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Troisième volet de notre rubrique tactique, où nous allons essayer d’imaginer comment faire évoluer le PSG. Les départs de Thiago Silva et Cavani vont provoquer quelques changements, mais la structure de l’équipe reste relativement stable. Evidemment, tout ceci est théorique, et on n’a pas l’intention de donner des leçons au staff en place.

Ouuuuh… le 4-4-2

Il y a plusieurs façons de voir les choses en football : faut-il choisir un système et amener les joueurs à s’y adapter, quitte à sacrifier des talents qui ne rentrent pas dans ce cadre ? Ou faut-il trouver le moyen de faire jouer ensemble toutes ses meilleures ressources ? Avec le 4-4-2 qu’on a vu ces dernières semaines, Tuchel semble avoir opté pour la seconde option. Et on a du mal à lui en vouloir.

Tactique #3 : comment faire jouer le PSG ?

Certes, le 3-4-1-2 ou le 3-4-2-1 (selon la position de Mbappé) a l’énorme avantage de protéger une défense sans grand leader, et un milieu sans gros récupérateur. Le départ de Thiago Silva, et l’absence d’un pitbull type Makélélé, Deschamps ou Keane, sont ainsi atténués. Mais cela a pour désavantage d’avoir un piston droit (Kehrer ou Dagba) très timide offensivement : l’Allemand glisserait dans la défense à 3, et un titulaire devra être recruté pour ne pas trop responsabiliser le jeune espoir francilien. Autre défaut majeur d’une telle formation : Di Maria serait mis sur le banc. A moins d’un départ de l’Argentin, cela serait un énorme gâchis. Assez inenvisageable dans la durée… même si on rappelle que le contrat de Fideo expire en 2021.

Un 4-3-3 avec Di Maria dans l’entrejeu, comme sur sa dernière saison à Madrid, serait alléchant. Mais un problème d’équilibre se pose encore : Verratti et Gueye n’ont pas la maîtrise technique qu’avait Xabi Alonso et Modric, et le PSG ne peut pas compter sur une charnière aussi solide, expérimentée et forte pour gérer sa profondeur que Ramos et Pepe de l’époque (avec Varane en remplaçant de luxe). Un tel dispositif imposerait de recruter un récupérateur (et sa doublure), ce qui n’est pas impossible, mais un peu plus compliqué. Sans grande originalité, et comme Tuchel, avec l’effectif en place, on opte pour le 4-4-2.

Un bloc médian en défense

Presser haut est une arme à double tranchant : quand c’est bien fait, on augmente ses chances de récupérer la balle proche des buts adverses, comme Liverpool par exemple, mais quand c’est mal exécuté, on laisse des courants d’air dans son dos. Un bloc médian permet de faire moins d’efforts intenses à la perte de balle, et de s’offrir de la profondeur quand on la récupère. Or, avec Neymar, Di Maria, Icardi et Mbappé, le PSG dispose de joueurs capables de se régaler en transition rapide, quand ils ont des espaces à attaquer.

En 4-4-2 sans ballon, Mbappé et Icardi auraient pour consigne de cadrer le premier relanceur et de couper une ligne de passe. Neymar et Di Maria devront se placer au niveau des milieux pour former une ligne de 4 qui protège la seconde ligne de 4, à savoir la défense. Malgré les clichés qui les entourent, le Brésilien et l’Argentin ont prouvé par le passé qu’ils savaient le faire avec discipline.

Tactique #3 : comment faire jouer le PSG ?

Exploser en attaques rapides

A la relance, le PSG aura 2 options. Face à un pressing haut, les défenseurs sont assez bons techniquement pour prendre le risque de casser une ligne par la passe, voire même le dribble. Thiago Silva le faisait régulièrement lors de sa première saison parisienne, avant d’arrêter mystérieusement (et c’est bien dommage). En Allemagne, Upamecano et Zagadou adorent le faire. Ramos est un adepte, tandis que les défenseurs moins prestigieux de Sheffield et de l’Atalanta (surtout Djimsiti) se prêtent au jeu, mais au sein d’une défense à 3. Sans prise de responsabilité des défenseurs, Verratti serait amené à descendre trop régulièrement. Certes, il adore le faire, il s’en sort généralement très bien, mais le milieu se retrouve déserté dans cette situation, différente du 4-3-3 de l’époque Laurent Blanc.

Face à un bloc plus regroupé, qui ne va pas le chercher haut, le PSG a les individualités pour faire la différence. Bernat ne doit pas se gêner pour monter, lui qui adore combiner et se montrer décisif, notamment en Ligue des champions. Il permettra à Neymar de se ré-axer, et ainsi d’étendre son influence. Di Maria est passé maître pour occuper le demi-espace droit, où il régale à la passe. Sur le dernier match du club, face à Dortmund, c’est lui qui offre la première occasion à Cavani d’un amour de passe, après avoir été trouvé libre dans le demi-espace. Le fait que Kehrer soit plus défensif n’est pas handicapant, puisque le PSG pourrait attaquer en 3-2-5, avec Bernat très haut, Verratti et Gueye au milieu pour freiner une éventuelle transition adverse, et le garde-fou défensif Kimpembe-Marquinhos-Kehrer. Cela faciliterait le contre-pressing, à condition bien sûr que tout le monde fasse les efforts nécessaires, et de façon collective et ordonnée. Pour asphyxier un bloc bas, c’est la meilleure méthode.

Comment améliorer l’effectif ?

Sauf improbable renaissance de Jesé, il ne restera que Kalimuendo pour suppléer Icardi et Mbappé, suite aux départs de Cavani et Choupo-Moting. En 4-4-2, c’est le seul poste qui n’est pas doublé. Il faudrait un joueur qui accepte un statut de numéro 3, qui est capable de combiner aussi bien avec Icardi qu’avec Mbappé (selon le titulaire qui se repose) et qui puisse hisser son niveau en Ligue des champions en cas de blessure de l’un des deux. Parmi les attaquants qui ne sont pas complètement indiscutables en club, Lacazette serait parfait, mais accepterait-il un rôle de doublure ? Surtout, son transfert serait élevé pour un remplaçant. Mitrovic et Stuani, qui cartonnent respectivement en seconde division anglaise et espagnole, sont compatibles avec Mbappé, mais beaucoup moins avec Icardi. De plus, l’histoire est trop belle là où ils sont pour l’arrêter. Un joueur coche toutes les cases : expérimenté, pas trop cher, capable de combiner avec tout type d’attaquant, Slimani est LE candidat idéal. Il ne représente pas l’avenir, mais pour une ou deux saisons, il rendrait de grands services à l’équipe parisienne.

Pour donner la possibilité à Tuchel de passer ponctuellement en 3-4-1-2 ou 3-4-2-1, un piston droit plus offensif est indispensable. Kehrer (qui glisserait plutôt dans la défense à 3) et Dagba sont trop légers offensivement. Atal a le profil idoine pour ce rôle, mais Nice refusera probablement de le céder. Si on part du principe que ce n’est qu’un second système, autant ne pas dégainer une grosse somme. Dalot, dont Manchester United cherche à se débarrasser, peut correspondre, et il n’est pas une si mauvaise solution dans une défense à 4 non plus. Si un rôle de piston droit se partageait entre Kehrer et Dagba, cela aurait au moins pour mérite de donner plus de temps de jeu à Mbe Soh et Pembélé.

Tactique #3 : comment faire jouer le PSG ?

Leonardo adore Milinkovic-Savic. On le comprend, puisque le Serbe allie puissance, technique, mobilité, jeu long, et dribble court dans les petits espaces. En Europe, personne ne réunit toutes les qualités comme lui, mis à part peut-être Pogba. Cela ne signifie pas qu’ils sont les meilleurs au monde, mais ils sont les plus complets intrinsèquement, même s’ils peinent parfois à le mettre à profit sur le terrain. Saul serait un renfort de choix, mais il semble trop attaché à l’Atlético. Habitué à jouer dans un rôle de double pivot avec les Madrilènes, Thomas Partey serait LA cible idéale. Leur situation actuelle fait que Kanté, Tolisso et Ndombele semblent accessibles actuellement, et méritent que le PSG y réfléchisse s’il souhaite renforcer son milieu, et qu’un transfert de Partey ne puisse pas se concrétiser. Il n’en reste pas moins que le PSG est bien armé au milieu avec Verratti, Paredes, Gueye et Ander Herrera, pour 4 places. Si personne ne venait renforcer ce secteur, ce serait dommage, mais pas catastrophique.

En défense, le départ de Thiago Silva donnera plus de responsabilités à Kimpembé et Marquinhos. Si Tuchel continue avec le 4-4-2, il n’est pas forcément utile de remplacer le Brésilien puisque Diallo est un solide numéro 3, et que le numéro 4, peu amené à jouer, peut être Mbe Soh ou Pembélé. Si une grosse opportunité type Skriniar, légèrement fragilisé cette saison, se présente, cela ne se refuse pas, mais ce n’est pas une priorité. L’effectif parisien est fourni, et des ajouts ne servent à rien s’ils n’apportent pas une plus-value significative.

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