Quelques semaines après Patrick Vieira, c’est au tout de Marcel Desailly d’être visé par une enquête du fisc sur de l’argent caché en Suisse. L’an dernier, c’était l’ancien défenseur nigérian de Marseille Taye Taïwo qui était dans le collimateur. En Espagne, c’est la star du foot mondial, Lionel Messi, qui a été accusé par l’administration fiscale (comme des internationaux de la Roja dont Iker Casillas), malgré qu’il soit le plus gros contribuable du pays avec quelque 100 M€ versés sur les six dernières années. Au Portugal, c’est l’ex-sélectionneur brésilien Luis Felipe Scolari (à la tête du Portugal de 2003 à 2008) qui a fait l’objet d’une enquête juste avant le début de la Coupe du Monde. Mais en dépit de la condamnation à de la prison ferme (3 ans et demi) pour Uli Hoëness ex-joueur et président du Bayern Münich qui aurait omis de déclarer 27,2 M€, les footballeurs doivent-ils vraiment être montrés du doigt ?
Déjà accusés de simuler sur le terrain, ils sont maintenant jugés coupables de dissimuler leur argent. Les footeux sont pourtant souvent montrés du doigt pour leur manque d’intelligence, ils ne sont ni des traders, ni des experts en placement financier. Donc avant de les vilipender sur la place publique, il faut peut être prendre un peu de recul avant de mettre en doute leur honnêteté. Mal conseillés et entourés, ils le sont probablement dans un milieu gangrené par l’argent. Famille, amis, agents et autres « proches », le sportif de haut niveau brasse tellement d’argent qu’il est difficile d’imaginer qu’il gère lui-même son porte-feuille. Surtout dans le cas d’un joueur en activité dont l’emploi du temps doit déjà être bien rempli entre son club, sa sélection et ses sponsors.
Les clubs ne sont d’ailleurs pas toujours exemplaires. Pour avoir amoindri le montant du transfert déclaré, Barcelone avait d’ailleurs versé 13,5 M€ au fisc dans les jours qui ont suivi l’ouverture d’une enquête sur le transfert de Neymar. Une affaire dans laquelle le père de la starlette brésilienne a aussi été cité, comme c’est le cas pour son coéquipier argentin Lionel Messi.
Une star du foot n’est pas au-dessus des lois, elle doit assumer ses responsabilités devant la justice. Mais comme pour tout personnage public, le cirque médiatique a tendance à faire beaucoup de bruit sans apporter beaucoup de preuve de la réelle implication du joueur en question. En revanche, en invoquant un devoir de responsabilité (mais est-on vraiment en droit de l’exiger ?), il est possible de débattre sur la relative faiblesse des sanctions sportives en cas de de triche avérée sur le terrain (simulation, dopage…), voir de comportement anti-sportif (insultes envers le public, les médias ou des adversaires, agressions…).
On parie… qu’on en entendra encore parler
Dans l’affaire des joueurs professionnels ayant effectué des paris sportifs en France, la Ligue de Football Professionnel s’est contentée, fin juillet, d’un blâme pour les joueurs ayant parié de petites sommes. Elle a prononcé quelques amendes (1 500 € max pour Enzo Reale et José Saez) dans le cas de ceux ayant parié plus de 500 €. Soit, ils n’avaient pas le droit de le faire mais cela n’a a priori pas influencé le résultat, contrairement à ceux ayant effectué des paris négatifs, c’est à dire contre leur propre équipe ! Cinq joueurs auraient même participé à ces matchs sur lesquels ils ont parié contre leur formation. Les sommes sont peut-être dérisoires par rapport aux millions d’une fraude fiscale, mais ici, si la LFP condamne, c’est probablement qu’elle est convaincue de la culpabilité du joueur. Pourtant, peut-on parler de réelles sanctions avec une amende de 500 € et 2 heures de Travail d’Intérêt Général pour huit joueurs dont Johan Audel, passeur décisif avec Nantes contre Lens lors de la première journée de L1 cette saison ? Pour un match avec sursis et 6 heures de TIG contre quatre autres joueurs ? De 1 500 € d’amende et 3 matchs avec sursis contre cinq professionnels dont Anthony Le Tallec, buteur avec Valenciennes contre Nîmes lors de la deuxième journée de L2 et Emmanuel Imorou titulaire avec Caen lors des deux premières journées de L1 ? Les sanctions seront-elles plus sévères pour les huit derniers joueurs (dont Jérôme Rothen) à passer en audition ce jeudi 28 août ?
Si la LFP se contente de sanctions symboliques, est-ce aussi car l’instance n’est pas elle-même irréprochable ? Des clubs comme Sochaux ou Luzenac ont récemment émis des accusations contre les décisions des instances du foot français plus clémentes envers un club comme Lens. Même le secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard a parlé d’hypocrisie quant aux décisions du footbal français concernant Luzenac.
[blockquote]Je ne céderai donc à aucune pression politique d’où qu’elle vienne.Frédéric Thiriez, président de la LFP[/blockquote]
De là à penser que le football est un sport de magouilleurs géré par des magouilleurs… Mais après tout, la plus grande arnaque, n’est-ce pas cette passion démesurée que provoque le foot chez nous tous, les amateurs du ballon rond en dépit de son immoralité totale et de ses polémiques à répétition ?