensif et nous étions trois milieux offensifs. En 1984, c’était rééquilibré : 2+2. Ca a forcément modifié la répartition du boulot, même si ça n’a rien changé au jeu à la française« , analyse Michel Platini.

En 1986, après un match enthousiasmant face au Brésil, c’est à nouveau l’Allemagne qui a brisé les rêves bleus en demi-finale, signant la fin du carré magique. En vingt matchs, cette défaite est d’ailleurs la seule du carré magique (15 victoires et 4 nuls ;  44 buts français dont 26 par ses membres) qui, grâce à ce livre, peut maintenant aussi rester dans les mémoires de ceux qui n’ont pas connu cette glorieuse période d’un football français romantique et spectaculaire.