AvideceWopyBalab

Pour un trentenaire, Diego Maradona est avant tout un mythe. Comme Cruyff ou Pelé, et contrairement à Zidane ou Ronaldo, notre génération ne l’a pas vu joué, si ce n’est via des résumés, des compilations, ou même des matchs entiers en replay pour les plus courageux. Sans contexte, cela ne nous donne qu’un aperçu, certes impressionnant, mais qui ne nous permet pas d’appréhender pleinement ce que représentait le meilleur joueur de l’histoire de Naples. Et pourtant, nous savons que sa dimension allait bien au-delà du sport. Pourquoi donc ?

Joueur génial, Maradona est parfois appelé « dieu« , et est plus représenté à Naples que le Christ, pourtant très présent. C’est assez contradictoire, car malgré tout le talent du monde dans ses pieds (particulièrement le gauche), l’Argentin était surtout apprécié parce qu’il était humain, avec tous les défauts, les excès et les contradictions que cela peut comporter. Rebelle anti-conformiste mais ami de certains puissants de ce monde, soliste incroyable mais capable de rendre tout un collectif meilleur, provocateur voire tricheur sur le terrain, vulgaire au micro : Maradona n’est pas le modèle que vous souhaitez donner à vos bambins. Sa disparition ne saurait idéaliser ce qu’il était : un grand enfant, même à 60 ans, comme s’il était resté le pibe de oro (le gamin en or). En dehors de son immense talent, le peuple l’a justement aimé (ou détesté) parce qu’il était imparfait, comme son propre reflet. Maradona a réussi à montrer qu’il pouvait être l’élu, tout en restant humainement aussi banal que votre oncle, votre collègue de bureau, ou n’importe lequel de vos amis. Et c’est toujours douloureux de voir un ami partir. A10s Diego.