AvideceWopyBalab

Cette semaine, on parle de Lautaro, l’attaquant du futur. On évoque aussi le match fou de Payet, et la connexion prometteuse entre Davies et Coman.

Le taureau Martinez

Certains le comparent à Tevez, sans doute par rapport à son gabarit, son poste, et sa nationalité. Si on y regarde de plus près, Lautaro a bien quelques similitudes avec l’Apache, mais surtout un jeu qui lui est propre – qui est aussi très propre – et bien plus intéressant qu’on ne le pense, comme le montre son match face à Dortmund. On l’avait vu lors de la dernière Copa America, le joyau de l’Inter Milan ne se cache jamais, et ça se confirme en Ligue des champions.

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Pour apercevoir la panoplie du joueur, il y a d’abord son but. Il anticipe le fait qu’Akanji puisse se trouer, prend trop de vitesse pour le pauvre Hummels, et s’échappe. J’ai alors pensé qu’il avait loupé le coche en ne servant pas Lukaku, mais il s’est bien rattrapé en se mettant en position de frappe. Malgré la vitesse de l’action, il a la lucidité de feinter la frappe pour ne pas se faire contrer par le retour de Weigl, avant de faire preuve d’un calme olympien sur la finition. Du grand art.

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Puis, il y a le second but de son équipe. Ce qu’il fait est bien plus fou : alors que Brozovic le sollicite suite à un joli slalom entre les plots (ou joueurs pas très agressifs) de Dortmund, et qu’un une-deux semble s’imposer de lui-même, Lautaro en décide autrement. Il oriente son contrôle de l’autre côté du jeu, et envoie une transversale magnifique – plus proche de Rooney que de Tevez pour le coup – destination Candreva, qui servira Vecino pour le but du break. La vitesse de son enchaînement laisse penser qu’il savait avant de recevoir le ballon qu’il devait faire ça. Vision du jeu improbable ou circuit travaillé et automatisé avec Conte? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut être sacrément bon techniquement pour réussir pareille prouesse.

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Mais ce n’est pas tout. Lautaro n’est pas un génial autiste, décisif sur quelques actions mais invisible le reste du match. Au contraire, il ne cesse de proposer des solutions, il permet au bloc de remonter grâce à une conservation de balle intéressante, il oriente superbement le jeu, et aime combiner, comme lorsqu’il sert Skriniar sur cette improbable montée en première période, ou qu’il remise pour Brozovic sur la même action. Si le reste de l’équipe s’est éteint durant le second acte, on ne peut pas lui reprocher d’avoir essayé, mais il était définitivement isolé, comme sur cette action où il garde la balle miraculeusement autour de 3 adversaires, se dépatouille du marquage… mais n’a personne avec qui combiner. Quoi qu’il en soit, la défaite n’enlève rien à sa belle prestation, et aux promesses affichées.

Fast and Furious

Il y a évidemment beaucoup à dire sur ce choc entre le Bayern Munich et le Borussia Dortmund, écrasé par le champion en titre. Entre la différence physique dans les duels, où on avait l’impression de voir des poids lourds marcher sur des poids plumes, et la différence tactique, où on a vu des joueurs du Bayern en supériorité numérique partout sur la pelouse, Dortmund n’avait que peu de chances de gagner. Et encore moins en passant par le côté gauche de son adversaire.

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En raison des blessures (Süle, Hernandez) ou de suspension (Boateng), Alaba a pris place dans l’axe de la défense, laissant la position d’arrière gauche à Davies, habituel ailier. Devant lui, il trouvait un Coman en forme, pour un duo explosif. Le Canadien et le Français ont un point commun : une pointe de vitesse ahurissante, qui a empêché Sancho – certes en méforme – et Hakimi de les prendre de vitesse ne serait-ce qu’une fois. Mieux encore, l’entente a également été cordiale balle aux pieds, avec un Coman venu aider très bas son coéquipier, et ravi de remonter la balle à toute vitesse. On a donc eu droit à des déboulés spectaculaires sur plus de 60 mètres, et des dédoublements de Davies au bon moment, offrant au Français la possibilité de passer la balle ou de s’ouvrir le jeu en se recentrant. La puissance visuelle de ces remontées rapides a probablement accentué l’impression de domination, mais on peut dire que le duo a roulé sur le couloir droit de Dortmund.

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Davies et Coman peuvent-ils devenir les nouveaux Alaba-Ribéry? Difficile à dire. Alaba, s’il dépanne dans l’axe, reste meilleur à gauche, et dispose de plus d’expérience et d’un meilleur niveau global que Davies. Surtout, en position centrale, il pourrait être léger face à un avant-centre qui met de l’impact, ce que ne pouvait pas faire Gotze. En outre, il est difficile de faire des prévisions sur les prochaines compositions d’équipe, puisqu’un nouvel entraîneur devrait arriver. Mais ce match face à Dortmund – avec également un Müller retrouvé et un Lewandowski toujours égal à lui-même – permet au moins de montrer que, dans la rotation et pas forcément dans les gros matches, le duo Davies-Coman est plus que crédible face à une équipe plus faible et permettant de jouer en transitions. Et ça tombe bien : c’est le cas de presque toutes les équipes de Bundesliga.

L’artiste Payet

Pas besoin d’être un observateur avisé pour se rendre compte que Payet a réussi une première mi-temps fantastique face à l’OL. Après ses déclarations sur son ancien entraîneur, aujourd’hui sur le banc adverse, le meneur de jeu de l’OM a assumé sur le terrain. Sans ballon, il s’est placé très bas pour aider Amavi face à un duo Dubois-Traoré qui n’a pas eu beaucoup d’opportunités de s’exprimer. L’action la plus représentative de son implication défensive reste son tacle parfait sur l’action du second but marseillais.

Avec le ballon, l’artiste a été encore plus impressionnant. Il a régalé de passes courtes et longues, dont beaucoup de l’extérieur du pied. Il a aussi – et surtout – signé des remontées de balle rageuses, éclatant nos rétines par une impression implacable de puissance, de domination sur la rencontre. Si on ne tient pas compte des lacunes tactiques des 2 équipes, et qu’on se contente de contempler, on pouvait voir un joueur voler sur la rencontre, comme cela peut arriver lors d’un match passé dans un état second.

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Des questions se posent alors. Les fans marseillais se demanderont sans doute pourquoi leur meneur de jeu ne joue pas comme ça à chaque fois, pointant du doigt sa motivation quand il n’a pas de compte à régler, avec Garcia en l’occurrence. Certains utiliseront les poncifs de joueurs qui choisissent leurs matches. On nuancera en précisant que chaque joueur aimerait évoluer à son niveau maximum à chaque rencontre, et que le conditionnement (physique, tactique, mental) pour être au top ne peut pas être optimal à chaque fois. On préfère donc remercier les athlètes pour ces rares moments de magie, plutôt que de les accabler de ne pas banaliser l’extraordinaire.

Et demain? Cette victoire règle-t-elle tous les problèmes marseillais? Assurément, non. Le trio d’attaque était assez insolite, puisque ni Benedetto, Lopez et Payet (qui de toute façon était dans une position plus basse que les 2 autres) ne peuvent prendre la profondeur. Cela n’a que peu de chances de marcher sur le long terme, à moins d’avoir la maîtrise technique de l’Espagne qui jouait parfois avec Fabregas en avant-centre, mais l’OM ne l’a pas, pas plus que toute équipe de Ligue 1. D’ailleurs, on n’a pas vu Benedetto. De plus, l’expulsion d’Alvaro a forcé l’OM à conserver – intelligemment et efficacement – le ballon sur les ailes, pour ne pas le perdre dans une zone dangereuse, gratter une touche et gagner du temps. Au plus fort de l’élan lyonnais, qu’aurait fait le onze de l’OM? Aurait-il continué à jouer normalement et à s’exposer? Aurait-il tenu jusqu’au bout de cette façon? Difficile à dire. Les interrogations sont tout aussi nombreuses que les satisfactions lors de ce match. Ce qui est sûr, c’est que la victoire va faire du bien aux joueurs comme aux supporters. Et c’est déjà pas mal.

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Et sinon

  • Dans la vie, il faut faire des choix. Regarder Dortmund-Inter Milan équivaut à se contenter d’un résumé (même long) pour l’incroyable Chelsea-Ajax, joué au même moment.
  • Auteur d’un triplé et d’un passe décisive contre Galatasaray, Rodrygo est peut-être (cela reste à confirmer) le joueur que rêve de devenir Vinicius Jr.
  • Icardi qui parvient à marquer le but de la victoire au sein d’une équipe qui ne joue pas mieux que son adversaire : cette semaine au PSG lui a sans doute rappelé son passé à l’Inter.
  • Les gens retiendront sans doute sa patate en lucarne, mais quel match complet de Nainggolan face à la Fiorentina. Le milieu de Cagliari a mangé l’équipe adverse, et finit avec 1 but mais surtout 3 passes décisives somptueuses.
  • C’est quand même plutôt confortable de pouvoir faire entrer Dybala. Le joyau de la Juventus Turin a fait la différence face à l’AC Milan sur une action réservée aux grands talents.
  • Il y a définitivement un Manchester United avec et sans Martial, même si le Français ne peut pas tout faire tout seul.
  • Buteur lors du choc face à Manchester City, Fabinho s’impose sans bruit comme l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste.