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Depuis quelques semaines, les rumeurs d’un retour au premier plan de l’homme d’affaires italo-belge Luciano d’Onofrio défraie la chronique en Belgique et surtout chez les zèbres de Charleroi qui se demandent si le club à tout intérêt à confier les rênes du club à un personnage aussi sulfureux.

Les belges ont la mémoire courte. En 20 ans, Luciano a trempé dans la plupart des scandales sportifs francophones majeurs. Pour rappel, Luciano d’Onofrio a été au coeur de gros scandales financiers autour du sport et du football plus particulièrement. Depuis 1991 et ses débuts d’activités d’agent de joueurs (entre 1991 et 2004, il a été l’agent des plus grands joueurs de la planète : Zidane, Desailly, Deschamps, …), plusieurs irrégularités ont été condamnées par les différents tribunaux français ou belges :

  • 9 mois de prison avec sursis dans l’affaire OM/VA de 1993
  • 3 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris pour commissions occultes dans le dossier de la gestion du Paris Saint-Germain de 1986 à 1990
  • 50K€ d’amende pour son rôle d’intermédiaire dans la gestion des comptes des Girondins de Bordeaux en 1999
  • 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis et l’interdiction d’exercer une activité en relation avec le football en France durant 5 ans pour l’affaire des transferts de joueurs effectués à l’OM entre 1997 et 1999

En 1995, Luciano d’Onofrio a aussi participé à la descente du Sporting Club Toulon Var. Lors de son réquisitoire, le procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence qualifiera Lucien D’Onofrio de « spécialiste de fourniture en fausses factures ». A l’époque, D’Onofrio fournit des faux en écriture à Courbis, alors entraîneur de Toulon, « pour détourner des fonds » du club et rémunérer des joueurs au noir, tout en prenant une petite commission au passage.

L. D’Onofrio se loue sa propre maison via deux offshores qu’il contrôle

A l’été 2011 et alors qu’il était vice-président du Standard de Liège, l’homme a été inculpé pour faux, usage de faux et blanchiment d’argent via trois de ses entreprises, Kick International Agency, International Agency for Marketing (IAM) et Alalunga Anstalt, implantées dans différents paradis fiscaux et possédées avec son associé Maurizio Delmenico. Il aurait ainsi injecté de l’argent noir dans le sauvetage du club liégois à la fin des années 90 et rechigné à payer certaines taxes au fisc belge. Le procès aura lieu en 2013. Pour sauver le club, il avait demandé à son ami Robert Louis-Dreyfus de participer au sauvetage. 36M€ y seront investis. Jusqu’en 2004 et sa nomination au poste de vice-président, Luciano d’Onofrio n’apparaissait dans aucun organigramme du club mais son impact était réel et tout le monde au club savait qu’il en tirait les ficelles. D’après son ami Tomislav Ivic, « D’Onofrio a divisé le Standard en deux : l’administratif et le sportif » (Foot Magazine, février 2000).

Alors en pleine tempête judiciaire, Luciano d’Onofrio persiste dans le football et la manne financière qu’il représente. Etant particulièrement déconseillé à tous les étages de la première division, il participe au rachat de l’AS Eupen (seconde division) en février 2012 contre 1M€. A la fin de la saison, le club rate de peu la montée dans l’élite. Le challenge sportif mais surtout les retombées financières moindres, le poussent à fuire le club et à s’intéresser à un plus gros poisson. L’AS Eupen, fraîchement abandonné, se tourne désormais vers de nouveaux investisseurs dont un allemand, Andreas Bleicher, à l’origine du Qatar Foundation très esthétique sur le maillot du Barça, et Bartolomé Marquez, ancien joueur de l’Espanyol Barcelone.

Pour Luciano, cela tombe bien : le Sporting Charleroi va retrouver l’élite et le club est à vendre ! Le potentiel populaire du club est similaire à celui du Standard duquel il est parti quelques mois auparavant. Le sacrifice financier est conséquent. Il faut éponger des dettes qui s’élèvent à plus de 7M€. Luciano d’Onofrio est proche de son président actuel, le fantasque Abbas Bayat qui cherche à vendre son club depuis de longs mois.  “Je ne veux pas parler de Charleroi ni d’ailleurs de rien d’autre du tout pour le moment. Ne le prenez pas mal car c’est valable pour tout le monde ! Quant aux rumeurs, ce n’est pas moi qui les fais…” a déclaré Luciano en fin de semaine dernière. D’après ces dernières rumeurs justement, le rachat serait en passe de se faire. Les supporters des « Zèbres » de Charleroi attendent même une conférence de Presse qui serait imminente. Si cela se précise, la valse des entraineur devrait commencer. Sergio Conceiçao, ancien adjoint du Standard Liège, est pressenti, ayant diné avec Bayat et d’Onofrio il y a peu. L’interessé dément.

Reste à savoir si Luciano d’Onofrio mettra enfin en avant l’amour d’un maillot, d’un sport ou de garder sa ligne directrice égoïste et intéressée. Un exemple ? Luciano D’Onofrio se loue sa propre maison via deux offshores qu’il contrôle.

Un réseau tentaculaire

Ce qui impressionne dans la personnalité de Luciano, c’est le réseau qu’il a pu bâtir grâce à son activité d’agent ou de vice-président et sa maîtrise parfaite de plus de 5 langues. Il avait des contacts dans la plupart des clubs influents en Europe et avouait volontiers ne pas avoir besoin d’aller chercher plus loin. “J’ai été l’un des premiers à verser la caution de 5 millions exigée par la Fifa pour la reconnaissance de la fonction. Une fois obtenue la licence, le manager se débrouille comme il l’entend. La Fifa n’a prévu aucun barème. Les honoraires officiels n’existent pas. Tantôt, les agents perçoivent des commissions des joueurs, tantôt ils sont indemnisés de leur travail par les clubs. Chaque transaction est différente”, explique-t-il le 29 mai 1997 au journal Le Soir. “Jamais aucun club ne m’a reproché de l’avoir trompé sur la valeur d’une recrue. Chez moi, il n’y a que du bon. Je préfère la qualité à la quantité. (…) Je limite mon marché à l’Europe. Et aux footballeurs confirmés. Pas question, pour moi, d’aller fouiner en Afrique, de parcourir l’Amérique du Sud ou de suivre les équipes de jeunes. J’ai suffisamment de travail comme ça même si, en Belgique, la source est en train de se tarir. Mais, fort heureusement pour moi, la France et l’Italie sont à ma porte. Et là, l’argent afflue encore dans le foot à jets continus ! “.

Ses coups d’éclat, il le doit d’abord à un porte-feuilles de joueurs impresionnant qui lui servent à se créer un nom dans un milieu aussi hermétique qu’une défense de Chelsea au Camp Nou : Alen Boksic, Victor Baia, Victor Ikpeba, Marcel Desailly, Didier Deschamps, Zinedine Zidane, Michel Preud’homme, Bertrand Crasson, Filip De Wilde, Michäel Goossens, Emile M’Penza… Il est à l’origine du transfert de Cristiano Ronaldo à Manchester United.

En tant que dirigeant, les résultats sont clairement moins roses. En dix ans de dictature au Standard, Luciano d’Onofrio a rapporté deux championnats, une Coupe et une Supercoupe de Belgique. Le club ne parvient pas à contrer l’imposant concurrent que représente Anderlecht ni à se démarquer dans une compétition continentale. Si on cumule ses réussites niveau transferts, à savoir ceux de niveau international et les bonnes suprises, on obtient le chiffre de 36 réussites (sur 156 transferts). Soit un pourcentage de 23 %, même pas un transfert sur quatre !

Luciano d'Onofrio à Charleroi : est-ce bon pour le football belge ?

Cet homme est louche

Le nom de « D’Onofrio » vous dit quelque chose ? Son frère Dominique est le directeur sportif du FC Metz. En 2011, alors en difficulté avec la justice belge, les rumeurs disaient Luciano sur le point de racheter le club lorrain du frérot mais aussi Anderlecht, ennemi juré du Standard Liège.

Sources : Walfoot.be, RTBL.be, Levif.be, Mediattitudes.info