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Ce week-end, on a observé le derby de Milan, avec un Ibrahimovic bluffant. On a aussi constaté les lacunes de Manchester United, malgré la victoire face à Newcastle. Et puisqu’on aime voir des attaquants former un duo, on salue Lewandowski et Müller, ainsi que Kane et Son.
D’un Z qui veut dire Zlatan
Match observé : Inter Milan 1-2 AC Milan
On se souvient encore du regard plein d’admiration du jeune Ibrahimovic, alors joueur de l’Inter, lorsqu’il affrontait Ronaldo, son idole, qui évoluait alors à l’AC Milan. Aujourd’hui, Lukaku et Lautaro devraient peut-être observer le Suédois avec la même fascination, tant son niveau et sa longévité inspirent le respect. Double buteur lors du derby de la Madonnina, le numéro 11 a permis aux siens de gagner des points précieux dans ce championnat italien qui promet d’être serré. Après avoir transformé en 2 temps un penalty qu’il avait obtenu, il a doublé la mise sur un bon centre de Leao. Décisif, mais pas seulement.
Faudra m’expliquer comment on peut être autant performant que Zlatan à 39 ans. Le leadership ok. Mais les buts, les transmissions, tenir tout le match… en revenant de plusieurs jours de pause à cause du Covid en plus. Il fait 9 ans de moins, c’est à chaque fois impressionnant.
— Hadrien (@hadrien_grenier) October 17, 2020
Aujourd’hui âgé de 39 ans, Ibra ne peut pas courir partout comme un chien fou. Il ne peut pas non plus demander constamment la balle pour organiser le jeu, comme il pouvait parfois le faire au PSG. Par contre, en dehors de sa capacité à être décisif, il est précieux dans le jeu en remises. Souvent trouvé dos aux buts, il dévie les ballons de la tête pour Leao et Saelemaekers qui prennent alors la profondeur. Lorsque les longs ballons lui arrivent sur la poitrine, sa technique et sa souplesse lui permettent de conserver au milieu des défenseurs adverses via des jongles, avant d’envoyer un coéquipier sur orbite. Contrairement à Lukaku, constamment cherché dans les pieds, c’est sa taille qui est son atout majeur dos aux buts, puisqu’on le cherche presque exclusivement dans les airs. Lors des transitions offensives, sans être le plus rapide, il a fait les courses en avant pour faire reculer le trio défensif intériste, tandis que sur attaque placée, sa complicité technique avec Calhanoglu est intéressante dans les petits espaces, le Turc étant peut-être le Rossonero qui profite le plus de la présence du Z.
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Sans ballon, Ibrahimovic a eu pour consigne de coller De Vrij : le Néerlandais n’a jamais pu recevoir le cuir pour effectuer la première relance. Cette fixation sur De Vrij était parfois caricatural, puisque Handanovic a eu plusieurs fois l’occasion d’avancer tranquillement balle aux pieds jusqu’à ses 20 mètres, pour trouver ensuite un coéquipier libre. Cette stratégie aurait été judicieuse avec un gardien peu précis dans ses passes longues, mais sans être Ederson ou Neuer, ce n’est pas le cas d’Handanovic, très fiable dans ce domaine. Tout n’a pas été parfait pour l’AC Milan, parfois dépassé par l’activité de Barella, seul milieu adverse capable de prendre de la vitesse balle aux pieds. Qu’arrivera-t-il face à une équipe qui dispose de plusieurs joueurs de son profil ? En outre, Hakimi a pris le dessus trop souvent sur Hernandez, tandis que Lautaro n’a pas cadré un tir, ce qui ne lui arrive pas tous les jours. Pioli et les fans s’en contenteront : dans un tel match, seule la victoire est belle.
Un collectif encore balbutiant
Match observé : Newcastle 1-4 Manchester United
28 tirs à 7, 64% de possession, 7 corners obtenus pour aucun concédé, et une victoire 4-1. Sur le papier, on pourrait croire que Manchester United s’est baladé sur la pelouse de Newcastle. Si on a regardé le match, on sait que la réalité est tout autre. Après une ouverture du score comique des Magpies, bien aidés par le malheureux Shaw, les Red Devils ont effectivement monopolisé le ballon face à des adversaires qui n’en voulaient pas. Mais ce que n’indique pas le nombre de tirs, c’est combien ont été tentés par Rashford, James ou Fernandes, alors qu’il y avait un bloc bas en face, aucun décalage, pour une tentative logiquement contrée par un défenseur adverse?
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Pour déséquilibrer une défense compacte, mais loin d’être imperméable, il fallait combiner un peu. Le problème est que mis à part Mata, excellent sur ce match, personne n’avait la volonté ou la justesse technique pour le faire. Fernandes, buteur en fin de match, réalise une prestation compliquée : malgré quelques bonnes initiatives, il a perdu 25 ballons, avec du déchet technique inhabituel, et a raté un penalty. Excellent pour accélérer balle aux pieds, Rashford finit le match avec 1 but et 2 passes décisives, mais il ne pourra pas cacher les difficultés de son équipe à chaque match. Martial, qui adore combiner, et van de Beek, qui a montré en 15 minutes à quel point il raffolait du jeu rapide en une ou deux touches de balle, ont beaucoup manqué. Dans ce contexte, la sous-utilisation actuelle (on espère que cela va changer) de la recrue néerlandaise intrigue. Le but du 2-1 est justement une action qu’il initie, où on voit Fernandes, Mata et Rashford combiner. Au départ, c’est bien son déplacement qui fait la différence.
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Ce score en trompe-l’œil, qui fait écho à la même affiche quelques semaines avant l’arrivée de Fernandes, ne fera pas oublier non plus la panique de la charnière Maguire-Lindelof à chaque fois qu’un joueur adverse vient presser. Les deux compères peuvent remercier De Gea, auteur d’un arrêt magnifique face à Wilson, libre de reprendre un centre à 6 mètres du but, alors que Maguire était « au marquage »… Pour ceux qui critiquent les matches de l’équipe de France, regardez à nouveau le quart de finale contre l’Uruguay, et vous verrez ce qu’est une équipe qui maîtrise son sujet, via une grande solidité défensive. Tout le contraire de Manchester United actuellement. Les différences créées par Saint-Maximin balle aux pieds seront encore plus grandes lorsque l’adversaire sera Neymar ou Mbappé. Si les stars parisiennes sont inspirées mardi, cela pourrait bien être un carnage…
Et sinon
- Chelsea peut marquer autant qu’ils le veulent, cela ne suffira pas pour gagner avec une défense aussi faible, surtout avec ce Arrizabalaga. Notons quand même le doublé de grande classe de Werner, face à Southampton. Quand il peut arriver lancé, l’Allemand est redoutable.
- Rares sont les week-ends où le FC Barcelone, le Real Madrid et le FC Séville restent muets. 2020 est décidément une année où tout est possible.
- Poulsen a profité de la victoire de Leipzig à Augsbourg pour inscrire un but magnifique : reprise de volée du gauche, dans un angle relativement fermé. Le Danois ne fera probablement pas une saison à 30 buts, mais celui-ci vaut clairement le détour.
- Doan, qui s’était signalé positivement face à Francfort, a fait encore mieux face au Bayern puisqu’il a marqué un bien joli but. C’est évidemment insuffisant pour Bielefeld, emporté par les assauts bavarois et le duo Müller-Lewandowski.
- Moins fort, mais tout aussi beau de complémentarité, le duo Kane-Son a régalé face à West Ham. Malheureusement pour eux, les Spurs ont fini par craquer malgré 3 buts d’avance.
- Quelque part, c’est triste de voir Alcacer et Parejo donner la victoire à Villarreal face à Valence…
- Parmi les équipes les plus divertissantes d’Europe, Sassuolo a encore fait le spectacle face à Bologne. Passeur décisif et buteur, Caputo est un exemple du numéro 9 actif dans la surface. Dans un match, il y a beaucoup de situations où il est parfaitement placé, mais peu servi.