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Dans Causeries, quand la magie des mots fait déplacer des montagnes (Marabout), Julien Gourbeyre multiplie les témoignages pour révéler les coulisses du vestiaire.

A en croire la polémique actuelle lancée par le président de Marseille, les entraîneurs français n’aimeraient pas parler de jeu et ne créeraient pas d’identité de jeu sur le terrain. Pour ce qui est de parler, c’est sans doute vrai en L1 où la méfiance est grande envers la presse et où les discours sont convenus. Mais dans l’intimité du vestiaire, comment sont-ils réellement et comment motivent-ils leurs joueurs? Julien Gourbeyre, directeur du magazine Vestiaires, tente d’y répondre.

Sans parler d’être tacticien comme Pep Guardiola ou meneur d’hommes comme Simeone et Klopp, quels sont les ressorts d’une causerie réussie ?
Rappel pour les coachs amateurs, l’auteur écrit clairement qu’il faut différencier le discours à avoir auprès de professionnels de celui pour les footeux du dimanche. Et encore plus avec des enfants qui doivent avant tout prendre plaisir à jouer.

Car, au-delà de donner les réponses de coachs (de foot mais pas que) sur les ressorts d’une causerie réussie, Julien Gourbeyre rappelle qu’il y a aussi une part d’ego dans cet exercice. « La causerie, c’est mon match à moi », confirme Guardiola et l’auteur va en effet plus loin en disant que « la causerie promet aussi à celui qui la conçoit et l’anime de s’approprier plus facilement, après coup, une part de l’éventuel succès à venir ». « Parfois, je me mets en colère parce que je veux avoir l’air en colère », confesse aussi Mourinho pour bien illustrer que le coach joue un rôle.

Pour autant, ce one-man show est loin d’être inutile et peut booster une équipe. Pour Gérard Houiller par exemple, il fallait éviter d’idéaliser l’adversaire, en insistant plutôt sur ses propres forces : « C’est le meilleur moyen de faire naître dans l’esprit des joueurs un monstre imaginaire »

Pour se renouveler quand ils font 50 causeries par an, plusieurs méthodes existent. Patrick Vieira explique enregistrer ses causeries « pour apprendre et progresser », en évitant de répéter les mêmes discours. Certains utilisent des extraits de films (L’enfer du dimanche ou Gladiator par exemple). D’autres manient l’humour. Avec Sainté et en déplacement à Lille, Christophe Galtier a par exemple fait un numéro d’équilibriste en marchant sur les chaises du premier rang pour montrer à son équipe qu’elle pouvait survoler les débats et que « si elle tombe, ce ne sera pas de bien haut ». Autre exemple avec Jürgen Klopp qui a porté un caleçon CR7 pour faire rire ses joueurs de Liverpool avant d’affronter le Real Madrid…

Rempli de témoignages et d’anecdotes de différents sports, ce livre donne donc des clés pour comprendre ce qui motive les joueurs (collectivement ou individuellement) et comprendre en quoi l’exercice est aussi important que difficile pour les entraîneurs.

Même si, soyons clairs, je partage l’opinion de Ludovic Giuly qui estime que ce sont les faits qui donnent raison ou non à un coach (ce qui vaut pour sa causerie, mais aussi sa tactique et son coaching). Et comme la beauté du foot réside dans son caractère imprévisible, rempli de faits de jeu et de situations qui font basculer la vérité, il est impossible d’évaluer précisément le poids de la causerie dans un résultat. Une chose est sûre cependant, la communication entraîneur-joueurs, qu’elle soit verbale ou non, fait partie des petits détails qui peuvent faire la différence.

Causerie, un livre à retrouver sur https://www.marabout.com/les-causeries-9782501137690