Dimitri Payet, joueur de West Ham et de l’équipe de France, a bâti sa réputation en alliant à la perfection la puissance, l’agilité, le contrôle et la précision. Une autre qualité, la vitesse, l’a hissé au rang des meilleurs mondiaux. Elle a contribué à son extraordinaire réussite en club mais aussi en équipe de France et a fait de lui un joueur adulé de ses fans.
Quand t’es-tu aperçu que tu jouais vite ?
J’ai réalisé que j’étais plus rapide que les autres entre 8 et 10 ans. Je me souviens c’était pendant un match test dans l’un des clubs de la Réunion. Je me souviens du match durant lequel j’ai senti que j’allais vite. J’ai su plus tard, que le coach m’avait mis son meilleur défenseur et à chaque action, j’ai réussi à le tromper, l’écarter. Je l’ai vraiment perturbé. A ce moment précis, je me suis dit que j’avais été capable de faire ça avec un joueur en face meilleur que moi, ça m’a donné beaucoup de motivation pour la suite, pour continuer à aller de l’avant.
Quelles sont tes motivations pour être toujours aussi rapide ?
A mon poste, être rapide n’est pas une motivation, c’est une obligation. Pour faire la différence dans les matchs, tu dois être rapide, plus rapide que les autres. Plus le niveau augmente et plus tu dois jouer vite afin de prendre le dessus.
Qui sont les joueurs qui t’ont inspiré ?
Un joueur m’inspire beaucoup : Ronaldinho. Il est le mix parfait entre rapidité et efficacité. Le meilleur joueur au monde ! C’est mon modèle.
Penses-tu que tu puisses être toi aussi un modèle ?
Je ne sais pas si je peux prétendre être un exemple. J’essaye d’avoir mon propre style. Bien sûr, je serais très fier si je pouvais inspirer la jeune génération. Mais pour le moment, je m’inspire encore beaucoup des autres joueurs pro.
Un joueur rapide est celui qui sait penser vite.
Dimitri Payet
Pourrais-tu nous présenter ton propre style ? En quoi la vitesse fait partie de ton style de jeu ?
C’est marrant car je n’ai jamais été aussi rapide qu’on veut bien le croire. Pour moi la vitesse sur le terrain n’est pas uniquement courir vite. Pour moi un joueur rapide est celui qui sait penser vite. Prendre rapidement la bonne décision. Dans le football actuel, moderne, vous avez des joueurs comme Iniesta qui ne sont pas très rapide, mais avant même de recevoir le ballon, ils savent exactement ce qu’ils vont faire avec, ou ils vont la placer, comment ils vont la distribuer. Ils ont toujours un temps d’avance.
Te souviens-tu d’un moment ou ta vitesse a fait la différence ?
Il y a 5 ans, à l’époque je jouais à Saint Etienne, face à Montpellier, je me souviens que sur une action, je pars de la droite puis je rentre sur mon pied gauche tout en dribblant un défenseur et entre le moment où je le drible sans le dribler car il est encore face à moi, j’arrive à frapper du gauche au bon moment, ce qui fait que ni les défenseurs ni le gardien ont eu le temps de bouger et je pense qu’ils ne s’attendaient pas à ce que je frappe donc on peut en effet dire que je les ai pris de vitesse. A cet instant, j’ai ressenti une immense satisfaction car tu travailles dur mais tu ne sais jamais quand ça va vraiment payer et quand ça rentre et que le travail paye ça te donne encore plus de motivation, d’envie pour encore progresser. Quand tu goûtes au haut niveau, tu n’as plus envie de redescendre ! Tu veux travailler toujours plus !
Comment les sessions d’entrainement t’aident-elles à être plus efficace dans les matchs importants ?
L’expérience et l’entrainement sont essentiels dans ce type de situation. Lors de grandes rencontres, les matchs importants c’est là où tu dois accomplir parfaitement tout ce que tu as travaillé l’entrainement pendant des années. Tu dois produire le geste parfait, le tir parfait. Tu n’as pas le droit à l’erreur. Mais on s’entraîne pour ça ! Pour être parfait le Jour J.
En quoi la vitesse est-elle si importante dans ta position de milieu offensif ?
Mon rôle est de créer le jeu. Je dois servir l’attaquant ou scorer moi-même. Mais dans les deux cas, je dois anticiper. Je dois analyser très rapidement la situation mais les années de travail me permettent aujourd’hui d’avoir davantage de lucidité dans cette situation.
Aujourd’hui les chaussures sont de plus en plus légères. J’ai l’impression d’être pieds nus ou d’être dans des chaussons !
Dimitri Payet
En quoi tes crampons t’aident-il à être meilleur ?
Le plus gros changement sur mes crampons c’est la légèreté. Aujourd’hui les chaussures sont de plus en plus légères. J’ai l’impression d’être pieds nus ou d’être dans des chaussons. Les chaussures sont aussi très fines ce qui permet de mieux sentir le ballon et donc d’avoir un meilleur contrôle. C’est important de bien sentir le ballon.
Ta première paire, tu t’en souviens ?
Je m’en souviens très bien ! J’ai même tellement joué avec que je me souviens que le devant (sur la partie supérieur) s’était ouvert et mon père avait mis du scotch dessus pour que je puisse continuer à joueur avec. Aujourd’hui encore, chaque fois que je reçois une paire, je suis curieux de découvrir de quelles couleurs elles vont être.
L’entrainement de la vidéo ?
Dans cette vidéo, les exercices étaient basés sur les appuis, on a travaillé les appuis, les rapides changements de direction. C’est tout le football moderne : courir, freiner, changer de direction. C’est tout ce qui fait un match. Quand tu maîtrises ça parfaitement, tu es alors capable d’anticiper et d’avoir un temps d’avance sur tes adversaires.
Au football, rien ne se passe comme tu l’avais imaginé. C’est pour ça que le football est si magique au final.
Dimitri Payet
Alors que tu es déjà à un top niveau à l’international, as-tu envie d’aller encore plus haut ?
Bien sûr ! J’ai faim ! Après la finale perdue cet été, j’ai vraiment envie de continuer pour aller encore plus loin. Après la finale, j’étais vraiment déçu, frustré puis cette frustration s’est transformée en motivation. Une motivation qui me pousse à travailler encore plus dur pour être encore meilleur. Cette compétition, à la maison avec toute l’équipe, c’était vraiment un moment particulier, je veux continuer à travailler pour espérer avoir encore la chance de vivre des moments comme ceux que nous avons vécus en juillet.
Est-ce que tu visualises tes actions ? Les matchs ?
Avant les matchs, j’imagine toujours le meilleur scenario mais jamais rien ne se passe comme tu l’avais imaginé et c’est pour ça que le football est si magique au final. Les matchs ne sont jamais les mêmes et c’est à toi de t’adapter.