Sommaire :
Attendue, la reprise de la Bundesliga nous a permis de retrouver plusieurs joueurs qu’on apprécie particulièrement. Ainsi, on se lève tous pour applaudir le récital de Dortmund, mené par le chef d’orchestre Brandt, ainsi que la victoire d’un Bayern solide.
Brandt, un grand bonheur
Match observé : Dortmund 4-0 Schalke
Sur ce match de reprise, il y a évidemment beaucoup de choses à dire, en tenant de ce contexte si particulier, qui explique sans doute le rythme moins élevé que d’habitude. Le Borussia a choisi de reculer pour mieux piquer : en attirant Schalke dans ses 30 derniers mètres, Dortmund s’est créé la profondeur nécessaire pour que ses joueurs rapides se régalent en transition, et cela a parfaitement fonctionné. Sur l’ouverture du score, on voit ainsi Piszczek sortir du pressing suite à un bon crochet, et trouver Brandt dans le demi-espace droit d’une passe qui casse bien les lignes adverses, trop distendues. L’Allemand, positionné plus haut que d’habitude (on y reviendra), trouve Hazard d’une merveille de déviation, pour un centre en direction du buteur Haaland. Outre le niveau élevé de technicité sur ce but, on remarque surtout que Dortmund a profité des espaces offerts par l’équipe adverse : une première ligne de pressing éliminé, un bloc qui ne suit pas de façon assez agressive, et une profondeur offerte à des éléments trop rapides.
Julian Brandt est un phénomène, mais vu qu’il a le nom d’une marque de machine à laver ça le snob mdrrr
— Allan’ (@AllanMilanista) May 16, 2020
Outre une dynamique en sa faveur avant la trêve, Dortmund a surtout de meilleures individualités que Schalke. Ainsi, sans Sancho ou Reus au coup d’envoi, Favre a pu installer Brandt un peu plus haut que d’habitude, lui qui a souvent officié cette saison dans un double pivot au milieu, occupé cette fois-ci par Dahoud et Delaney. Le numéro 19 a régalé, notamment sur le but du 2-0, où le timing et le dosage de sa passe pour Guerreiro frôlent la perfection. Sur cette action initiée par une mauvaise passe de Schubert, l’ancien meneur de Leverkusen utilise parfaitement la pausa. Ce terme, qui désigne le temps de pause que prend le passeur pour que son coéquipier soit exactement au bon endroit pour le lancer, est une arme sous-estimé dans ce football actuel où on essaie d’aller toujours plus vite. Avec un adversaire fixé, on peut ainsi lancer un coéquipier sans qu’il ne soit inquiété. Parmi les grands spécialistes de la pausa, concept popularisé en Argentine, on trouve sans surprise l’ancien meneur de jeu Riquelme.
#BVBS04 encore et toujours Julian Brandt à la baguette ! Quel match de la part du joueur de Dortmund. Il régale, il joue juste et il est un modèle d’altruisme.
— Karim Attab (@karimattab1) May 16, 2020
Brandt n’a pourtant que peu de choses en commun avec Riquelme, ou Xavi, autre ancien spécialiste de la pausa. C’est un joueur plus polyvalent, et cela a induit Favre à l’utiliser dans un double pivot avec Witsel, pour ne pas avoir à sacrifié Reus, Hazard ou Sancho. Quel dommage quand on voit le match qu’il a réalisé dans ce derby, avec une nouvelle passe décisive suite à une contre-attaque qu’il initie pour le 3-0, et une implication sur le dernier but, où son renversement de jeu permet à Guerreiro de disposer de quelques secondes seul sur l’aile gauche pour arriver lancé sans opposition. Si la supériorité de Dortmund est indéniable sur Schalke, et ne permet pas de poser de conclusion inéluctable, cela fait plusieurs mois que sur PKFoot, on milite pour que Brandt soit enfin utilisé dans un rôle où il est trouvé dans les 30 derniers mètres, et plus seulement autour du rond central. D’autres joueurs du Borussia ont été particulièrement bons, mais c’est bien lui qui, comme souvent, nous a fait la meilleure impression. Qu’on lui donne durablement les clés du camion !
https://twitter.com/beinsports_FR/status/1261681455698231296
Avec sérieux, mais sans folie
Match observé : Union Berlin 0-2 Bayern Munich
Alors que Dortmund a étrillé Schalke, le Bayern Munich s’est contenté d’assurer l’essentiel face à l’Union Berlin. Il faut dire que les locaux n’ont pas contribué à enflammer la rencontre. Avec une organisation défensive compacte et des lignes resserrées qui prenaient parfois la forme d’un 5-3-2, le promu a affiché son projet de jeu : contenir au maximum son adversaire pour limiter la casse, et espérer un but sur un miracle. La première partie de l’équation a été plutôt bien remplie en première période, bien qu’insuffisamment, avec notamment un énorme travail sur les côtés de Lenz et Trimmel. Par contre, pour l’aspect offensif, avec le pauvre Ujah, lancé de loin à la sauvette, c’était bien trop limité. Beaucoup de tentatives étaient tuées dans l’œuf via une bonne utilisation du hors-jeu de la défense bavaroise.
https://twitter.com/ken_masters0/status/1262109447884877831
Alors que le but de Lewandowski sur penalty juste avant la pause pouvait laisser espérer une seconde période plus ouverte, avec un promu qui cherche à recoller, c’est bien le Bayern qui reprenait tranquillement le contrôle au moins sur les 15 premières minutes. L’Union Berlin sortira finalement la tête de l’eau peu à peu, ouvrant des espaces qui ont permis au champion en titre de signer quelques contres, notamment par l’intermédiaire de Gnabry, plus véloce que ses adversaires mais malheureux dans le dernier geste. Ces petites alertes ont quelque peu freiné les ardeurs locales, et c’est finalement le Bayern qui mettra fin au suspens via Pavard, qui marque de la tête sur un corner qu’il avait obtenu. Le Français, déjà buteur à l’aller, était probablement le meilleur joueur de la partie tant il a été actif. Sans briller, sans nous filer le grand frisson, le Rekordmeister a fait la différence.
https://twitter.com/munich_france/status/1262081730120495104