AvideceWopyBalab

Les deux dernières soirées de Ligue des Champions ont été riches en émotions. Alors qu’Amsterdam a terrassé la Juve, Tottenham rejoint le dernier carré pour la première fois de son histoire.

Ajax triomphe

C’était sûrement l’affiche la plus attendue de ces quarts de finale, et elle a tenu toutes ses promesses. On a retrouvé cette opposition de style entre une Ajax insolente, obligée de marquer pour survivre, et une Juve solidement campée sur son 4-3-3. Pendant vingt minutes, les visiteurs n’ont pas existé face au défi physique turinois, avant qu’un nouveau but de Ronaldo ne vienne sceller définitivement le sort de la rencontre, craignait-on. Oui mais voilà : en face, les coéquipiers de Frenkie de Jong ont mis en place leur jeu de pressing et de projection déjà si efficace au match aller. Mention spéciale à Donny Van de Beek, auteur de l’égalisation (34e) et omniprésent à la construction. L’erreur de Massimilano Allegri est peut-être d’avoir refusé de faire le jeu (pauvre Dybala), s’exposant à la maîtrise ajaccide. Mardi soir, l’histoire nous a offert un joli anachronisme : 23 ans après sa défaite en finale de la C1, l’Ajax et son homonyme de la guerre de Troie (1200 avant J-C.) ont consumé la Vieille Dame dans un silence de cathédrale.

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Barcelone, of course

Que dire de cette master-class au Camp Nou ? Une classe d’écart sépare les deux équipes, et souligne l’ampleur de l’échec parisien.Manchester y a cru dix minutes, Pogba et cie emplis d’espoirs de Remontada. C’était sans compter sur la force collective de ce Barça-là, qui n’a pas eu besoin de forcer son talent. Messi signe un doublé et n’a jamais autant pesé sur le jeu de son équipe (impliqué sur 66 buts en 42 matches) : à 31 ans, il réalise l’une des saisons les plus abouties de sa carrière… c’est ce qu’on dit chaque année. A noter également le bijou de Coutinho, qui a fait trembler les filets de De Gea pour la 3ème fois de la soirée. Ca valait un bien un petit message aux haineux.

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Liverpool éteint Porto

Sur une pelouse détrempée, les Reds ont soufflé la pluie et le beau temps, mercredi, à l’Estádio do Dragão. Surpris dès l’entame par des Portugais joueurs, les hommes de Jürgen Klopp n’enchaînaient pas deux passes, multipliaient les fautes, bref, bégayaient leur football. Ils s’en sont finalement remis au génie de leurs stars, Mohammed Salah et Sadio Mané. Le premier sert le second sur l’ouverture du score (28e), puis se charge de conclure un contre magistral à l’heure de jeu. Les locaux, dominateurs dans la possession et les tirs, ont logiquement réduit l’écart par Eder Militão. Mais ce sont bien Firmino (77e)  et Van Dijk (84e), autres tauliers côté Reds, qui viendront clore une partie ouverte de bout en bout. Le Liverpool 2019 n’est peut-être pas aussi flamboyant que la saison dernière, mais diablement plus efficace.

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Les Spurs au bout de la folie

Le match aller de ce duel anglo-anglais nous avait offert un match tactique, cadenassé par l’enjeu et le plan prudent de Guardiola. Hier soir, on a eu complètement l’inverse : deux équipes affamées, des prises de risque permanente et un ascendant quasi-systématique de l’attaque sur la défense. Dès la onzième minute, un doublé de Son vient répondre à l’ouverture du score précoce de Raheem Sterling ; il faut alors trois buts à City pour espérer la qualification. Puis Bernardo Silva égalise, De Bruyne se fâche et distille deux passes décisives de génie pour Sterling et l’inévitable Sergio Aguëro ; le comeback parfait. La sortie de Sissoko a fait beaucoup de mal à Tottenham, malgré les prestations stratosphériques de Heug-Min Son et Victor Wanyama. En seconde période, les Citizens avaient l’air de cyborgs, faisant peser une menace constante sur la défense adverse à une vitesse presque insensée. Ironie du sort, c’est sur un but pas du tout académique que la machine s’est enrayée : un geste maladroit de Llorente, un coup de hanche qui ne finira pas de faire parler (voir par ailleurs). La fin de match est haletante, et s’achève par un nouveau but de Raheem Sterling… Du moins, c’est ce que l’on croyait. On n’aurait pas aimé être un supporter de City à l’Etihad Stadium lorsque s’afficha le message indiquant l’annulation du 5ème but pour une position de hors-jeu de Bernardo Silva. Tottenham écrit l’histoire, City sort par La(petite)porte.

[well_tb]Bilan : logique et irrationnel

Ces quarts de finale retour sont pleins de paradoxes. D’un côté, on a vu l’Ajax et Tottenham renverser des situations dantesques à l’extérieur face à des prétendants sérieux à la victoire finale. De l’autre, Liverpool et le Barça ont respecté leur rang sans trop de difficulté. Certains joueurs se sont révélés (Von De Beek, Wanyama), d’autres ont confirmé (Messi, Salah). Les mauvaises langues pointeront l’arbitrage vidéo comme responsable de tant d’injustices : Mané était peut-être hors-jeu, Llorente a sûrement fait main, la passe de Bernardo n’avait rien de volontaire. Accuser le car-régie pour toutes ces faits de jeu serait un mauvais diagnostic ; la vidéo n’a jamais eu la prétention d’établir la vérité. Ce qui n’empêche pas de s’interroger sur ses modalités d’application (angles choisis, vitesse des ralentis, épaisseur de la ligne de hors-jeu). Le VAR ne fait qu’ajouter une touche de dramaturgie à un spectacle magnifique d’une intensité rare, ce pourquoi on aime la Ligue des Champions.

Ces quarts de finale marquent aussi la victoire de l’audace sur le calcul, du caractère sur la tactique. Pep Guardiola l’a bien résumé en conférence de presse : « Une fois j’ai gagné une finale avec un seul tir cadré, et une autre j’ai été éliminé malgré 33 tirs : c’est le football ! » A méditer.[/well_tb]