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En général plutôt rare dans les médias, David Trezeguet a décidé de se confier comme jamais dans son livre Bleu Ciel, disponible aux éditions Hugo Sport. L’ancien goleador revient en tout simplicité sur son enfance en Argentine, ses glorieuses années en club et en Équipe de France, son amour pour River Plate ou encore son amitié avec Thierry Henry. Nous sommes allés à la rencontre du Roi David pour discuter de cet incroyable parcours.

David, vous êtes arrivé en France après seulement 5 matchs joués en Argentine. Vous passez un essai avec le Paris-St-Germain qui ne se passe pas très bien …

Non ça s’est très bien passé. Après, à cette époque, Denisot a décidé de ne pas signer un contrat très simple. Moi je voulais ramener ma famille. Le contrat c’était 15 000 francs et ils n’ont pas été d’accord. Dommage. Je voulais à tout prix mettre le maillot de Paris durant cette belle époque.

Vous doutez un peu à ce moment là ou pas du tout ?

Non. Et mon départ du pays a été dans l’idée de partir sans trop réfléchir et en oubliant aussi que j’avais une vie très simple. Mon père travaillait, ma mère aussi, ma soeur à l’école … On était dans une situation économique stable. Cette idée de partir c’était fort, mais sans jamais réfléchir à l’échec. Et ça a payé. Je me suis jamais posé la question « ok ça va, mais si ça va pas alors quoi? ». Ça a été une folie quand on y réfléchi un peu plus, mais ça a été exceptionnel.

Au début du livre, vous parlez beaucoup de votre enfance en Argentine. Quelle influence ça a eu sur votre carrière ?

Quand j’avais 8 ans, cette idée du pays de Platini, Tigana, Fernandez et le maillot bleu a toujours été dans ma tête. Après, mes idoles c’était Maradona, Batistuta, Crespo et pas mal de joueurs. Plus le temps passait et plus je sentais le besoin de venir en France et connaître un pays que je voulais connaître à tout prix. Ça a été fort. D’être avec mes potes, ma famille et d’un coup passer à Monaco, le côté professionnel, l’humilité, le côté « envie » du haut niveau, ça m’a aidé dans le sens où je voulais être un attaquant fort, un attaquant connu. Je pense que ce mélange de mentalités a fait que je suis devenu fort dans ma tête et je me suis fait adopter par un pays, par mes coéquipiers et la suite a donné un très beau parcours.

Pourquoi avoir choisi l’Équipe de France ?

Je suis arrivé très vite au centre de formation à Monaco, jusqu’à 17 ans où à cette époque mon ami Titi vient me voir et me dit : « Écoute, moi je suis avec les U17. Christian Damiano et Gerard Houiller veulent te convoquer pour deux matchs ». Et sans trop réfléchir j’y suis allé et ça a été un parcours exceptionnel.

Les U17 argentins vous avaient contacté ?

Non pas encore. Après, le parcours à Monaco a construit une image mais bon.

Vous parlez beaucoup de votre ami Thierry Henry, vous aviez une entente incroyable sur le terrain, que ce soit à Monaco ou en Équipe de France. Comment elle s’est construite cette relation ?

Au début c’était à Monaco. Pour moi, c’était très difficile déjà par rapport à la langue et lui il s’est beaucoup rapproché de moi, il me donnait des conseils pour être professionnel, par rapport à l’AS Monaco, par rapport à mes coéquipiers … Ça m’a beaucoup aidé qu’il soit à Monaco à cette époque et en équipe nationale. Après chacun a fait son parcours mais moi de mon côté j’ai jamais oublié qu’il a été très proche de moi, qu’il m’a beaucoup tendu la main donc à partir de là … On a une forte amitié encore, on se voit de temps en temps, on s’appelle souvent et ça a été un exemple pour moi.

Vous travailliez sur le terrain l’un pour l’autre au final.

Beaucoup. Le foot c’était une passion. On s’entraînait le matin, parfois l’après-midi aussi mais quand on finissait, on restait et c’était centres, frappes … on voulait travailler et en même temps on s’amusait donc c’était pas un soucis. Et le travail paye.

Les supporters n’ont jamais oublié les choses qu’on a faite pour rester au club
David Trezeguet

Vous avez aussi vécu une période compliquée avec la Juve avec une relégation. Vous choisissez de rester pendant que d’autres cadres quittent le club. Comment ça se passe à ce moment là dans votre tête ?

C’était après 2006 donc pas évident dans ma situation de rester en Italie. Le club a décidé de laisser le choix à chacun d’entre nous s’il voulait continuer avec le club ou partir. Moi j’ai décidé de rester pour redonner quelque chose au club. Ça a été un parcours très difficile puisqu’on est parti avec -17 points, mais l’idée c’était de remonter tout de suite et on l’a fait. Le temps passe et là on est tous conscients que la Juventus est devenue de nouveau l’équipe à battre, avec beaucoup d’ambition, mais les supporters n’ont jamais oublié les choses qu’on a faites pour rester au club. Ça veut dire qu’il y a une humilité de notre part d’avoir reconnu tout ce que la Juventus nous avait donné et c’est pour ça qu’on voulait donner quelque chose au club.

Oui parce que malgré la descente, il y avait quand même une sacrée équipe: Buffon, Del Piero, vous même … Vous aviez quelle relation aussi avec ces stars ?

Très bonne, excellente. Mais, nous, a cette époque, on a connu les départs de Ibrahimovic/Vieira à l’Inter, Capello/Emerson/Cannavaro au Real et Zambrotta/Thuram à Barcelone. Ça veut dire qu’à cette époque on était forts puisqu’on a laissé partir ces joueurs dans des clubs de haut niveau, et après avec Gigi Buffon, Pavel Nedved, Alessandro Del Piero, Camoranesi et moi on a décidé de se mettre à la disposition du club. Et puis il y avait des joueurs qui sont maintenant dans l’équipe première, Chiellini, Marchisio, et autres Giovinco. On était conscients qu’on avait une bonne équipe mais ça a été un championnat difficile. On est passé de San Siro à jouer à Crotone, c’était pas évident mais on avait Didier Deschamps. Il a été très fort. Avec lui, c’était match gagné, match oublié. Ça a été un championnat long mais on a payé le prix et on est monté de suite.

Vous aviez un rôle de renard des surface, un rôle qui a un peu disparu aujourd’hui puisque les attaquants sont plus physiques. Certains le déplore. Qu’est ce que vous en pensez vous ?

Le jeu change et va beaucoup plus vite aujourd’hui. L’exemple c’est Barcelone. Une équipe unique avec une vitesse impressionnante et à partir de là on a cette image et on veut mettre en place des systèmes similaires. Là on oublie l’avant-centre, le numéro 10 … il faut s’adapter.

Lewandowski, c’est un peu le même type de joueur que vous.

Il est fort, il est très fort. Il est complet. Il va vite, pied gauche, pied droit … on va le retrouver d’ici une semaine (ndlr : Juve-Bayern en Champions League), ça va être difficile.

Vous avez un rôle de conseiller maintenant à la Juventus. Vous pouvez nous en parler un petit peu ?

Ça fait 10 mois à peu près, j’ai reçu un appel de Andrea Agnelli (ndlr : le Président du club) pour que je vienne travailler en Italie à la Juventus. Depuis 5 ans, le club a construit un stade, gagné des titres nationaux, des coupes, il est passé à un niveau exceptionnel en Italie … Mais là on est passé dans une autre étape, c’est à dire se développer dans tous les continents. Et à partir de là, il m’a donné le pouvoir de développer cette image Juventus dans chaque continent. Je travaille aussi beaucoup avec l’académie foot, les sponsors … La seule chose que j’ai demandé à Agnelli c’est d’associer beaucoup d’ex-joueurs, puisque cette image est forte et qui peut mieux raconter l’histoire d’un club que ses anciens joueurs ? Del Piero, Conte, Ravanelli, Vialli … des personnes très aimées dans la vie Juventina. Et là on commence à se développer pas mal. On est tous conscients que le Real, le Barça, le Bayern et Manchester c’est notre idée d’aller dans ce sens, en profitant en plus d’une histoire très forte d’un club associé à une famille et à Fiat avec qui on a un parcours très fort. Donc l’idée c’est d’être dans le top 3 d’ici quelques années.