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Dans une saison forcément un peu spéciale, c’est le Losc qui a réussi à détrôner le PSG, remportant son second titre en 10 ans. D’autres équipes auront montré de belles choses, tandis que certains monuments du football français ont été en danger.

Lille tient son titre de champion

Au terme d’un championnat haletant jusqu’au bout, le Losc a réussi à terminer à la première place. La formation nordiste n’était pas forcément taillée pour la gagne, entre les moyens colossaux du PSG, ou le fait que l’OL ne joue pas de compétition européenne, et puisse ainsi se concentrer sur la Ligue 1. Galtier a réussi à créer une équipe solide (meilleure défense du championnat), qui a obtenu des points face à tous les gros, ne perdant que face à Brest, Angers et Nîmes. L’axe était bien gardée, entre Maignan, Fonte, Botman et André. Devant, les joueurs ont su être décisifs tour à tour : Bamba a réalisé une grande première partie de saison avant de moins bien terminer, mais le Losc pouvait alors compter sur David, fantomatique en première partie de saison, dans tous les bons coups en seconde. Si on a envie de souligner l’apport de Yilmaz, tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice, y compris les doublures. Cela renforce l’idée de titre collectif.

Décevant, le PSG ne renvoie évidemment pas la même unité. Seuls Navas et Mbappé ont réussi à tirer leur épingle du jeu sur l’ensemble de la saison, mais cela n’a pas suffi. L’OL, qui a longtemps cru au podium, voire au titre, paye sa fin de saison difficile : après une embellie à l’hiver, le manque de réalisme de certains joueurs ont empêché Lyon de monter plus haut, malgré les efforts de Depay et Paqueta. L’AS Monaco, réjouissante, paye son mauvais début de saison, mais le projet semble cohérent et aller dans le bon sens. D’autres équipes ont enchanté par leur football plein d’allant, comme Lens, Montpellier, Brest, et même par séquences Angers, Strasbourg, Metz et Lorient.

Au niveau déceptions, Bordeaux s’est fait peur, l’AS Saint-Etienne n’est plus qu’une équipe lambda du championnat, le projet de Nice peine à débuter, quand Nantes est carrément barragiste. Si Nîmes tombe relativement avec les honneurs, ce n’est pas le cas de Dijon, qui semble avoir démissionné bien trop tôt dans la saison. Néanmoins, le championnat a été serré jusqu’au bout, à tous les étages, le rendant plus agréable que d’habitude.

Le meilleur joueur : Mbappé aura tout essayé

Si le PSG n’a pas conservé son titre de champion, lui n’aura rien à se reprocher. Contrairement à d’autres cadres de l’équipe, Verratti et Neymar en tête, Mbappé a eu le mérite d’être toujours disponible, et décisif. Même lorsqu’il se cherchait un peu dans le contenu, essuyant des critiques pour avoir essayé de devenir trop complet, oubliant peut-être ses points forts, il a toujours marqué. Prolifique de bout en bout de la saison, plus cohérent en seconde partie, Mbappé reste une machine à scorer, et donc un atout majeur quand il s’agit de gagner des matches. Il ne peut cependant pas, à lui seul, gommer les errements défensifs de son équipe, ou compenser le manque de créativité de son milieu. Cependant, il aura été l’individualité la plus forte de la saison.

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Parmi les autres joueurs, Depay a été énorme, terminant l’exercice avec 20 buts et 12 passes décisives. Le Néerlandais a porté l’OL, avec des coéquipiers bien moins forts que lui devant. On citera évidemment Fonte et André, garants de la solidité lilloise. Parfois mis sur le banc, jamais boudeur, souvent décisif, Ben Yedder a prouvé qu’il était une valeur sûre du championnat avec l’AS Monaco.

Le meilleur gardien : Maignan, le gardien du temple

Est-ce que Maignan est capable de réussir, en Ligue des champions, les mêmes performances que Navas ? Probablement pas. Mais puisqu’on ne parle que du championnat, on peut affirmer que le portier du Losc a été le meilleur à son poste cette saison. Dernier rempart d’une formation qui ne concède pas grand-chose à ses adversaires, le Français a rassuré sur la ligne, mais également sur l’ensemble de la surface, rayonnant dans les airs. Pas fâché avec sa relance, Maignan semble être le prototype du gardien moderne. Est-il amené à succéder progressivement à Lloris en sélection ? Aujourd’hui, la réponse semble évidente.

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Intrinsèquement meilleur gardien du championnat, Navas a brillé à de nombreuses reprises. Au sein d’équipes plus exposées, Rajkovic, Oukidja et Bernardoni ont aussi réussi des performances de choix cette saison.

Le coup de cœur : Delort-Laborde, le duo magique

Ce n’est pas encore au niveau de Raul-Morientes, Cole-Yorke, Bergkamp-Kluivert ou Inzaghi-Shevchenko. Pourtant, le duo formé par Delort et Laborde a régalé sur l’ensemble de la saison. Avec respectivement 15 et 16 buts, les 2 compères – bien aidés par Mavididi, Mollet et Savanier – ont tout cassé sur leur passage. Buts en force, de la tête, des 2 pieds, en position acrobatique, suite à de jolis combinaisons : les supporters de Montpellier ont eu droit à beaucoup de spectacle, seules les équipes du top 4 présentant une attaque plus prolifique que celle du MHSC. Si la défense a fait défaut pour obtenir mieux que cette 8e place, cela n’empêche pas d’affirmer que la saison montpelliéraine et réussie. Et dire que le cliché consiste à dire que Der Zakarian est un coach qui ne pense qu’à bétonner…

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Notre second coup de cœur de la saison s’adresse au RC Lens, qui a joué un beau football, permettant à certaines individualités (voir plus bas) de se montrer. On aura aussi un petit mot pour le soldat Ripart, qui descend avec Nîmes, mais dont la dévotion reste la même, qu’il soit aligné latéral, meneur de jeu ou avant-centre.

Le joueur qui a le plus progressé : Tchouaméni a bien grandi

Elu par ses pairs meilleur espoir de Ligue 1, Tchouaméni est notre MIP (most improved player). Le Monégasque a joué comme un patron en seconde partie de saison, se découvrant même des envies offensives. Indissociable de Fofana, son compère du double pivot, il a réussi à gommer ses défauts majeurs cette saison : moins de perte de balle, plus de concentration. Aussi, sa maturité tranche avec Disasi ou Badiashile, autres espoirs de l’ASM amenés à grandir, mais pas encore aussi fiables pour le moment. Volume de jeu, passes vers l’avant, projections pour recevoir les centres en retrait : avec ce qu’il a montré cette saison, Tchouaméni n’était probablement pas si loin de l’équipe de France. On a hâte de le voir en Ligue des champions.

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Auteur d’une première partie de saison aboutie, Bamba a surpris par la maturité de son jeu. Il n’est plus qu’un simple accélérateur de particules. Mis en valeur dans le système lensois, Clauss a brillé. Créateur principal de Metz, Boulaya a prouvé qu’il avait les épaules et l’envie pour monter encore plus haut. Buteur appliqué dans le pressing, Hwang a fait parler la poudre, dans une équipe bordelaise qui ne produit pourtant pas beaucoup de jeu. Si Angers a pu produire des séquences intéressantes, c’est bien souvent parce que le jeu s’illumine dans les pieds de Fulgini. Efficace en première partie de saison, Dia a contribué au maintien de Reims, tandis qu’Ajorque a explosé les compteurs à Strasbourg. Dans son style toujours particulier, et alors qu’on attendait plutôt Diallo, le Volcano Bomber a surpris par son efficacité.

La révélation : Gouiri a tout d’un grand

Depuis des années, les supporters de l’OL se plaignent du traitement de Gouiri, qu’ils voyaient devenir la nouvelle star de l’équipe première. Si la communauté lyonnaise exagère parfois sur les réseaux sociaux, surtout quand on parle des jeunes de leur centre de formation, on ne peut que leur donner raison quand on observe l’attaquant désormais à Nice. Sans avoir forcément affoler pleinement les compteurs, Gouiri a brillé dans une équipe qui a longtemps cherché son football : Claude-Maurice s’est réveillé en seconde partie de saison, Rony Lopes n’a pas connu d’exercice plein, tandis que Dolberg a été fantomatique. Même sans partenaires d’attaque au top, le meilleur buteur et passeur de l’OGC Nice a montré, à chaque match, dans ses déplacements et ses prises de décision qu’il évoluait un cran au-dessus de ses partenaires. On espère que les propriétaires du club l’ont bien vu, et articuleront leur projet autour de lui.

Dans ce ce championnat, il y a chaque année beaucoup de joueurs qui se révèlent. Très en vue lors de la dernière Ligue des champions, Caqueret n’est pas encore titulaire indiscutable à Lyon, mais ses apparitions sont remarquées. Inamovible à Marseille, Kamara a réalisé une bonne saison, et aurait sans doute mérité une place à l’Euro Espoirs. Jeunes recrues à fort potentiel, Doku et David ont commencé à prendre leurs marques, et devraient faire du bien à Rennes et Lille la saison prochaine. Convoité pour son activité dans l’entrejeu, Sarr perpétue la tradition sénégalaise du FC Metz. Invité surprise de la saison, Green semble parti pour s’installer dans le but de Saint-Etienne. A l’ouest, Faivre a réalisé de jolies choses à Brest, montrant une certaine vision du jeu et une bonne technique. Lorient a vibré sur les coups de fusil de Laurienté, quand Nantes peut remercier Kolo-Muani pour son activité en pointe, et son efficacité devant les cages.

La meilleure recrue : Yilmaz, une affaire en Nord

Honnêtement, quand Loïc Rémy a quitté le Losc, on se demandait si les dirigeants se rendaient compte de l’importance d’avoir un joueur d’expérience devant, qui amène un état d’esprit au groupe, à défaut d’être toujours titulaire. Puis les Dogues sont allés chercher, gratuitement, Burak Yilmaz, 35 ans, qui n’avait jamais joué en dehors de sa Turquie. L’expérience du bonhomme était grande, mais allait-il s’adapter à un nouveau championnat ? La réponse est éclatante. Celui qui est surnommé « le Roi » dans son pays n’a pas mis longtemps à dompter la Ligue 1, jouant comme un mort de faim, avalant les espaces comme un petit jeune, fonçant comme un buffle, et dévoilant une rage de vaincre contagieuse. De toute l’histoire du championnat, on a rarement vu un joueur arrivé sans indemnité de transfert avoir une telle influence sur un titre. Chapeau l’artiste.

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Yilmaz n’est pas la seule bonne pioche lilloise : Botman a réussi une grande saison aux côtés de Fonte. Du côté de Monaco, Volland s’est très bien acclimaté au championnat, formant un duo complice avec Ben Yedder (Jovetic par moments), s’épanouissant parfaitement en second attaquant dans le 3-4-2-1 de Kovac. Autre attaquant en vue, Milik a fait du bien à l’OM en seulement une demi-saison. Son niveau semble bien supérieur au reste du championnat. Egalement venu de Série A, Paqueta a tâtonné, avant de devenir un élément central de Lyon. Outre sa qualité technique et sa faculté à être décisif, c’est son esprit combatif qui est apprécié. Si Lens a surpris tout le monde, c’est aussi grâce à ses recrues, Kakuta et Fofana et tête. On se demande encore, vu son niveau à l’Udinese et cette saison, comment le RC Lens a fait pour convaincre l’Ivoirien de les rejoindre. Enfin, Saliba s’est bien relancé à Nice, tandis que Moffi a été bien plus prolifique que prévu, participant grandement au maintien de Lorient.

Le flop : Nantes, monument en péril

Le FC Nantes n’est pas encore en Ligue 2, mais n’a pas encore sauvé sa place dans l’élite non plus. Barragiste, la formation amenée par Kombouaré a sauvé les meubles en toute fin de saison, mais même en cas de maintien, cela ne suffira pas à gommer l’amertume des supporters. Malgré plusieurs joueurs talentueux comme Blas, Louza ou Kolo-Muani, les Canaris ont trop longtemps proposé une bouillie de football cette saison. Kita, qui ne fait déjà pas l’unanimité, semble vouloir toujours aller plus loin, confiant même les rênes de son équipe à Domenech, qui n’avait plus entraîné depuis 2010 et le fiasco de la Coupe du monde. Beaucoup de fans du club, ou de simples nostalgiques, rêvent de revoir un semblant de jeu à la nantaise… même si cette notion ne veut plus rien dire en 2021.

Deuxième plus gros budget de France, l’OL ne disputait aucune compétition européenne et pouvait se concentrer sur le championnat, avec un effectif qui compte plusieurs joueurs dont le niveau individuel est très largement au-dessus du reste du championnat. Malgré un 4-3-3 qui a marché quelques semaines, le jeu lyonnais n’a pas convaincu dans la durée, et l’équipe termine presque logiquement derrière Monaco. Si Nantes a déçu, que dire de Bordeaux, également en crise identitaire et sportive ? Au niveau individuel, on soulignera que Chouiar et Ferhat ont largement le niveau pour jouer dans un club de milieu de tableau (voire mieux), mais qu’ils doivent le montrer sur toute une saison. Enfin, que dire de Neymar ? Le Brésilien a alterné entre blessures, cartons rouges, excès d’individualisme et (rares) coups d’éclat. Il signe son troisième championnat consécutif à moins de 20 rencontres disputées, alors qu’il devrait logiquement rouler sur la Ligue 1.