AvideceWopyBalab

Depuis ce fameux 8 mars 2017, la Ligue des Champions nous a habitué aux remontadas, confrontations qui voient triompher l’équipe battue à l’aller au terme de scénarios souvent rocambolesques. Barcelone, Atlético, Ajax et bien sûr le PSG…

Nombreuses sont les armadas qui ont connu pareille déroute, se faisant rattraper de 2, 3 voire 4 buts au match retour. La question se fait alors plus insistante : comment expliquer ces retournements de situation improbables de la part d’équipes pourtant si préparées aux grands rendez-vous ? Dans le jeu, on voit bien que tout est possible pour à peu près n’importe qui en C1. L’aspect psychologique n’est pas à négliger, quand on connaît toute la pression que peuvent subir les 22 acteurs et l’importance de l’approche mentale des deux côtés, que ce soit pour « tuer le suspense » ou au contraire le maintenir. Liverpool et Tottenham ont ainsi profité de deux managers de génie, Jurgen Klopp et Mauricio Pochettino, qui ont su persuader leurs joueurs que l’exploit était possible. L’ambiance d’un stade, aussi, peut étouffer l’équipe visiteuse (Anfield vs Barça) mais aussi la galvaniser (Etihad Stadium vs Tottenham). Décrire ces rencontres sous les seul prisme du résultat serait au mieux une omission, au pire une erreur.

Les remontadas n’ont donc plus rien d’invraisemblable, et c’est une véritable mutation du foot européen à laquelle nous sommes en train d’assister. Pourtant, on aurait tort de sacrifier au scénario toute analyse formelle en se contentant de rester spectateurs face à la « beauté du football ». La véritable injustice serait d’oublier le contenu des matches, le jeu proposé par les deux équipes au profit du seul résultat. Après la défaite 3-0 au Camp Nou, Jurgen Klopp avait défrayé la chronique en évoquant un « super match », « le meilleur de la saison à l’extérieur en Ligue des Champions ». Aujourd’hui, qui pourrait le contredire ? On a tendance à dire que l’histoire retient seulement les vainqueurs. Eh bien, cette fois-ci, retenons les exploits de Ronaldo ou de Messi, la machine Manchester City, le jeu léché de l’Ajax Amsterdam. L’Ajax qui, sur l’ensemble de sa demi-finale, n’a été éliminé que l’espace de 2 minutes… les deux dernières.

La gloire des vainqueurs ne doit pas ternir le mérite des vaincus, parfois cruellement éliminés . Des perdants magnifiques qui auront su donner la réplique à leurs adversaires pour les 30 rencontres à élimination directe cette saison. C’est cela, plus que toutes les remontadas possibles et imaginables, qui doit nous revenir en mémoire quand on parlera de la Ligue des Champions 2018-2019.