AvideceWopyBalab

Dans un de ses récents articles, le très sérieux The Economist nous explique que le football masculin en Chine est une « honte nationale ». Classée 88ème au classement FIFA, derrière l’Estonie, dont la population tiendrait dans un petit quartier de Beijing, la Chine n’a pas trouvé la recette. Et pourtant, après 4 mois d’échange à Zhuhai, dans le sud du pays, je peux l’affirmer : les chinois aiment le football. Mais pas le leur. Petit retour sur 4 mois d’immersion footballistique dans le pays des noodles et du tai-chi.

1er mois : septembre 2014

J’arrive dans ma nouvelle université. Et comme pour chaque rentrée, il est l’heure de trouver de futurs équipiers pour pouvoir jouer. Je rencontre mes premières difficultés quand j’essaye de rentrer en contact avec le responsable foot de ma fac. Personne n’a l’air de le connaître, le bougre ! Ma chasse à l’homme se termine bien, et je participe à mon premier match d’accueil à … 6h du matin. Ni trop chaud, ni trop froid.

Premier constat : en matière de mode de vie, les jeunes chinois plagient les tendances américaines plutôt qu’européennes. L’équipe de basket de l’université jouit d’une très grande notoriété, quand ceux du foot jouent leurS matchS dans un relatif anonymat. Mêmes dans les rues chinoises, le basket est plus pratiqué. Au dernier recensement, c’est 250 millions de pratiquants pour le basket contre 26 millions pour le football (source FIFA & FIBA). Merci Yao Ming !

2e mois : octobre 2014

J’assiste à mon premier (et dernier) match de Super League. Avant- dernière journée de championnat, Guangzhou Evergrande, 1er du championnat et triple champion en titre reçoit Beijing Guoan, second. Placé dans les gradins « ultras » d’Evergrande, le spectacle est assez bon. Guangzhou, coaché par Marcello Lippi et emmené par Gilardino, sera sacré champion en cas de victoire. Pas de bol, 1-1 au score final. Il faudra attendre la semaine d’après pour voir le club remporter son 4ème titre en 4 ans de présence en première division.

En terme d’identité de jeu, je ne parviens pas à discerner un style différent du football européen. En même temps, quand on voit les noms des entraineurs des équipes de Super League et de l’équipe nationale, on ne voit rien de très chinois : Marcello Lippi (Guangzhou), Gregorio Manzano (Beijing), Alain Perrin (Chine depuis février dernier).

3e mois : novembre 2014

Début du championnat inter-facultés. Je constate que les Chinois regardent et parlent énormément du football européen. Le décalage horaire (7h par rapport à Greenwich) ne les dérange pas plus que ça. Inter de Milan, Manchester United, AS Roma et Liverpool… Ils se lèvent chaque week-end en pleine nuit pour regarder les matchs sur internet. Dans le même temps, ils me parlent du manque d’installation et d’infrastructures pour pratiquer leur sport favori.

Un de mes amis footeux m’a même demandé s’il était vrai qu’en France (et en Europe), on trouvait un terrain de foot par ville… Ici, sur le campus, on trouve 2 terrains multisports pour 20.000 étudiants. Dans les villes, c’est 5 terrains pour des populations de 3,5 millions d’habitants. En même temps, quand on sait que l’actuel président de la fédé chinoise est une ancienne star de ping-pong, et qu’avant lui c’était un volleyeur, on situe encore mieux la culture foot de ce pays.

4e mois : décembre 2014

Se qualifier pour une prochaine Coupe du Monde, en organiser une et devenir champions du monde.

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Fin du championnat inter-facultés, mon équipe remporte la finale 7-2. Avec maîtrise. Sinon toujours selon The Economist, l’actuel président chinois Xi Jinping est un fan de foot depuis son enfance. En 2011, alors qu’il n’était encore que vice-Président, il aurait formulé 3 vœux pour le football chinois : se qualifier pour une prochaine Coupe du Monde, en organiser une et devenir champions du monde. Mais, avant d’organiser une Coupe du Monde, les chinois veulent se doter d’une équipe qui ne leur fera plus honte. D’ici 2017, des terrains de foot seront construits dans 20 000 écoles à travers le pays pour former 100 000 nouveaux joueurs. L’ambition est réelle et bien présente, mais suffira-t-elle à transformer la Chine en nation du football ?

En tout cas, pendant encore quelques années la Chine va ramer. Entre les dunks, les lifts et les manchettes, la frappe croisée du droit cherche encore sa place. Car pour l’instant le football est en sommeil dans l’Empire du Milieu mais nul doute que « lorsque la Chine s ‘éveillera, le monde entier tremblera ». À commencer par l’Estonie.