AvideceWopyBalab

L’édition française du sport le plus pratiqué au monde a su faire parler d’elle de bien des manières, souvent pour avoir révélé les plus grands joueurs du monde ou pour des affaires extrasportives. Bien moins pour des matchs d’anthologies, et pourtant, ils sont nombreux à refaire surface suite à des excès de nostalgies de certains consultants.

Nous vous avions évoqué des matchs comme ceux de l’épopée stéphanoise en 76’ ou encore le drame de Seville de 82’, dans cette édition les clubs seront à l’honneur d’une époque où le crâne lisse d’un certain Pierluigi arpentait encore nos belles pelouses européennes.

PSG-Real, 1993

Le PSG est au sol ce soir du 2 Mars 1993, les Madrilènes s’emparent d’une victoire par K.O au Bernabeu en quart de coupe de l’UEFA. Corrigés 3-1, les Parisiens sont abattus par le Real Madrid, ils n’en restent pas moins revanchards et, poussés par la folle ambiance du Parc, s’engagent à faire le maximum au match retour et pourquoi pas, réaliser un exploit mémorable. La tâche s’annonce toutefois délicate : même si, en théorie, une victoire 2 à 0 face au grand Real (!) suffit aux coéquipiers de David Ginola pour décrocher la qualification. Mais ce soir-là, le PSG a bien eu rendez-vous avec l’histoire.

Paris arrive donc avec la ferme intention de créer la sensation. D’autant plus que peu de temps avant, Auxerre et Marseille s’étaient qualifiés en demi-finale de coupe d’Europe (ce qui était déjà remarquable à l’époque). Bien qu’Alain Roche et Laurent Fournier soient suspendus, Paris attaqua le match avec une mentalité exemplaire. C’est ce qu’avait d’ailleurs demandé Artur Jorge à l’époque : marquer au moins un but dès la première période.

Demande prise en charge, 33e minute : corner de Valdo déposé sur la crâne de Weah, 1-0 pour le PSG. La moitié du chemin est déjà faite, le Parc des Princes commence à y croire.

Au retour des vestiaires, les coéquipiers de Bernard Lama poussent, mais manquent de beaucoup de choses, en premier lieu de réalisme dans la surface à l’image d’un Daniel Bravo, rentré en jeu à la place de Simba, qui trouve la barre transversale de la tête sur un dégagement hasardeux de la défense madrilène. La fin du match approche et après avoir frôlé le pire à la suite de contre-attaques madrilènes heureusement stoppées par Lama, Paris ne parvient toujours pas à marquer ce second but salvateur. 80e minute de jeu, le Paris Saint-Germain est éliminé avec honneur. A ce moment précis, il suffira de 60 secondes pour que, à l’entrée de la surface, George Weah ne lève le ballon en cloche pour Bravo, qui sert en retrait Ginola de la tête. L’attaquant parisien reprend le ballon du plat du pied en demi-volée et catapulte le cuir sous la barre. Il fusille Buyo, et le Parc chavire de bonheur, 2-0, Paris est qualifié ! Mais le match est loin d’être terminé…

Les Parisiens reculent et subissent les attaques placées des Madrilènes mentalement toujours dans le match. Ce n’est pas fini, Ginola remonte le terrain, et passe à Weah. Ce dernier, après un contrôle magnifique, passe à Valdo, esseulé. Le brésilien de poche fait mine de frapper, ce qui a pour conséquence de battre Rocha, le dernier défenseur présent pour le contrer. « La frappe de Valdo et… LE BUT ! » Les commentateurs comme les supporters exultent, le club de la capitale n’est plus qu’à quelques secondes de réaliser l’exploit tant attendu. L’attente est telle que cette dernière en devient même insupportable. Tout le Parc des Princes est debout et attend le coup de sifflet final libérateur. Alors que la quatrième minute d’arrêt de jeu est entamée, les Madrilènes y croient jusqu’au bout et le pire arrive. Les Merengue arrachent les prolongations sur un but de Zamorano, à la 92e minute. C’est la douche froide.

Je me suis levé, j’ai applaudi, j’étais obligé.
Thierry Henry, alors supporter de l’OM

Après avoir entamé la sixième minute d’arrêt de jeu, chose extrêmement rare, Ginola obtient le dernier corner de la partie. Valdo s’en charge, tire dans le paquet, au même moment, Kombouaré s’élance. Son objectif ? Dévier la balle de n’importe quelles manières possibles pour marquer et délivrer son équipe de 90 minutes éprouvantes. La suite, vous la connaissez. En cette fraîche soirée de février, on sera passé par tous les états. C’est bien l’actuel entraîneur de l’En Avant Guingamp qui enverra un peuple et une nation aux anges, Thierry Henry supporter de l’OM, âgé de pas moins de 15 ans à l’époque le confirme: « Je me suis levé, j’ai applaudi, c’est l’un des plus beaux matchs de coupes d’Europe que je n’ai jamais vus. J’étais obligé. »

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Kombouaré délivre les siens d’un sacré coup de tête

OM – AC Milan 1993

A Munich ce jour-là, il est certainement le plus beau fait d’armes de l’OM que d’avoir remporté, pour la première fois de l’histoire du foot français, une coupe d’Europe. Encore aujourd’hui gravé dans toutes les mémoires, surtout du côté du Vieux Port. Bien aidé par ses cadres, en effet, l’OM comptait dans ses rangs trois futurs champions du monde (Fabien Barthez, Marcel Desailly, Didier Deschamps) et était mené par un redoutable trio offensif composé d’Alen Boksic, Rudi Völler et Abedi Pelé. De quoi tenir tête aux Rossoneri de Fabio Capello, Paolo Maldini et Marco van Basten…

860_deschamps-rijkaard PSG-Real, OM-Milan, Monaco-Porto : ces matchs qui ont fait le foot français #2

Deschamps poursuivi par Rikjaard

Qu’importe, il est parfois des têtes qui font chavirer les cœurs. La tête de Basile Boli, solide, superbe, est de celles-là. Il reste à peine une bribe de première mi-temps à bafouiller. Abedi Pelé s’agite sur le flanc droit et oblige Maldini à concéder le coup de pied de coin qui doit marquer sa délivrance. « Elle n’était peut-être pas très belle, ma tête. Mais je l’ai dosée pour qu’elle dépose le ballon là-bas, au deuxième poteau. Je ne l’ai pas vue partir dans le but de Milan, mais dans l’histoire. Et j’ai pensé aussitôt : j’espère qu’elle va y rester, dans l’histoire !  » Celui qui, à la 40e minute demandera à être remplacé, mais qui inscrira quatre minutes plus tard le but victorieux, alignera des propos aussi justes et aussi beaux que son coup de tête salvateur.

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Et la lumière fut

Le Milan AC pousse lors du deuxième acte et lance dans le grand bain l’ancien homme fort de l’OM, Jean-Pierre Papin. Cela ne change pas la donne. La formation milanaise n’arrive pas à se sortir des griffes de l’arrière-garde phocéenne, emmenée par Angloma, Di Meco, Sauzée et le buteur quelque minutes plus tôt Boli. Après 37 ans d’attente, depuis la création de la Coupe d’Europe Monsieur Röthlisberger, l’arbitre de la rencontre, délivre tout un peuple et donne à la France son premier succès dans la compétition, le seul.

Bien que cette finale fasse énormément débat sur la tangibilité de propos confirmant une possible tentative de corruption, dans sa biographie, Jean-Jacques Eydelie évoque ce scénario. Sans apporter de preuves. Il dit : « Lors de la réception, après notre finale victorieuse, un coéquipier m’a montré deux types qui venaient chercher des valises… »

Soupçons de dopage et de corruptions sont les principales accusations à l’encontre de l’OM sur ce match. Libre à chacun d’y croire et/ou de se faire un avis sur la question.

PSG – Vienne, 1995

Il était beau ce maillot Hechter, dont les supporters Parisiens réclament le retour depuis maintenant quelques années. « Quel attaquant ce Weah » se souvient un ancien. A Paris, la coupe d’Europe on l’aime puis on la déteste, puis on ne la joue plus, puis on la re-aime puis on la re-déteste, cette relation spéciale avec toutes sortes de C1, C2 ou encore C3, le club rouge et bleu l’entretien depuis longtemps maintenant. Il faut remonter à une soirée de Septembre 1982 pour voir les grands débuts des coéquipiers de Bathenay et de Luis Fernandez en coupe d’Europe. Baptême du feu réussi pour les Parisiens et une victoire 5-1 face aux Bulgares. Une première épopée européenne qui s’achèvera en quart de finale. Depuis, le club de la capitale glane 2 coupes européennes dont une majeure remportée en 95 à Bruxelles. Un moment tant attendu pour les supporters parisiens.

Nous y sommes. En Belgique, le PSG peut compter sur le soutien d’un public parisien venu en nombre pour assister à la première consécration européenne du club de la capitale. Qu’il fut important ce public, on imagine la blessure de Raï compliquée à surmonter pour les Parisiens mais c’est la tribune Auteuil belge qui permettra au PSG de garder espoir, comme lorsque le Panaméen trouvera Djorkaeff pour la première occasion du PSG dans cette finale.

Ce dernier est omniprésent. Un peu moins de dix minutes plus tard, l’ancien Monégasque obtient un coup franc à plus de 30 mètres. Et le destin choisit son camp, le coup de pied du canonnier qu’était Bruno N’Gotty ne semble pas cadré, mais la balle est légèrement détournée par un joueur du Rapid et file dans les filets de Michael Konsel. 1-0 pour les Français.

Paris accule les Viennois, mais ne parvient pas à se mettre à l’abri. Dely Valdes tergiverse en excellente position avant d’expédier une reprise de la tête dans les bras de Konsel, Djorkaeff envoie un missile sur les montants, Loko croise trop une frappe, Guérin perd un duel face au portier du club autrichien… L’entraineur Ernst Dokupil envoie ses guerriers autrichiens à l’attaque, ils poussent, cependant rien n’aboutira jusqu’à la délivrance. Fernandez tombe dans les bras de Raï avant de s’offrir un tour d’honneur avec ses deux fils. Le PSG tient là son premier titre européen, il soulèvera sa seule coupe d’Europe de son histoire alors que les 15 000 supporters du Rapid Vienne scandent « Paris ! Paris ! Paris » dans les tribunes. L’Europe est unanime, la France du foot est bien reine dans les 90.

Monaco – Porto, 2004

Souvenez-vous de cette Ligue des champions 2003-2004. L’AS Monaco tient la meilleure campagne européenne de son histoire, en atteignant la finale. Dans un groupe très homogène, Monaco sort premier des poules aux dépens des Espagnols du Deportivo La Corogne, du PSV entre autres AEK Athènes, auquel les Monégasques infligeront une correction 4-0. Lors de cette période de phase de poules les puristes retiendront le 8-3 infligé au Depor de Javier Irureta, mais surtout, un temps plus tard ; les qualifications face aux Galactiques du Real Madrid, en quarts, et aux nouveaux riches de Chelsea, en demi-finale.

14 ans après on retrouve encore gravés les souvenirs de ce Monaco de folie, un Monaco qu’on a adulé. Le club de la principauté alors composée de Patrice Evra, Prso, Shabani Nonda, Fernando Morientes, Jérôme Rothen, Ludovic Giuly… Le tout entraîné par un jeune novice en la matière, Didier Deschamps. Face à cette équipe monégasque, le FC Porto dispose de quelques joueurs de classe : Maniche et Deco notamment, avec José Mourinho comme entraîneur. Si les Portugais ne partent pas forcément favoris face aux Français, le match se terminera d’une issue on ne peut plus cruelle.

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Il n’en restait pas moins un beau match

Et pourtant qu’elle fut belle et romantique cette campagne de Ligue des Champions, le dur royaume de sa Majesté chatoyante des grands (et riches) clubs européens n’étaient encore qu’à sa puberté. Aujourd’hui elle domine le monde du football et flirte avec celle dont tous les plus pauvres se contenteront de reluquer au travers d’un regard ou d’un poste de télévision. Si l’on parle d’argent pour métamorphoser les trophées ? Oui forcément, et même si, encore aujourd’hui il est possible de remporter le Graal de toutes compétitions sans obligatoirement se soucier et se comparer au budget de son voisin, sachez que, en finale de Ligue des Champions 2004, il y avait bien une écurie trois fois supérieure à son adversaire. Mais elle n’était guère dans le porte-monnaie non… Elle était bien sur le terrain ce soir de 3-0 pour Porto face à Monaco en finale de Ligue des Champions à Gelsenkirchen.

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