AvideceWopyBalab

Dans Sans Filet (Marabout), co-écrit avec le journaliste Julien Gourbeyre, l’ancien gardien de Saint-Etienne raconte sa vie, sa carrière et la L1 des années 2000 avec une grande franchise.

Petit (1,76m) mais doté d’un bon jump, « conscient de ne pas avoir boxé dans la même catégorie » que Barthez ou Coupet, Jérémie Janot raconte avec une grande honnêteté sa carrière de bon gardien de L1. Conscient des forces de ses rivaux, mais aussi des siennes qui lui ont valu d’être nommé Etoile d’or France Football en 2007, il écrit sur la taille du gardien que peu de sorties aériennes sont réalisées en match (1,8 en moyenne) et en appelle à étudier toutes les autres caractéristiques : appuis, détente, lecture du jeu… « L’envergure peut parfois aider à rattraper le coup, mais il en va de même pour l’explosivité, la lecture du jeu ou la fréquence de pas, domaine dans lequel Hugo Lloris est impressionnant« . Gardien stéphanois à 386 reprises, le Ch’ti d’origine raconte son enfance à Valenciennes, élevé dans un milieu modeste par sa mère. Comme Olivier Atton, il parle alors du ballon comme de son meilleur ami, toujours sous le bras. Il se souvient d’un grave accident de mobylette à 14 ans, du déménagement à Saint-Etienne où son beau-père a été muté…. Cet adepte du MMA explique avoir dû se battre pour se faire sa place en équipe de jeunes où un gamin du cru était un grand espoir :

« Mon obsession n’est pas à ce moment-là de réussir à l’ASSE, mais de lui prendre sa place. Je vais le croquer ».

Le football est un jeu pour celui qui est célèbre pour ses tenues fantasques, dont celle de Spiderman, mais il le prend très au sérieux dans sa préparation. Par sa détermination, son travail, il va y arriver en U17 puis en devenant le portier de la réserve, ce qui l’a amené à vivre sur le banc son premier derby en pro à 17 ans. Janot continuera d’apprendre vite avec un modèle lui aussi bourreau de travail, Grégory Coupet.

Suite au départ de ce dernier à Lyon, il a su saisir sa chance et sauvé l’équipe d’une relégation en National. C’est aussi les débuts avec l’Equipe de France des moins de 20 ans où il côtoie Landreau, Henry, Trezeguet ou encore Anelka de qui il dit beaucoup de bien. Et Janot de se montrer indulgent sur Knysna 2010 : « Le vestiaire est normalement un lieu sacré, où se construisent les succès et les échecs. A Sainté, j’ai assisté à des scènes incroyables qui sont toujours restées confidentielles. J’ai par exemple cassé cinquante portes dans ma carrière« .

Mais, l’arrivée de Jérôme Alonzo comme titulaire annoncé lui a vite montré qu’il devrait se battre chaque saison pour gagner sa place. Comme ensuite avec Casagrande, Le Crom… Il revient d’ailleurs longuement sur les relations entre gardiens, entre amitié et concurrence et livre cette anecdote à l’approche d’un match de coupe qu’il doit jouer alors que le remplaçant (Vincent Planté) avait disputé les tours précédents :

« Ce matin-là, et pour la première fois de ma carrière, je simule une blessure par loyauté pour Vincent. Cette titularisation lui revient de plein droit. Je suis un compétiteur, certes, mais pas une ordure (…). La doublure travaille autant sinon plus que le numéro un, mais elle ne joue pas. En revanche, elle se doit de garder le sourire… ».

Parmi sa carrière, Janot raconte notamment sa belle saison en 2005 quand il reste 1 534 minutes sans encaisser de but à domicile, grâce à une belle complicité avec la défense centrale.

https://twitter.com/jeremiejanot/status/1109400980842573825

Sa biographie est remplie de noms qui ont marqué le foot français des années 90-2000, avec des Stéphanois (Zoumana Camara, les brésiliens Alex et Aloiso, Potillon…) mais aussi les adversaires qu’il a affrontés (Wallemme, Juninho, Govou…). On ressent tout son bonheur en accomplissant son rêve de jouer contre Bernard Lama le 8 avril 2000. On comprend sa tristesse aussi quand il raconte un drame familial et cela rappelle que les joueurs sont aussi des hommes, avec une vie personnelle qui peut impacter leur comportement professionnel.

Aujourd’hui devenu entraîneur des gardiens, il dresse des louanges à celui qui est la référence mondiale aujourd’hui selon lui : Ederson (Man City) : « Le portier en 2019, c’est un gardien en phase défensive et un joueur en phase offensive. Moi, je n’étais que gardien ». Un des meilleurs de L1 durant les années 2000.