Dans mon adolescence, il m’est arrivé plusieurs fois de me lever un dimanche aux aurores pour avoir la chance de m’entasser avec quatre autres gars (dont deux avaient vomi juste avant d’arriver) dans la vieille Renault d’un héroïque bénévole.
Après un trajet de trois plombes sous le crachin, à devoir se cogner du reggae parce que le mec à la place du mort aimait les produits jamaïcains, qu’ils squattait la place près du poste et, accessoirement, qu’il était de toute façon plus balèze que moi, je commençais à m’échauffer sur un terrain boueux, en moulés parce que comme un con j’avais oublié mes vissés.
C’est alors qu’arrivait un type, généralement un vieux, qui me confirmait qu’effectivement j’étais vraiment con et que j’aurais mieux fait de rester au lit parce que les autres cons, ceux d’en face, déclaraient forfait.
Pour un amoureux du jeu, il n’y a rien de plus pénible que de gagner sur tapis vert.
Alors pourquoi la crème du ballon rond et Raymond Domenech ont-ils fini par se mettre à table de poker ?
Pourquoi tapent-ils tous le carton, eux qui, toute leur carrière durant, n’auront rien craint tant que le courroux arbitral ?
Veulent-ils rencontrer Patrick Bruel ?
On sait le chanteur pour dames coutumier du parc des Princes alors on peut supposer qu’un footeux renommé aura juste à faire jouer ses relations pour le retrouver dans sa loge VIP avec vue sur plexiglas (je dis ça parce que je suis jaloux).
Où alors peut-être, après une, voire parfois deux décennies à mouiller le maillot, que défendre ses couleurs est devenu une addiction ? Quelle noble hypothèse… Qui ne tient hélas pas la route : Raymond Domenech joue aussi.
Pour la thune alors ?
Difficile de croire que les Christian Vieri, Thomas Brolin et autres vieilles gloires manquent d’argent…
Que le désir de compétition les taraude, en revanche…
On les imagine bien, ces gladiateurs modernes, avoir commencé durant les moments de récupération, surfant sur des sites tels FDJ pokeret enquillant les premières victoires. Peut-être se sont-ils alors aperçu que si l’amour est dans le pré, la véritable compétition, elle, a cours sur un temps indéterminé derrière cinq petites cartes.
Ils n’auront eu de cesse dès lors de se faire une place parmi les joueurs patentés, payant leur écot aux étoiles mondiales de la discipline à coups de centaines de milliers d’euros.
Ces dernières s’en offusquent rarement d’ailleurs : la plupart des ex-footeux jouent comme des pieds.