Les Ultras vus de l’intérieur ? Grégoire Godefroy a traversé la Méditerranée pour aller à la rencontre des irréductibles du Sporting Club de Bastia, rétrogradé en N3 et sauvé par ses supporters/socios. Un reportage qui sent bon le romarin et les tacles de Gilles Cioni.
On a posé quelques question à Grégoire dans le choix de son sujet.
Comment s’est porté ton choix sur Bastia ?
Grégoire Godefroy – J’ai voulu faire le reportage sur Bastia car le club a beaucoup fait parler de lui notamment au niveau de ses Ultras. Je voulais aller me rendre compte sur place. Et surtout j’ai voulu faire Bastia car en un été, le club a perdu 5 divisions en passant de la Ligue 1 à la Nationale 3. Je voulais aller voir ce qu’en pensaient les supporters là bas, leur ressenti par rapport à tout ça et finalement une question : comment reste-t-on ultra de son club lorsqu’il perd 5 divisions d’un coup ? Bastia 1905, le groupe historique s’étant mis en sommeil lors de la préparation de l’épisode (et il est finalement revenu par surprise lors justement de ce match contre la réserve d’Ajaccio), j’ai voulu me focaliser sur un tout nouveau groupe, le Gruppu Petrignani, composé de gamins accro à leur club, à leur ville et à leur île. Un nouveau groupe pour un « nouveau » club c’est ce qui m’intéressait.
Ton premier numéro était sur Reims, comment as-tu senti l’accueil du public après cette vidéo ?
Après la vidéo de Reims, quasiment tous les retours ont été très positifs. Parce que pour la 1ère fois, on ne présentait pas les Ultras comme des vilains mais juste comme des amoureux de leur club prêts à tout donner pour lui. Le public a été réceptif car la vidéo a bien marché mais aussi le monde ultra qui a trouvé que la vidéo était bien faite et surtout honnête avec l’esprit ultra. Les gens dans l’ensemble sont plutôt friands de ce genre de vidéo présentant les « coulisses » du monde du foot et des personnages que l’on n’a pas l’habitude de voir.
Commences-tu à sentir des différences dans la manière de supporter un club en intégrant les Ultras ?
On n’a pas en France une vraie culture du supportérisme. Dans le sens où beaucoup vont au stade comme au spectacle, en restant assis sur leur siège et en étant passif. Les Ultras, c’est tout autre chose. Eux vivent le match à fond. Il est possible de suivre un match dans une tribune ultra sans même regarder le terrain. Toutes les émotions sont décuplées. Il s’y passe toujours quelque chose et parfois le spectacle est plus en tribunes que sur le terrain. Etre ultra c’est un vrai engagement : de temps, d’argent,…
Les Ultras se laissent approcher facilement ? Quelle est ta démarche ?
Les Ultras ne se laissent pas approcher facilement du fait de leur mauvais traitement médiatique général. La chance que j’ai eu avec le premier épisode à Reims c’est que les Ultrem connaissaient et aimaient Mouv. Ils connaissaient nos valeurs et savaient que l’on ne ferait pas les choses à l’envers. Cet épisode m’a ensuite servi de carte de visite pour contacter les autres. Beaucoup m’ont répondu qu’ils appréciaient le travail mais que c’était trop intrusif pour eux. Je pense qu’il y a encore beaucoup de méfiance de leur part vis à vis des médias et on ne peut pas complètement leur en vouloir. Parfois ça ne s’est pas fait pour de simples questions de timing mais qui sait pour la suite…
Quelques mots en corse ?
J’ai appris les chants en phonétique mais je t’avoue que j’ai tout oublié !
Mouv’ a présenté d’autres vidéos sur les Ultras, dont une dernière au sein des 300 du PSG.