AvideceWopyBalab

Depuis plusieurs années, le profil du supporter ne cesse de changer. Avec la légalisation des paris en ligne ou encore les adeptes de plus en plus nombreux de Football Manager, on remarque un intérêt grandissant autour de la tactique, mais aussi des statistiques des matchs. L’accès à l’information étant désormais plus facile, grâce notamment à des sites comme Opta, Squawka ou Transfermarkt, la culture footballistique du public augmente sensiblement, causant d’ailleurs toujours plus de critiques sur les actions réelles des coachs, en particulier sur les réseaux sociaux.

Chacun y va de sa petite analyse pour proposer une alternative, pour « refaire le match » comme le disait si bien Eugène Saccomano. Mais les statistiques, bien que cela ne soit pas montré, sont aussi utilisées de façon très poussée par les clubs afin d’optimiser les performances et les investissements. Cependant, peut-être pas autant qu’ils le pourraient puisque les managers ne font pas confiance aux chiffres. En effet, le New York Times a déclaré en 2010 que le football (ou le soccer) était le sport le moins statistique de tous les sports majeurs. Mais pas pour tout le monde.

Le prodigieux Matthew Benham

Avez-vous vu le film « Le Stratège » (Moneyball en VO) avec Brad Pitt ? L’histoire vraie d’un entraîneur de baseball qui révolutionne le jeu en montant une équipe avec des joueurs sans contrats après avoir étudié leurs statistiques. Les stats font intégralement parties de la culture américaine. Player Efficiency Rating, evaluation, runs by innings … Autant de termes qui nous sont inconnus et qui, pourtant, sont exhibés sur les écrans de l’Oncle Sam dans les différents sports proposés. Et bien on y arrive doucement dans le football. Et si des outils tels que Prozone sont utilisés par les clubs professionnels de football pour analyser leurs performances, ce n’est pas un hasard.

Un des exemples les plus représentatifs est celui de Matthew Benham, propriétaire du Brentford FC à Londres et du FC Midtjylland au Danemark. En février dernier, après avoir été promu et être classé 5ème de Championship (2ème div.), le manager, son assistant et le directeur sportif sont licenciés ! Pourquoi faire une chose pareille dans une situation si favorable ? Selon le propriétaire, l’analyse de ses données n’étaient pas en faveur du staff. Car voyez-vous, Benham a fait fortune dans les paris sportifs. C’est grâce à ces revenus qu’il a pu se permettre d’acheter ses deux clubs. Et il ne croit pas au classement comme on le connait.

Comment les stats ont révolutionné le football ?

Matthew Benham

Il pense que le classement (et autres résultats) ne sont pas assez précis, ils sont biaisés car liés en partie au hasard. C’est cette variable qu’il tente de minimiser le plus possible afin d’évaluer la force de son équipe.

Le meilleur exemple, c’est Dortmund. L’an dernier à la mi-saison, ils sont en bas du classement. Pourtant, on savait que c’était la deuxième meilleure équipe du championnat. Ils étaient juste extrêmement malchanceux !

Le modèle mathématique de Benham montrait que Brentford était en fait la 11ème équipe du championnat. A la fin du championnat, le club finit 5ème et était alors classée 5ème meilleure équipe selon son propriétaire. La Premier League leur échappa en playoffs et le club est à l’heure actuelle à la 17ème place.

Le copier-coller danois

Le deuxième club de Benham a fait encore mieux. Le FC Midtjylland est devenu champion de Danemark l’an dernier, se qualifiant ainsi pour le tour préliminaire de la prestigieuse Ligue des Champions, compétition qu’ils ne joueront pas après leur élimination face à l’APOEL Nicosie mais le club se consolera avec l’Europa League en éliminant Southampton. C’est le premier titre de l’histoire du club et encore une fois, son système n’y est pas étranger. Exemple avec le recrutement:

Nous avons identifié la saison dernière que le club de Fürth était classé beaucoup plus haut dans notre évaluation que dans le classement de la Bundesliga, alors on a regardé l’effectif en fonction du nombre d’apparition. En haut de la liste, il y avait Tim Sparv.

Le milieu défensif finlandais a donc été acheté un peu plus de 400 000€ et a récemment porté le brassard de capitaine en équipe nationale.

De même, l’analyse des faiblesses passe également par cette matrice mathématique. A l’arrivée du propriétaire, il a déterminé que les coups de pieds arrêtés étaient de mauvaise qualité. Il a alors révolutionné les entraînements en faisant venir des spécialistes au sein du staff et en organisant des réunions mensuelles entre lui, le staff et les joueurs concernés. Résultat : le club a maintenant le plus fort taux de réussite sur coups de pieds arrêtés en Europe. Presque 1 but par match.

Finalement, il suffirait que l’un de ces deux clubs crée l’exploit pour que d’autres s’en inspirent. Car c’est l’évolution naturelle du sport, n’en déplaise aux sentimentaux. Le rendement et la performance prendront le pas sur les sentiments et l’intuition. Et cela arrive bien plus vite qu’on ne le pense.

Pour plus de détails, vous pouvez regarder ce court métrage qui vous présente les clubs et leurs protagonistes.