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En attendant de voir si Canet, Alès, Ajaccio ou le Club Franciscain pour ne citer qu’eux pourront faire tomber des clubs de l’élite, entretien avec Romaric Koui, préparateur physique, sur l’aventure de la Coupe dans la peau du petit poucet.

La Coupe de France a fait son retour, avec un format particulier. Pour compenser (un peu) l’arrêt des compétitions et entraînements des amateurs, la FFF a établi un format retardant les rencontres entre amateurs et professionnels. Ce n’est qu’à partir des 16e de finale que les clubs qualifiés (15 de Ligue 1 et Ligue 2, 17 issus de la voie « Autres Clubs »)  pourront se rencontrer. Et nous offrir des affiches qui font la beauté de la Coupe.

Passage de la passion à la professionnalisation

Piqué par le sport depuis petit, de foot en particulier, Romaric a toujours voulu en faire son métier. Son projet se précise au fil des ans et la vocation de préparateur physique arrive à la fac. « La possibilité de développer le potentiel, les performances et les qualités des joueurs me plaisait. » Après une licence en STAPS spécialité entrainement, il se dirige vers un Master Préparation physique, mentale et réathlétisation à Lyon. Diplôme en poche, Romaric a les clefs pour concrétiser son rêve d’enfant.

Son quotidien s’organise autour du ballon rond. La forme des joueurs, la préparation d’avant-saison, la gestion des blessures ou les échauffements sont le cœur du métier. Même si « au niveau amateur on n’est pas à temps plein, donc on travaille à côté », ça ne veut pourtant pas dire que les entraînements le soir et le match du week-end représentent tout son travail. « On peut être pas mal sollicités. La disponibilité est un facteur important car on conseille les joueurs, on apporte notre point de vue sur les matchs, on échange beaucoup, on gère les petits pépins, les aléas des entraînements… ». Et le métier a d’autres facettes. « On est au service d’un club, d’un projet. Il faut savoir trouver sa place, en respectant le rôle et la personnalité de chacun. »

« Dans ce métier, il y a une partie de gestion humaine qui est importante. »

 

Rencontre avec l’ogre parisien

La vie du championnat amateur est parfois un peu bousculé par la Coupe de France. Chaque édition comporte son lot de petits poucets prêt à bousculer les professionnels pour le plus grand bonheur de leur région. Par deux fois, Romaric a eu la chance d’endosser ce rôle. D’abord en 2012, sur le banc de la St Colomban Locminé, puis en 2019 avec la GSI Pontivy. Deux fois en 32e de finale. Deux fois contre le PSG.

« À chaque tirage j’étais chez moi tranquillement et je n’y pensais pas trop. Je me rappelle la première fois, je vois une notification d’un joueur qui disait qu’on avait tiré le PSG. J’ai eu du mal à y croire, je ne comprenais pas encore tout ce que ça engendrait. C’était ma première année en tant que préparateur physique d’une équipe sénior, j’étais encore à la fac. »

Pour préparer la rencontre, « on coupe beaucoup moins pendant les fêtes, pour pouvoir faire un maximum d’entraînements ». Délocalisés au Stade du Moustoir (Yves Allainmat) de Lorient, les entraînements dans un stade de ce type « sont des moments vraiment enrichissants pour l’ensemble du groupe ». Pour préparer mentalement ses joueurs, « on essaye simplement de les booster, qu’ils en profitent, car ça n’arrivera pas tous les ans. On essaye de rassurer les plus jeunes. Il faut trouver les bons mots pour chacun, donc bien connaître ses joueurs. C’est un travail qui se fait aussi en amont. »

« On a profité de ces moments et temps passés ensemble pour essayer de resserrer les liens entre les joueurs. »

 

Préparation physique et euphorie de la Coupe

Un des autres aspects de ce type de match, c’est bien évidemment l’écart physique entre un groupe amateur et professionnel. « C’est la question qu’on se pose en premier. Est-ce que ça va le faire, est-ce que j’aurai assez de temps pour les préparer au mieux ? ». Ce travail est facilité par l’enjeu du match, son côté exceptionnel. « Dans ces moments, les joueurs sont très réceptifs et veulent bien faire, car tout le monde veut participer à ce type de rencontre, être dans le groupe. Alors on les fait bosser, tout en faisant attention à ne pas les surcharger ».

Plus le match approche et plus l’émulsion est forte. La Coupe de France, « c’est fantastique ce que ca peut créer comme ambiance et atmosphère dans une ville ! ». Et ça se retranscrit aussi dans le stade. « C’est bruyant ! D’habitude, je fais mon échauffement à la voix, je donne mes consignes, j’encourage, mais l’ambiance est telle que les joueurs ne peuvent pas m’entendre ! Ça m’a vraiment surpris sur le moment. Avec Locminé, je pense que cette ambiance a vraiment poussé les joueurs à se surpasser. On sentait les supporters vraiment présents avec nous. »

« Cette sensation d’euphorie et d’excitation collective, c’est des moments vraiment inoubliables ! »

 

Qualifications manquées, mais souvenirs gravés

Si le PSG a réussi à passer par deux fois, le rapport de force n’a pas été évident. Pour la première d’Ancelotti sur le banc parisien en 2012, il a fallu une tête de Lugano à la 93′ pour venir à bout des Locminois, alors en CFA 2. Une victoire 2-1 pour l’équipe de la capitale qui aura tremblé face à des Morbihannais plus que méritants. « Je me souviendrais de l’ambiance du match. C’était vraiment intense et tendu. »

Le tableau d’affichage est plus cruel en 2019 puisque la National 3 s’incline 4-0. Pourtant, comme la St-Colomban, les Pontivyens n’ont pas démérité. L’équipe de 23 ans de moyenne d’âge a fait changer à Tuchel sa disposition tactique en cours de match. 92 minutes dont les Pontivyens, selon l’aveu de l’Équipe, ont pu sortir la tête haute. Et pleine de souvenirs. « Quand tu rencontres des joueurs comme Neymar, Mbappé, Draxler, etc, c’est un autre monde ».

Aujourd’hui un peu éloigné des terrains après la naissance de son deuxième enfant et la pandémie qui a eu un impact lourd sur le foot amateur, Romaric dispense des séances individualisées pour footbreizhacademie. Une structure de formation pour les jeunes joueurs, encadrée par des formateurs professionnels diplômés par l’UEFA. En attendant de pouvoir retrouver un club la saison prochaine.