AvideceWopyBalab

Le mois de décembre arrive enfin et il est temps pour nous de vous gâter en vous laissant ouvrir les cases de notre calendrier PKFoot. A chaque date, un nouveau souvenir, un retour en arrière sur la dernière décennie.

Le match qui n’aurait pas se jouer. Alors que toutes les conditions semblaient réunies pour assister à un grand match de football, la rencontre entre le BVB et l’AS Monaco a pris une toute autre tournure. La faute à une véritable tragédie qui a secoué le peuple Jaune et Noir, quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre.

Sur les lieux du drame. Photo by Maja Hitij/Getty Images.

Une affiche alléchante

Malgré un Juve-Barça ou encore un Bayern-Real au programme, nombreux étaient les supporters et les amoureux de ballon rond à attendre le quart de finale de Champions League entre Dortmund et Monaco. Et pour cause.

Véritable « bonbon footballistique » de la saison dans l’Hexagone, l’AS Monaco séduit par son enthousiasme, son insouciance et sa vista. Le cocktail monégasque composé de jeunes talents – Kylian Mbappé, Thomas Lemar, Bernardo Silva, Fabinho, Benjamin Mendy ou encore Tiémoué Bakayoko – et de joueurs d’expérience – Kamil Glik, Danijel Subasic, Joao Moutinho, est le mélange parfait pour passer un bon moment de football. A chacune de ses sorties, l’équipe de Leonardo Jardim fait forte impression. Et dans toutes les compétitions. En huitièmes de finale de C1, les Monégasques marquent les esprits en sortant les Citizens de Pep Guardiola. En Ligue 1 Canapé, l’ASM tient la dragée haute au PSG et se rapproche chaque week-end d’un huitième sacre national.

Du côté du BVB, la donne est légèrement différente. Si le club de la Ruhr montre des choses intéressantes sur la scène européenne – les Borussen terminent premiers de leur groupe avec 14 points, 21 buts marqués et des cartons « à gogo », il est très irrégulier en championnat. Tantôt séduisant, tantôt décevant, le Borussia de Thomas Tuchel roule sur courant alternatif. Capables du meilleur comme du pire, les coéquipiers d’Ousmane Dembélé proposent néanmoins un jeu léché, « modulable » et résolument offensif. De quoi offrir une opposition animée avec le club de la Principauté que beaucoup attendent. Une attente qui a vite laissé place à l’inquiétude et l’effroi.

19 h 15, le drame

Il est environ 19 h 15 au moment du drame. Alors que certains supporters monégasques commencent à remplir le parcage visiteur du Signal-Iduna-Park, le bus des joueurs du Borussia est attaqué sur la route du stade. Trois charges d’explosifs détonnent. Marc Bartra, le défenseur espagnol des Marsupiaux, et un policier en charge d’escorter le bus sont touchés. La peur envahit les joueurs et le staff.

Lorsque les fans du BVB prennent connaissance du drame, l’inquiétude et la surprise les envahit. Avant qu’ils n’entonnent des chants pour soutenir leurs protégés, accompagnés par les milliers de Monégasques à avoir fait le déplacement.

Quelques minutes après le drame, le speaker du Borussia, Norbert Dickel, annonce le report du match par l’UEFA au lendemain, à 18h45. La solidarité entre les fans des deux clubs s’organise alors. Les supporters du Borussia lancent le hashtag #bedforawayfans pour accueillir leurs homologues du Rocher, nombre d’entre eux n’ayant pas prévu de passer la nuit à Dortmund avant de regagner l’Hexagone. Solidarität.

« La canette de bière contre le bus »

Remis au lendemain, la rencontre se joue dans un climat lourd et pesant. Si l’ASM fait un grand pas vers le dernier carré de la C1 en s’imposant au Westfalenstadion (3-2), les pensées sont ailleurs côté BVB.

« Ignorés » selon les mots de Thomas Tuchel, les joueurs du BVB n’étaient pas prêts à jouer ce match. Un mois après le drame, Ousmane Dembélé avait déclaré qu’ « aucun des joueurs n’était capable de disputer [la] rencontre. » Sous la pression de l’UEFA, le Borussia avait donc joué la rencontre, le cœur lourd. En colère même.

« Après l’attaque, nous aurions aimé avoir plus de temps pour digérer tout ça. Et on ne nous a pas laissé de temps. On nous a dit: “demain, vous devez jouer”. Nous nous sommes sentis ignorés. On ne nous a pas demandé notre avis, ils ont décidé ça à l’UEFA, à Suisse. Quelques minutes après l’attaque, on nous a dit par texto qu’on devrait jouer, comme si on nous avait envoyé une canette de bière contre le bus. », Thomas Tuchel en conférence de presse.

Un match où le football champagne a été troqué pour un traumatisme indélébile, un match qui n’aurait pas dû se jouer. Du moins, pas aussi vite.