Pour un supporter monégasque, cette demi-saison se situe entre le fantasme et un délire provoqué par l’absorption prolongée d’euphorisants en puissance. Émaillée de quelques erreurs de parcours (Toulouse, Nice…), la trajectoire du club princier semble devoir enfin lui permettre de rafler un titre.
Ce statut de prétendant -réel-, Monaco ne l’a plus connu depuis plus de dix ans et l’aussi incroyable que frustrante saison 2003-04. Au soir de la 21ème journée, difficile de dresser un parallèle plus abouti : les temps de passage sont exactement les mêmes, Monaco est qualifiée en LDC et en Coupe de France, et trône sur la L1.
Au-delà du parcours, la ressemblance est même incarnée physiquement par l’effectif : une jeunesse assumée (Evra/Givet/Plasil pour Mendy/Jemerson/Bakayoko), des défenseurs en pleine réussite offensive (Squillaci pour Glik/Sidibé), une star internationale revancharde (Morientes pour Falcao), un guide providentiel voué à un grand avenir (Giuly pour Silva), un pied gauche de velour (Rothen pour Lemar)…
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Pour de nombreux supporters français, cette saison, sanctuarisée par le documentaire « le Périple Rouge », fut l’une des plus marquantes de ces dernières décennies autant par les scénarios rocambolesques des confrontations européennes (Madrid, Chelsea…) que par l’ambiance au sein de cette « bande d’escrocs », comme aimait à l’appeler Patrice Evra. Malheureusement, usée par une saison éprouvante et un manque de turn-over, l’ASM laissait échapper le Graal européen et devait se battre en fin de saison pour assurer sa place sur le podium.
Mais, c’est justement ici que les deux histoires devraient diverger : la profondeur du banc et la qualité de l’effectif jouent en la faveur de Monaco version Jardim. Sans leur faire ombrage, El Fakiri, Juan, Oshadogan ou Cissé, n’ont pas le talent des Moutinho, Dirar, M’bappé ou autres Touré, tandis que le 11 de 2017 semble plus intrinsèquement talentueux. Certes, il faudra composer avec un contexte européen et national plus concurrentiel mais avec une compétition supplémentaire à aborder, l’actuelle ASM pourrait bel et bien venger ses glorieux aînés.