AvideceWopyBalab

Dans cette nouvelle rubrique de PKFoot, je vous fais part de mes observations sur le jeu, lors de matchs observés durant la semaine. Pour cette première édition, j’évoque le cas Paredes, et les 2 clubs de Manchester.

Paredes, footballeur d’un temps révolu

J’ai d’abord regardé la composition d’équipe selon la feuille de match de ce Dijon-PSG : une défense Dagba, Kimpembe, Diallo, Bernat, et un milieu Marquinhos, Gueye, Paredes. Jusque-là, Tuchel fait du classique, même si on peut se demander si 2 gauchers en charnière centrale iront bien ensemble (question qu’on ne se pose jamais pour 2 droitiers bizarrement), ou si Paredes arrivera à être utile en relayeur. Le match débute, et là, surprise : Diallo colle la ligne de touche, et Bernat est en position de milieu. Contrairement à ce qu’indiquait la feuille de match, c’est bien Marquinhos et Kimpembe qui forment la défense centrale, Diallo est à gauche, Paredes en pointe basse du milieu, et Bernat en relayeur gauche. Mouais… Cette composition originale soulève des questions.

  1. On se prive donc de Bernat sur l’aile gauche. Sans être Jordi Alba de la grande époque, ses déboulés sont bien utiles habituellement.
  2. Diallo n’a pas d’apport offensif prononcé, pas plus que Dagba : impossible d’écarter le jeu.
  3. Le trio du milieu n’est pas assez créatif pour compenser ce faible apport des latéraux. Autrement dit : les attaquants Mbappé-Di Maria-Icardi ne vont pas beaucoup voir le ballon.

Après tout ça, on est en droit de se demander pourquoi, ou plutôt pour qui, Tuchel a fait cette mise en place. Le seul gagnant de ce schéma, sur le papier, est Paredes. En pointe basse, il a – en théorie – le temps de contrôler, de regarder le jeu, et de distiller des bons ballons. Mieux encore : le fait qu’il ne se projette pas beaucoup balle aux pieds est compensé par Gueye (en théorie), et son faible volume défensif est compensé par Gueye et Bernat (en théorie, là encore). Alléchante idée pour les fans de l’Argentin, mais dans les faits, l’équipe a été sacrifiée pour un joueur… qui a tout raté. Ouvertures en sorties de but, dribbles prévisibles, incapacité à récupérer le ballon proprement : même son tir sur le poteau ne sauvera pas son match. Et avec un Paredes fantôme, c’est tout le milieu construit pour lui qui a complètement manqué de créativité. On peut s’avancer en disant que Verratti aurait fait mieux, ou qu’il était peut-être préférable d’opter pour un milieu Marquinhos-Gueye-Sarabia… Un milieu aussi peu créatif peut ne pas pénaliser l’équipe quand les latéraux s’appellent Alexander-Arnold et Robertson, mais ça ne marche pas avec Dagba et Diallo.

D’ailleurs, il semblerait que les joueurs en aient pris conscience. Le but parisien vient d’un décrochage de Mbappé, sans doute fatigué d’attendre d’être servi. Sa passe ratée est récupérée par Di Maria, qui a également décroché pour gagner ce second ballon. La qualité de passe de l’un, et la qualité de finition de l’autre, permettront une ouverture du score complètement illogique par rapport à ce que Tuchel a voulu mettre en place. Favoriser, en 2019, un joueur aussi unidimensionnel que Paredes relève de l’irrationnel. D’autant plus qu’il n’a pas l’apport d’un Pirlo, pour qui ses partenaires se sacrifiaient plus volontiers.

Alors évidemment, le but n’est pas de dire que le PSG a perdu à cause du seul Paredes. Dans les séquences en 3-4-3 de la seconde période, Dagba a été trop inoffensif, là où Kurzawa, entré en jeu, manque de peu de finir le match avec 2 passes décisives. En outre, Icardi ne fera pas beaucoup de matches avec 5 opportunités gâchées, et la défense a été trop fébrile. Avec un peu plus de qualité à la passe, et un attaquant plus complet, Dijon – qui a obtenu 5 tirs cadrés rien qu’en première période – se créait beaucoup plus d’occasions sur les errements parisiens. La seule certitude qu’on peut avoir, c’est qu’il serait dommage de se cacher derrière un état d’esprit défaillant, même s’il l’a sans doute été. Car le principal problème, c’est bien la tactique de Tuchel sur ce match.

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L’académie sans stars

S’il y a une chose à ne pas faire, c’est bien de regarder un match de Manchester United avec espoir. Et pourtant, on ne peut pas s’en empêcher. Alors j’ai regardé ce match à Bournemouth, et j’ai assisté à une entame aussi enthousiasmante qu’inattendue. Martial omniprésent dans l’axe, qui décroche, sert de rampe de lancement pour propulser la fusée James, de l’envie, du jeu, de quoi se réjouir! Mais comme souvent depuis ces dernières années, j’ai déchanté. Pour plusieurs raisons.

  1. Quand Martial décroche et lance James, le Gallois centre pour Fred ou Pereira. Autant dire que ça ne représente aucun danger pour l’adversaire. Rashford ne pouvait-il pas se retrouver au centre?
  2. Pour être plus proche de la zone de vérité, Martial a arrêté de proposer des solutions plus bas. Problème : il a laissé à Fred et Pereira le soin de s’occuper de ça. Autant dire que même un Mata en perte sèche de vitesse depuis des saisons a manqué.

Un regard objectif sur le match permet de l’affirmer : malgré le prestige inhérent au club, les Red Devils sont pour la plupart des joueurs moyens, faits pour le ventre mou. Parmi ceux présents sur la pelouse, lesquels pourraient être titulaires dans un club qui a le niveau pour viser le titre en Angleterre? De Gea. C’est tout. Certains auraient sans doute du temps de jeu (Martial, Rashford, James), mais ça s’arrête là. La relance, assurée par Lindelöf – normalement correct dans ce domaine – Maguire et McTominay, a été très mauvaise. Le milieu McTominay-Fred est trop pauvre techniquement pour proposer le moindre décalage, la moindre projection, le moindre danger… même si l’Ecossais a au moins le mérite de se battre. On ne peut pas demander aux latéraux Young (cramé) et Wan-Bissaka (profil défensif avant tout) de prendre en charge le jeu. Et que dire de Pereira?

https://twitter.com/VinsOu/status/1190625070424698885

Sur le papier, il a tout pour plaire : la nationalité brésilienne qui fait espérer un joueur technique, issu de l’académie qui a sorti des monstres, surtout aux yeux des trentenaires ou plus, qui ont connu la promo de 92 avec Beckham, Giggs, Scholes, Butt et les frères Neville. Mais de quand date le dernier crack sorti du centre de formation? Dernièrement, et avec un poil de mauvaise foi vu qu’on n’oublie pas Rashford, on a plutôt vu Lingard sortir du centre. Un joueur qui n’a pas marqué ou fait une passe décisive en Premier League en 2019, et pour qui une fulgurance (son but en solitaire face à Leicester par exemple) est le résultat d’une cinquantaine voire plus de tentatives sans queue ni tête. Pour Pereira, qui a tout raté face à Bournemouth, le ratio est pire encore. Le Brésilien n’a même pas réussi à tirer ne serait-ce qu’un corner correctement…

Le contexte actuel , sans tauliers capables d’encadrer les jeunes qui arrivent, sans équipe solide et aux idées claires, n’aide pas à la progression de joueurs. La comparaison est dure entre la courbe de Rashford, de loin le plus prometteur des gamins du centre de formation, et Sterling, métamorphosé sous Guardiola. On se demande même si Eddie Howe, qui maximise – via ses idées de jeu – le rendement de l’effectif moyen dont il dispose, ne ferait pas mieux avec un effectif comme celui de son adversaire du week-end. Se poser la question, c’est déjà y répondre…

Un mental de champion

D’un côté, Manchester City, son statut de champion en titre, et son attaque de feu. De l’autre, Southampton, une équipe qui a subi quelques déconvenues ces derniers temps, avec en point d’orgue cette humiliante défaite 0-9 face à Leicester. Et qui a ouvert le score? Ce sont bien les Saints, bien aidés par une faute de main d’Ederson. On pense alors que les Citizens vont dérouler pour égaliser, que ce n’est l’affaire que de quelques minutes, et qu’ils vont s’imposer tranquillement, comme d’habitude. Que nenni.

Southampton a fait un choix d’apparence suicidaire, et qui a bien failli être gagnant : se replier devant son but. On a eu droit à plusieurs longues séquences en 5-3-2 voire 5-4-1 avec le seul Redmond « devant« . Les 2 autres lignes, très resserrées, se situaient dans la surface, 3 mètres devant et 3 mètres derrière le point de penalty. Alors on peut pointer du doigt le manque d’ambitions, mais encore faut-il préciser le mental nécessaire pour accepter de subir si longtemps, et pour rester concentrés sur une tâche si ingrate pendant une heure.

Vu sa qualité, Manchester City s’est quand même créé des occasions, mais ne s’attendait sans doute pas à tomber sur une telle hargne des Saints. Le match ressemblait vraiment à la demi-finale de l’Euro 2000 entre l’Italie et les Pays-Bas, lorsque les Italiens, réduits à 10 suite à l’expulsion de Zambrotta, ont choisi de matérialiser comme jamais le mot « catenaccio« . C’était un vrai match de coupe, avec la nervosité qui a fait rater quelques gestes simples à Bernardo ou Aguero, pourtant impeccables habituellement. Et si Angelino a été trop faible à gauche, c’est son homologue de droite qui va sauver les siens. Walker va d’abord offrir l’égalisation à Aguero d’un centre très tendu que beaucoup n’auraient pas réussi à mettre dans le cadre. Le latéral droit va ensuite égaliser, dans ce qui ressemble fort à une victoire de futur champion. Problème pour les pronostiqueurs : Liverpool a sorti le même match face à Aston Villa.

Et sinon

  • Je vous invite à regarder le but d’Abraham contre Watford, et de Kamano face à Nantes. Vous arriverez peut-être à déterminer qui réussit la plus belle passe entre Jorginho et Hwang.
  • Si on continue sur cette cadence, le champion d’Espagne aura 76 points. Ce serait une première depuis 2007. Les grands d’Espagne manquent clairement de certitudes cette saison.
  • Le combo « je me troue-je reviens faire la faute pour prendre mon carton rouge » de Boateng aide à comprendre pourquoi le Bayern Munich voulait s’en débarrasser. Dur pour une ancienne référence du poste, il y a encore quelques saisons.
  • Leipzig nous ferait presque croire que Red Bull donne vraiment des ailes : 8-0 face à Mainz.
  • Le début de saison d’Harit, encore sauveur de Schalke face à Augsbourg, est monumental.
  • Jusqu’où ira Famalicão, le nouveau jouet de Jorge Mendes? Surtout, jusqu’où peut aller l’influence de cet agent?
  • On souhaite un bon rétablissement à André Gomes.