L’ambiance dans les enceintes de football en France est un des facteurs qui fait se déplacer le téléspectateur, curieux d’assister à un match de son équipe. Cependant, au cours des dernières années, les observateurs ont tendance à remarquer une baisse progressive du taux de remplissage des stades de l’élite. Entre l’augmentation du prix des billets – paradoxal en temps de crise – et le spectacle proposé sur les terrains, un autre phénomène semble en passe de gangréner le sport le plus populaire de l’hexagone : l’aseptisation du supporter.
Depuis quelques années, la Ligue de Football Professionnel (LFP), présidée par Frédéric Thiriez, mène une lutte sans relâche afin de permettre à tout un chacun, et en particulier les familles, de se rendre au stade et de s’y sentir en pleine sécurité. Si certains volets de cette politique ne souffrent d’aucune contestation et que les intentions semblent louables, les moyens utilisés sont sujets à discussion. En effet, l’un des points le plus farouchement controversé concerne l’utilisation d’engins pyrotechniques au cœur des stades (le plus souvent par les groupes de supporters).
Autrefois considéré comme un outil d’animation et de fête, le fumigène est désormais la hantise de l’homme à la moustache, M. Thiriez. Les mouvements ultras, sentant le coup arriver, ont longtemps protesté et passé outre cette interdiction, en agitant gaiement les feux de Bengale dans les virages. Devant cet affront, la LFP a décidé de sévir. Et ce sont les clubs qui ont été désignés responsables. Le discours, jusqu’alors conciliant entre les clubs et les supporters, a changé de teneur. Devant les menaces brandies par la Ligue – des sanctions allant de la simple amende au match à huis-clos – les présidents ordonnent aux groupes de supporters de cesser d’allumer des fumigènes dans les enceintes. Conscients de mettre en péril leur équipe, la plupart des associations se rangent derrière elle. Mais les plus réticents rechignent à la tâche. C’est le cas d’une grande majorité des groupes ultras, qui refusent de se soumettre aux entités supérieures.
Le dialogue se rompt peu à peu et les liens se détériorent rapidement entre présidents de clubs et associations d’ultras. Pour ces derniers, braver l’interdit est un mode de vie. Un devoir. C’est ainsi que le point de non-retour a été atteint lors du printemps 2010 au Paris Saint-Germain. La mort d’un supporter, aux abords du Parc des Princes, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les tribunes Auteuil et Boulogne, c’est-à-dire l’âme des tribunes du Parc, sont visées. L’opération d’aseptisation du stade, baptisée « plan Leproux » est lancée. Depuis lors, les anciens membres d’associations ultras, aujourd’hui dissolues, doivent faire face à un véritable acharnement. Comme le montre cet exemple des supporters parisiens refoulés lors d’un match de handball du PSG, à Coubertin. L’escalade des représailles envers les supporters dépasse tout entendement. Ainsi, pour l’utilisation d’un seul fumigène, un supporter stéphanois a été condamné à quinze jours de prison ferme, une amende de 500 € ainsi qu’une interdiction de stade.
Les norvégiens ont peut-être trouvé la parade
Alors, quid de l’avenir de nos stades ? Sont-ils destinés à devenir aussi neutres et sans vie que les enceintes anglaises actuelles ? Nos homologues norvégiens ont peut-être trouvé la parade. Depuis 2009, les supporters de Rosenborg et de Valarenga essaient de remettre au goût du jour les engins pyrotechniquesdans leurs stades.
Grâce au dialogue entre les membres des associations de supporters et les clubs, en plus d’échanges réguliers avec les forces de l’ordre et les pompiers, les fumigènes ont désormais droit de cité dans les enceintes. Même si la fédération norvégienne de football (NFF) a du mal à accepter la démarche. Comme on a pu le constater, les mentalités peinent à évoluer et ce, de chaque côté. Toutefois, il est question de la survie de l’ambiance dans les stades. Et les différentes instances, tant au niveau national qu’international, sont en train de mettre sous l’éteignoir ce qui fait le charme de nos stades. Le supporter, autrefois chéri et chouchouté, est bel et bien une espèce en voie de disparition.
Sources : PSGMag.net (RIP), SoFoot.com