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Ce week-end, on a apprécié le jeu de Francfort, qui applique les bonnes recettes d’un 3-4-1-2 réussi. On a aussi vu les différences créées par le seul Mbappé, et aperçu le chemin qui reste à Chelsea pour concurrencer Liverpool.
De bonnes idées mal exécutées
Match observé : Eintracht Francfort 1-1 Arminia Bielefeld
Les joueurs de Francfort doivent encore se demander comment ils ont fait pour ne pas gagner ce match à domicile face à Bielefeld. Il faut dire que leur application du 3-4-1-2 est exemplaire dans la théorie, mais qu’un soupçon de talent et de justesse les a empêché de triompher. Il n’en reste pas moins intéressant de souligner le rôle primordial d’Hasebe, ancien milieu récupérateur devenu libéro de cette défense à 3. Le Japonais, excellent dans la couverture de ses partenaires, est également une rampe de lancement fiable à la relance. Il est assez sûr de lui pour fixer son adversaire et ainsi transmettre le ballon à un partenaire (souvent Rode) à qui il a offert du temps et de l’espace. Même s’il n’est pas parfait (lent à son âge, et pas assez puissant dans certains duels), il joue exactement comme on l’attend du libéro d’une défense à 3.
Dans cette défense à 3, Hinteregger a le rôle du défenseur volant. Il n’hésite pas à aller presser haut, se sachant couvert par Hasebe et par Rode, qui descend quand son partenaire monte (hormis sur l’action du but adverse, où son oubli coûte cher). Cette faculté à se projeter de Hinteregger permet à Kostic d’occuper une position plus offensive, dans un rôle de piston bien plus ambitieux que ce qu’avaient montré Digne et Dubois face à la Suède, pour reprendre un exemple récent. Il faut aussi souligner le rôle de détonateur de Kamada, toujours disponible entre les lignes, très mobile, bien qu’encore trop sujet à du déchet technique que ses partenaires lui pardonnent, tant il crée des situations pour son équipe. Dans un monde où Da Costa (remplacé à la pause) réussit son match à droite, où Dost ne se montre pas aussi lent dans l’exécution de ses gestes, et où André Silva arrête de vouloir déborder son adversaire direct via une vivacité dont il ne dispose pas, l’Eintracht aura montré énormément de choses positives, malgré ce résultat mitigé. Et que dire des occasions gâchées, parmi lesquelles cette talonnade incompréhensible d’André Silva sur le gardien couché, alors que le but lui était grand ouvert…
https://twitter.com/3emeMiTemps__/status/1307335977573191681
Côté Arminia, difficile de passer à côté du match abouti de Doan, mystérieusement sorti à la 72e minute. Le joueur prêté par le PSV Eindhoven devrait se régaler en Bundesliga. Sur ce match, il a réussi de nombreuses percées balle aux pieds, a montré une sacrée conservation de balle, ainsi qu’une évidente envie d’aller toujours de l’avant. Le voir aller parfois au duel face à Hasebe dans une confrontation 100% japonaise n’aurait pas été pour déplaire aux fans de Captain Tsubasa.
Ristu Doan has been very impressive already for Arminia Bielefeld
— Daniel McDermott (@_DMcDermott) September 19, 2020
Fast and furious
Match observé : OGC Nice 0-3 PSG
D’abord disposé en 4-4-2, le PSG monopolisait la balle face à l’OGC Nice, sans se procurer d’occasions franches. Face à un bloc compact, disposé en 4-5-1 sans ballon, les Parisiens devaient s’en remettre à d’éventuelles passes improbables de Verratti ou Di Maria pour trouver la faille, ce qui n’est évidemment pas suffisant. Autrement dit, ils auraient pu jouer des heures sans marquer. Les milieux n’arrivaient pas à prendre suffisamment de vitesse pour mettre à défaut le bloc adverse, jusqu’au passage en 4-3-3, avec Mbappé qui glisse sur le côté gauche.
Mbappé sur son aile, il est tout simplement INTENABLE ! #OGCNPSG
— Prince (@PrinceduParc) September 20, 2020
Tout le monde connaît la vitesse du numéro 7 francilien. Encore faut-il qu’il ait suffisamment d’espace pour arriver lancé, car même s’il est bon dans les petits périmètres, c’est bien quand il a du champ qu’il est dévastateur. Cela s’est vu très vite avec une première occasion créé en duo avec Bakker, pour une remise d’Icardi et une frappe au-dessus de Mbappé. Le Français prenait confiance, et faisait la différence quelques minutes plus tard. Recevant le ballon bas, côté gauche, il pouvait prendre Atal de vitesse avant d’obtenir un penalty qu’il transforme lui-même. Le second but porte encore plus sa patte : alors qu’il reçoit la balle côté gauche, quelques mètres seulement après la ligne médiane, il se défait d’Atal (pourtant pas le plus lent du championnat), repique puis frappe, avant de voir Di Maria reprendre le ballon repoussé par Benitez. S’il affirmait que Neymar était un plan de jeu à lui seul, c’est bien lui qui a été celui du PSG face à Nice. Un plan de jeu simple, facile à contrer en théorie, mais qui peut s’avérer efficace uniquement grâce à la supériorité athlétique du Parisien.
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Côté niçois, difficile de trouver des points positifs après une défaite à domicile en encaissant 3 pions. Maladroit mais volontaire, Thuram a su ponctuellement monter balle aux pieds avec aplomb, là où Lees-Melou n’a pas fait parler sa qualité habituelle. Dante a bien réussi quelques jolies relances pour supprimer le pressing adverse, mais cela n’a pas servi, tant ses coéquipiers n’ont pas su enchaîné derrière. Côté parisien, c’est une victoire avec peu d’enseignements, si ce n’est que Mbappé peut faire des différences seul. Draxler a été inexistant, Verratti n’a pas eu son rendement habituel, et Icardi traverse une grosse crise de confiance : il privilégie systématiquement la remise à la frappe, et n’arrive plus à passer devant son défenseur pour redevenir une option prioritaire dans la surface. Buteur, Marquinhos a aussi brillé dans la gestion de la profondeur, une tâche qui incombait trop souvent sur le seul Thiago Silva. Ce PSG n’est pas parfait, mais il monte en puissance, et devrait pouvoir enquiller les victoires et la confiance en Ligue 1.
Pas les mêmes certitudes
Match observé : Chelsea 0-2 Liverpool
Avec un effectif renouvelé, Chelsea est ambitieux, mais manque logiquement de certitudes pour le moment. Havertz a occupé le poste de numéro 9, où ses lacunes restent criantes : faible dos aux buts dans les derniers mètres adverses, meilleur quand il a le jeu devant lui, l’Allemand a été sacrifié pour permettre à Werner de jouer ailier-attaquant gauche. Comme décrit lors de notre podcast, l’ancien buteur de Leipzig n’est pas un réel numéro 9, mais bien un attaquant fuyant, qui brille lorsqu’il a un attaquant fixe qui lui ouvre des brèches, comme Poulsen ou Schick… des profils bien différents de celui d’Havertz, là où Giroud ou Abraham aurait fait l’affaire. Autrement dit, aucune des recrues stars n’a été placée dans les conditions optimales pour briller. Havertz n’a pas pu montrer grand-chose, et Werner a mangé la feuille à 2 reprises. Dans l’entrejeu, Kanté a été énorme sans ballon, mais il a été amené à avoir trop de décisions à prendre avec, puisque Jorginho et Kovacic étaient aux abonnés absents. La seconde période est plus dure à analyser, puisque Christensen a été expulsé juste avant la pause, et qu’il est difficile d’espérer quoi que ce soit face à Liverpool en infériorité numérique. Et comme si ça ne suffisait pas, Kepa a fait n’importe quoi sur le but du break, faisant écho à cette action en première période où il était sorti de façon hasardeuse et incompréhensible, heureusement sans conséquences.
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Côté Liverpool, les certitudes sont là : même lorsque l’équipe n’est pas flamboyante, elle est sereine. Placé en défense, Fabinho a été excellent, gagnant plusieurs duels face à Werner et jouant simple à la relance. Il a été le joueur le plus en vue de son équipe jusqu’à l’expulsion de Christensen. Face à 10 Blues, le harcèlement des Reds a permis à Mané de briller dans un mélange de talent et de hargne qu’on lui connaît depuis plusieurs saisons maintenant. Le champion en titre s’est ensuite un peu assoupi, concédant même un penalty arrêté par Alisson, également présent sur une belle frappe d’Abraham. Histoire de rappeler que Liverpool a aussi un gardien de classe mondiale.
Et sinon
- On avait désigné le succès lyonnais face à Dijon de victoire en trompe-l’œil. Les résultats récents nous donnent raison, même si on espère voir un OL plus fort, dans l’intérêt du championnat.
- Le Bayern n’était déjà pas assez fort, il a fallu que Sané vienne et s’intègre aussi rapidement. Pas de pitié pour l’ancien de Schalke, qui participe au massacre de son ancien club.
- Même s’ils ne finiront probablement pas sur le podium, Leeds et Everton semblent être des équipes attractives à suivre pour le spectateur neutre cette saison. A eux de confirmer ces premières bonnes impressions.
- Double buteur face à Valence, Iago Aspas est une bonne raison à lui seul de regarder le Celta Vigo.
- La classe biberon de Dortmund, qui n’a fait qu’une bouchée de Gladbach, sera spectaculaire à suivre. Malheureusement, le différentiel de niveau et de régularité devrait les empêcher de détrôner le surpuissant Bayern.
- Pour une équipe qui ne fait « que balancer sur ses attaquants », Montpellier est capable de jolies séquences. L’ouverture du score de Souquet et le but du 4-1 de Mollet face à Angers sont le résultat d’actions très abouties.
- Ce n’était que Valladolid en face, mais le but de Carvalho pour le Bétis est magnifique. Le Portugais réussit une volée parfaite alors qu’il arrive en courant, ce qui est techniquement beaucoup plus difficile qu’une volée lorsqu’on est arrêté et qu’on n’a « plus » qu’à attendre que le ballon descende.