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« Je n’ai aucune admiration pour les agissements des hooligans », se défend Vivien Couzelas, auteur de Dans la tête d’un hooligan (Les éditions du volcan). Vous pouvez le croire mais, grâce au témoignage de son hooligan anonyme et les différentes expertises recueillies, il livre ainsi « un travail d’enquête » abouti qui permet de mieux comprendre hooliganisme.

Un seul témoignage anonyme suffit-il pour définir et commenter le hooliganisme ? Non pourrait-on objecter à première vue mais l’auteur, Vivien Couzelas, en convient d’ailleurs. Et s’il dispose d’un témoin anonyme (Théo) en guise de « fil rouge » pour éclairer et rendre concret le hooliganisme, il s’appuie aussi sur ses lectures et des avis d’experts, dont le chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme. Le rédacteur en chef de Panenka Magazine propose aussi une approche historique et mondiale, en s’intéressant notamment à la naissance du mouvement en Angleterre ou encore à l’exemple français du PSG.

Un peu comme le Fight club ou un duel au western : des règles tacites régissent la baston, souvent organisée d’ailleurs. Pourtant, on sent poindre une dose de « c’était mieux avant » comme en témoigne Théo : « Chez les anciens, y’a plus de respect. Chez la jeune génération, l’objectif est de faire le plus mal et de préférence le plus vite possible ».

Loin des clichés à propos de hordes barbares s’affrontant autour d’un match de football, ce livre est écrit de manière rigoureuse, pratiquement comme une étude scientifique visant à examiner l’origine d’une épidémie. Sans ennuyer pour autant. L’auteur ne recherche pas le sensationnalisme, mais il évoque « les moments chauds » vécus par son témoin. Vivien Couzelas fait de la pédagogie pour décrire cet univers. Il en ressort qu’on ne peut pas dresser de profil type du hooligan, y compris sur le plan sociologique, politique, idéologique ou religieux même si des mouvements d’extrême droite se font davantage remarquer. La vidéo-surveillance, les données informatiques, le traitement médiatique… le livre déborde ainsi sur tout ce qui concerne les amateurs de football.

https://www.youtube.com/watch?v=6dPJGlJbdao

Autre témoignage intéressant, celui d’un « officier de liaison » de Lausanne (Suisse) qui fait le lien entre supporters, club et police : « Je ne suis pas un agent de sécurité infltré. Le fait que je sois moi-même supporter me permet d’anticiper et de comprendre la réaction des groupes. Mon rôle est de relativiser certaines situations afin d’apaiser les tensions« . En France, c’est plutôt l’absence de dialogue qui domine, que ce soit avec les clubs, la fédération et la ligue de football.

Dans la tête d’un hooligan s’intéresse même à la sémantique en différenciant les notions d’ultra (supporter assidu qui suit son équipe partout, ne recherche pas la violence mais ne la rejette pas), de casual (aborde une tenue vestimentaire pour affronter une bande rivale), d’indépendant (non affilié à un groupe ultra) et enfin de hooligan (qui adopte un comportement violent dans le cadre du football). Pour eux, le supporter lambda se définit comme un consommateur, passif et docile.

Qu’en pense l’auteur au final ? « S’il paraît cohérent de voir les supporters aux comportements déviants se voir sanctionner, la question de savoir s’il est juste ou non d’interdire en prévention un groupe entier de déplacement pour un match mérite d’être posée« . On pourrait ajouter que s’interroger, c’est déjà y répondre.