AvideceWopyBalab

Puisque la Ligue 1 est officiellement terminée, c’est l’heure du bilan. La crise liée au coronavirus donne forcément un sentiment d’inachevé concernant cette saison, qui n’a pas pu aller à son terme. On parle donc d’un exercice tronqué, au terme duquel le PSG finit à nouveau champion, tandis que l’OM et Rennes complètent le podium.

Le PSG encore trop seul

Avec 12 points d’avance et un match en moins que le dauphin, le PSG a encore mené les débats facilement, sans qu’on ait l’impression que les joueurs aient eu à forcer leur talent. Malgré des accrocs à Rennes, face à Reims, ou à Dijon (sans compter le match nul surprise à Amiens), les matches ont ressemblé à une promenade trop tranquille pour les Parisiens, dont les individualités sont trop au-dessus du reste du championnat. Le match le plus intéressant aura été face à Monaco, qui a accroché le champion au Parc, avant de se faire balayer quelques jours plus tard chez eux. Navas et Icardi ont convaincu, mais on les attendait de toute façon plutôt en Ligue des champions, Mbappé a confirmé qu’il était trop efficace pour la Ligue 1, et Neymar a affiché son insolente supériorité les quelques fois où il était motivé, notamment face à un Montpellier où il a joué comme face à des enfants, comme pour mieux répondre aux critiques de Delort.

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Des concurrents qui doivent progresser

L’OM et Rennes, qui complètent le podium, peuvent s’estimer heureux que la crise ait coupé la remontée du Losc. Sans être géniaux, les Marseillais ont été solides, autour d’un Mandanda retrouvé, et d’un Payet intéressant, bien que toujours irrégulier. Villas-Boas n’a pas tardé à prendre la mesure de son effectif, avec un 4-1-4-1 où Kamara et Sanson, notamment, peuvent exprimer leurs qualités. Bon point pour Reims qui réussit une belle saison, ce qui valide le travail du club en amont. A l’inverse, l’OL et Monaco, et dans une moindre mesure Bordeaux, Nantes et Saint-Etienne, sont très décevants. Enfin, le zéro pointé est pour Toulouse, bon dernier avec seulement 13 points en 28 journées.

Sans forcément penser à concurrencer le PSG, dont les ressources sont sans commune mesure avec les autres clubs, il devrait y avoir 2 voire 3 autres clubs capables de terminer autour des 75-80 points la saison, comme en 2018 où Monaco (80), Lyon (78) et Marseille (77) avaient obtenu de bons résultats. Avec son rythme de 2 points par match, l’OM actuel terminerait – même si ce calcul est évidemment hypothétique et imparfait – en-dessous de cette fameuse saison où ils avaient terminé 4e.

Comme d’habitude, si la Ligue 1 n’a pas le niveau des meilleurs championnats européens, elle est le terrain de jeu de jeunes espoirs qui peuvent s’exprimer, malheureusement pour mieux partir vers de plus grosses écuries du Vieux Continent. La tendance n’est pas prête de s’inverser, mais applaudissons quand même les quelques tentatives de jeu de Bordeaux, Nîmes ou Dijon, mal récompensés mais intéressantes.

Le meilleur joueur : Ben Yedder porte l’ASM

Evidemment, si on parle du joueur qui est capable de hisser son niveau de jeu plus haut que tout le monde, il faudrait récompenser Neymar. Oui, Mbappé a encore fini meilleur buteur du championnat. Mais nous avons décidé de nous démarquer en nommant Ben Yedder, tout simplement énorme avec l’AS Monaco, dans un collectif qui tourne beaucoup moins bien. L’international français, revenu de Séville, n’a pas perdu ses bonnes habitudes toulousaines devant les cages françaises, en empilant les buts. Il ne s’agit pas de vulgaires ballons à pousser au fond, mais bien de quelques bijoux : il suffit de regarder l’ensemble de ses 18 buts pour voir que beaucoup n’auraient pas cadré certaines réalisations du numéro 9. Décisif, impliqué dans le jeu, Ben Yedder nous a régalé, et on regrette que son entente fantastique avec Slimani soit vouée à ne pas continuer, puisque l’Algérien ne continuera pas l’aventure en Principauté. Espérons que son compère, très courtisé, reste en Ligue 1 pour nous régaler…

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Le meilleur gardien : Mandanda de nouveau en forme

Résumer la seconde place de l’OM à la grande saison de Mandanda serait réducteur. Villas-Boas a réussi à rendre son équipe globalement plus solide, avec notamment Kamara en sentinelle dans un 4-1-4-1 compact, où Rongier et Sanson ont aussi un rôle important à jouer. Mais il serait aussi faux de ne pas reconnaître que le niveau retrouvé par le gardien phocéen contribue très largement à rassurer sa défense. De nouveau bondissant, le capitaine a multiplié les parades salvatrices qui ont empêché, cette saison, les adversaires de l’OM d’ouvrir le score ou d’égaliser : 10 des 15 victoires marseillaises ont été obtenues avec un seul but d’écart. S’il est impossible de calculer l’impact comptable de ses arrêts, chaque observateur s’accordera pour dire qu’il a réalisé une très belle saison, sans  doute parmi ses 3 meilleures au niveau personnel. On le place donc devant Rajkovic, également excellent devant une défense rémoise surprenante de solidité.

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La meilleure recrue : Dolberg retrouve des couleurs

Sur le papier, le pari n’était pas si risqué, mais il aurait pu être raté. Dolberg, en perte de vitesse à l’Ajax, faisait clairement un petit pas en arrière dans sa carrière en signant à Nice, dans l’optique de retrouver un contexte où il pourrait exprimer ses qualités. Le Danois a mis un peu de temps à se mettre en route, ce qui reste normal au sein d’une équipe jeune et en rodage, dans un projet tout neuf. La suite lui a donné raison, puisque, outre ses 11 buts – sans tirer de penalty – il a affiché des qualités bien différentes des autres attaquants du championnat. Pas particulièrement puissant, sans être un monstre de vitesse, le numéro 9 de l’OGC Nice a fait parler sa subtilité dans le dernier geste, sa pertinence dans les appels, et sa faculté à exploiter et optimiser le peu de situations favorables qu’il avait sous la dent. La qualification européenne de Nice devrait l’inciter à rester, et c’est forcément une bonne nouvelle pour le championnat.

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A noter que les autres clubs ont bien travaillé, puisque plusieurs recrues ont été intéressantes. Renato et Osimhen à Lille, Slimani à Monaco, Raphinha à Rennes, Hwang à Bordeaux, Ferhat à Nîmes ou Rulli à Montpellier ont montré de belles choses, ce qui nous pousse à les citer également.

Le joueur qui a le plus progressé : Bouanga, le Vert de l’espoir

Si l’AS Saint-Etienne a réalisé une saison catastrophique, malgré l’arrivée en cours de saison de Puel sur le banc, Bouanga aura réussi son exercice sur le plan individuel. Le Gabonais, surtout sous l’égide de Puel, a brillé en étant le joueur offensif que cherchaient en priorité ses partenaires, quand bien même figuraient dans l’effectif des joueurs plus confirmés comme Boudebouz, Khazri ou Hamouma. Très mobile sur tout le front de l’attaque, parfois utilisé seul en pointe ou sur un côté, Bouanga a confirmé son excellent exercice précédent à Nîmes, au point de s’affirmer comme un joueur sur qui on peut compter pour être régulièrement décisif en Ligue 1.

Nous aurions également pu citer Reine-Adélaïde, freiné par sa blessure, Aouar, qui a pris ses responsabilités en son absence (et celle de Depay), Court qui s’affirme comme un passeur de premier plan à Brest, Diallo qui assume son statut de buteur de Metz, et Kamara qui commence à confirmer les promesse entrevues à Marseille. Enfin, Soumaré a prouvé qu’il était un joueur plus qu’intéressant, au point que le Losc essaie même de le vendre dès l’hiver dernier.

La révélation de l’année : Camavinga, comme une évidence

La tentation d’aller à contre-courant est grande, mais cela serait malvenu de ne pas parler de Camavinga. Le plus grand espoir français a explosé cette saison à Rennes, qui termine sur le podium. Difficile de l’imaginer si jeune quand on le regarde sur le terrain, où il ne cesse de demander la balle, là où beaucoup de débutants choisissent parfois (de façon presque plus logique) de se cacher. Son gros volume de jeu impressionne moins que la précision assez folle de son pied gauche, et de sa capacité à ne pas subir la pression adverse, même s’il pourrait parfois jouer de façon plus verticale. Là encore, le jeune milieu rennais détonne : un gamin qui veut faire ses preuves tenterait peut-être plus de choses pour se démarquer, lui joue comme un vieux briscard, qui assure, quitte à parfois ne pas prendre le risque qui pourrait faire la différence. On espère le voir rester à Rennes, où l’arrivée d’un Nzonzi lui permettra sans doute de dévoiler encore un peu plus son talent sous nos yeux.

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S’il est encore tôt pour parler de Cherki, on peut citer Chouiar, joueur déroutant à Dijon, qui passera un cap quand il progressera dans la prise de décision qui suit un dribble. On peut aussi parler de la belle saison de Larsonneur à Brest, qui confirme ce qu’il a déjà accompli en seconde division.

Le flop : Toulouse, une saison en enfer

Si la saison n’avait pas été arrêtée, Toulouse aurait peut-être réussi à battre le record du nombre de défaites en Ligue 1 sur une saison. Malgré la présence de quelques bons éléments qui ont prouvé par le passé avoir le niveau du championnat, comme Isimat-Mirin, Dossevi ou Gradel, le Téfécé n’a pas réussi à trouver la bonne carburation, enchaînant les défaites, quelque soit l’entraîneur sur le banc. On soulignera la conférence de presse surréaliste de Kombouaré pour son intronisation, qui affirme ne plus regarder la Ligue 1 : s’il ne s’agissait pas de second degré, on atteint un haut niveau de grand n’importe quoi. Pas aidé par une défense aux abois, Reynet perd même sa place de titulaire, lui qui était un gardien plutôt bien considéré de l’élite. Quand rien ne va…

Parmi les autres flops, on peut aussi parler de l’ASSE et de la déchéance vécue par Ruffier. Ikoné (bien que toujours décisif) et Bamba ont eu du mal dans le jeu sans Pépé, tandis que Lecomte et Aguilar n’ont pas eu l’impact espéré à Monaco, eux qui souhaitaient peut-être se rapprocher du groupe France.