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Cette semaine, on a regardé Arsenal face à Leicester, puis Tottenham, pour un bilan mitigé. On a aussi observé le Real Madrid, avec un Benzema dans tous les bons coups.

De la graine de champion

Match observé : Arsenal 1-1 Leicester

Est-ce à cause du manque de rythme, de la pluie, ou tout simplement un jour sans ? Toujours est-il que la rencontre entre Arsenal et Leicester n’a pas atteint des sommets de justesse, bien au contraire : les séquences à plus de 5 passes consécutives réussies étaient rares, les envolées lyriques encore plus. On a néanmoins pu assister à un duel intéressant entre Söyüncü et Saka. Le Turc, à gauche d’une défense à 3, a été l’adversaire direct de l’Anglais, placé à droite de l’attaque. Parmi les meilleurs défenseurs de Premier League, malgré un niveau en baisse depuis la reprise, il a été en difficulté face à la vivacité du jeune Gunner.

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Il faut dire que Saka est une vraie plaie pour tout défenseur : rapide, instinctif, il a surtout une insouciance qui l’incite à toujours revenir à la charge, à toujours tenter, même lorsqu’il a perdu 2 ou 3 duels juste avant. Parti dans un timing parfait sur l’action du but, avec au passage une ouverture magique de Ceballos, c’est bien lui qui offre l’ouverture du score à Aubameyang. Sa faculté à être décisif impressionne, d’autant plus qu’il n’a pas tant de munitions à se mettre sous la dent durant les matches. Sa présence a forcé Söyüncü à toujours être au taquet, comme sur ces sauvetages consécutifs à des combinaisons avec Bellerin, puis Aubameyang, peu avant la demi-heure de jeu. Lorsque le rugueux stoppeur oublie son adversaire, comme sur cette action où Lacazette l’aspire, c’est une frappe concédée directement, et sauvée par Schmeichel. Si Lacazette est l’option à trouver dos aux buts, Saka est clairement l’option à envoyer en mouvement, lancé. Même s’il a déjà joué latéral, il est plus intéressant en ailier, où la concurrence de Pépé pourrait néanmoins devenir un obstacle à sa progression.

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Ce bon match ne fait pas de lui un joueur confirmé, et encore moins parfait. S’il a le mérite de faire la course pour gêner un peu Söyüncü sur les relances, son pressing manque clairement d’intensité : le défenseur des Foxes avait tout le temps du monde de se décaler pour l’éviter, et relancer finalement assez tranquillement… bien que de façon maladroite à plusieurs reprises, chose assez inhabituelle chez lui. Volontaire dans le jeu sans ballon, avec une bonne faculté à boucher une ligne de passe voire à intercepter des ballons, l’espoir d’Arsenal disparaît complètement des radars en seconde période, pour finalement se faire remplacé par Willock. Réussir à banaliser sa bonne première période serait déjà un grand pas en avant. Saka est encore jeune. Selon la façon dont il sera conseillé, sa trajectoire peut être celle d’un Sterling, d’un Walcott, ou d’un Lingard. In that order.

Zidane est-il un grand coach ?

Match observé : Real Madrid 2-0 Alavés

Malgré 3 victoires en Ligue des champions, soit une performance réalisée seulement par Paisley et Ancelotti, beaucoup d’observateurs se demandent encore si Zidane est un grand entraîneur. Il faut dire que contrairement à Klopp ou Guardiola, il est difficile d’identifier une patte propre au technicien français, là où Liverpool et Manchester City jouent souvent de la même façon, dans un style visuellement frappant. S’ils ont quelques variantes, et ne peuvent parfois pas imposer leur jeu dans un jour sans ou face à une opposition qui les embête tactiquement, Reds et Citizens sont clairement plus faciles à décrypter que les Merengues.

C’est sans doute ce qui contribuera à toujours questionner l’apport de Zizou dans le jeu. Plutôt que d’imposer des idées et de vouloir s’y tenir, l’ancien numéro 10 préfère jouer au caméléon : son équipe s’adapte, peut passer de son traditionnel 4-3-3, à un 4-4-2 losange ou un 4-2-3-1 en plein match, et n’a pas de circuits de relance aussi automatisés que ceux d’autres équipes actuelles comme Liverpool, Manchester City, ou même l’Inter Milan et Leeds, avec des entraîneurs comme Conte et Bielsa sur le banc. Même les permutations de Kroos, Casemiro et Modric, qui peuvent tour à tour jouer en regista à la relance, pendant que les 2 autres occupent les demi-espaces plus haut sur le terrain, ressemblent plus à un arrangement entre joueurs plus qu’à des consignes de Zidane, même s’il est impossible d’en savoir plus.

109477422_360657601581855_5583411427413493601_n Le point JEU #24 : Benzema, Saka, et Arsenal sans leader

Face à Alavés, le Real Madrid a gagné sans avoir une maîtrise qui empêche son adversaire de se créer d’occasions franches. Mais les individualités ont sur faire la différence : à gauche, Rodrygo et Benzema (qui aime décrocher sur ce côté) parlent le même football, et pourraient être amenés à bien s’entendre, comme c’était le cas avec Hazard. Le numéro 9 français est d’ailleurs LE joueur recherché systématiquement dans les 30 derniers mètres, pour créer des décalages et accélérer le jeu. Plus discret, bien que buteur, Asensio revient petit à petit, et son talent n’a pas disparu malgré son énorme blessure. Grand gagnant du confinement, Modric a retrouvé ses jambes de 2014, tandis que Mendy réussit des déboulés intéressants, bien qu’il soit parfois brouillon techniquement. Cette formation n’est pas parfaite, elle concède presque autant d’opportunités qu’elle ne s’en crée, mais la qualité de ses éléments lui permet de les annihiler et de concrétiser les siennes. A voir si cela sera le cas en Ligue des champions, face à un Manchester City qui dispose, contrairement à ses adversaires espagnoles, en dehors du FC Barcelone, de joueurs au même niveau que ceux de la Maison Blanche… tout en ayant un système plus défini. Mais dans un monde où le résultat est le seul juge de paix, on rappelle que parmi les coachs en activités, Zidane compte toujours plus de victoires en C1 que tout le monde, à égalité avec Ancelotti.

Pas de numéro 10 dans ma team

Match observé : Tottenham  2-1 Arsenal

Pour ce match du ventre mou de Premier League, Arteta a choisi d’aligner un trio Aubameyang-Lacazette-Pépé qui laisse croire à une vraie volonté de jouer offensif. La vérité du terrain était tout autre : dès que Tottenham avait la balle, les Gunners se repliaient très bas, reculant parfois trop. Ainsi, la transition devenait compliquée : Xhaka et Ceballos récupéraient le ballon bas, Lacazette était amené à venir proposer une solution dans l’axe près du rond central, en meneur de jeu qui devaient servir Tierney et Bellerin sur les côtés (au même niveau que lui) ou Aubameyang et Pépé dans les demi-espaces, un poil plus avancé que lui. Sans remettre en cause la qualité du Français, meilleur joueur de son équipe lors de ce derby, on se demande si Ozil n’aurait pas mieux rempli ce rôle, ou si Ceballos n’aurait pas pu si coller en jouant plus haut, Torreira étant capable de compléter le milieu. Surtout, l’Uruguayen aurait amené un peu de volume de jeu à un double pivot qui en manque cruellement.

Buteur sur sa seule frappe, Lacazette a la qualité pour inscrire sa vingtaine de buts en championnat, comme il le faisait en Ligue 1… à condition d’être servi autrement que dos aux buts, à 40 mètres des cages adverses. Avec des pistons rapides comme Tierney et Bellerin, on se demande s’il n’aurait pas été plus judicieux d’installer un 3-4-1-2 avec Lacazette et Aubameyang en vrais attaquants, plutôt que ce 3-4-3 aux nombreuses lacunes : puisque Xhaka et Ceballos jouent bas, le Français décroche pour apporter du liant, et se retrouve trop éloigné des buts. Le Gabonais, sans être mauvais dans ce schéma, ne peut pas briller avec des appels tranchants dans l’axe, soit son arme favorite. Enfin, l’Ivoirien est entre 2 mondes, puisqu’il doit laisser Bellerin dédoubler, et occuper une partie du terrain trop dense pour faire parler sa qualité de percussion, même s’il arrive à faire ponctuellement des différences en dribble. Si certains retiendront la boulette du duo Kolasinac-David Luiz sur le but de Son, on peut dire qu’entre possession de balle mal exploitée, joueurs offensifs placés dans des conditions où leurs qualités ne peuvent pas s’exprimer, et trou béant au milieu, Arsenal n’a plus du tout le niveau pour jouer le top 4 anglais.