AvideceWopyBalab

Le mois de décembre arrive enfin et il est temps pour nous de vous gâter en vous laissant ouvrir les cases de notre calendrier PKFoot. A chaque date, un nouveau souvenir, un retour en arrière sur la dernière décennie.

« Un canto al fútbol » – une ode au football. C’est par ces mots que Pep Guardiola a résumé la rencontre entre l’Athletic Bilbao et le FC Barcelone. Une véritable symphonie footballistique qui résonne encore aujourd’hui.

Bielsa et Guardiola, deux poètes du jeu.

Ce dimanche 6 novembre 2011 restera sans doute, comme l’un des plus beaux matchs de football de la décennie. Il est un peu plus de 22 h, heure basque, lorsque la partition s’achève à San Mamés. En clôture de la douzième journée de Liga 2011-2012, Barcelonais et Bilbayens viennent de se livrer une rencontre épique, d’une rare intensité, presque romanesque. Une véritable déclaration d’amour au jeu entre deux clubs, qui ne s’apprécient guère de part leur rivalité régionale, et orchestrée par deux maestros, Marcelo Bielsa et Pep Guardiola.

Bielsa contre Guardiola; le maître contre l’élève, le jeu contre le jeu

Marcelo Bielsa et Pep Guardiola ne sont pas LES poètes du jeu comme le titre peut le laisser entendre. Néanmoins, leur empreinte est telle sur le ballon rond qu’ils font partie de « la Pléiade des entraîneurs », la crème de la crème. Nombreux sont les spectateurs et les suiveurs à adouber les deux techniciens pour l’esthétique de leur projet foot, les émotions transmises et leur caractère révolutionnaire. À raison. Depuis ses débuts en tant qu’entraîneur des Blaugranas, Pep Guardiola a souvent vendu les mérites et les principes d’El Loco, « l’une de ses sources d’inspiration », qu’il avait rencontré en Argentine en octobre 2006. Le premier rendez-vous sur le pré entre les deux tacticiens était donc très attendu. Et pas seulement de l’autre côté des Pyrénées.

Si cet Athletic-Barça est resté dans les mémoires de nombreux amoureux du jeu, c’est en grande partie grâce au script rédigé par Bielsa et Guardiola. Sans toutefois occulter la prestation des joueurs qui ont participé à la fête.

Cesc Fabregas au duel avec Ander Iturraspe. Photo by David Ramos/Getty Images.

Deuxièmes au coup d’envoi, les Catalans doivent impérativement l’emporter pour ne pas laisser filer les Merengue. Du côté de Bilbao, la donne est quelque peu différente. Bielsa n’est là que depuis quelques semaines, le début de championnat a été laborieux, mais les Basques intègrent petit à petit la philosophie de l’Argentin. Et les derniers résultats le reflètent – série de six matchs sans défaite avant le coup d’envoi.

« Un monument [de football] » (Marca), « une symphonie » (El País)

Copyright / zonalmarking.net.

Et la rencontre fut, comme prévue, un splendide hommage au football. Dès les premières minutes, et dans une ambiance de feu, les Basques et les Catalans impriment une intensité comme rarement. Les circuits de passes et la verticalité du jeu donnés par les vingt-deux acteurs donnent naissance à une splendide partition footballistique. L’Athletic fait jeu égal avec le champion d’Europe en titre, qui déjoue plusieurs fois par séquences. Les hommes de Bielsa vont même être récompensés de leur entame par l’intermédiaire d’Ander Herrera, à la vingtième. San Mamés, déjà bouillant, s’embrase. Ce but n’a rien d’anodin puisqu’il a mis un terme à la série d’invincibilité de Victor Valdes – 897 minutes sans aller chercher le ballon dans ses filets tout de même. Un record dans l’Histoire du Barça cependant. Fabregas répondra à Herrera, quelques minutes plus tard.

On pouvait craindre un essoufflement des joueurs et une qualité détériorée par le déluge pour la deuxième mi-temps. Que nenni. Elle fut une copie quasi-conforme du premier acte. Toujours avec son lot de surprises, toujours avec la même intensité, toujours avec la même justesse technique et le même esthétisme, la rencontre suit le script qui lui est destiné. Piqué se loupe et redonne l’avantage à l’Athletic à une demie-heure de la fin. En fin de rencontre, Fernando Amorebieta, le central basque, marque à son tour la rencontre de son empreinte en devenant le joueur le plus exclu de l’Histoire de l’Athletic Bilbao avec son carton rouge. Tout y est.

Alors que Bilbao pense décrocher un succès de prestige, un joueur va faire déchanter le peuple Basque. Et comme souvent, le bourreau s’appelle Leo. À la 91e, La Pulga sort de sa boîte pour offrir le point du nul aux Catalans. 2-2, score final. Le bal des artistes est fini. Si l’issue est quelque peu amère pour Marcelo Bielsa, l’Argentin a apprécié ce qu’il a vu:

« C’est difficile parce que nous étions si près de gagner, mais c’était charmant. J’ai vraiment apprécié les batailles sur tout le terrain. » Marcelo Bielsa

Même son de cloche chez Pep Guardiola.

« Aujourd’hui plus que jamais, je suis fier de mon équipe : comment pourrions-nous être autrement que ravis de voir ce que les 22 joueurs ont produit ce soir ? Tout le monde a apprécié ce merveilleux jeu grâce à ces très bons joueurs. C’était une ode au football. »

Ce Bilbao-Barça 2011 est un bijou, un match que l’on ne se lasse pas de revoir. Le symbole de l’influence et de la domination du football espagnol du début des années 2010 sur la scène européenne.

Pour plus d’informations sur les tactiques des deux poètes lors de la rencontre, le travail de Zonal-Marking.net, entre autres, est très intéressant.