AvideceWopyBalab

Cette semaine, on a été séduit par l’Atalanta et le Napoli, qui ont produit du beau jeu, avec une volonté clairement affichée. On a aussi observé les faiblesses du FC Barcelone sans ballon.

La victoire d’un collectif

Match observé : Atalanta 3-2 Lazio

Si la Juventus dispose sans doute de l’effectif le plus complet d’Italie, la majorité des observateurs s’accordent pour dire que l’Atalanta et à la Lazio pratiquent le football le plus attractif en Série A. Leur confrontation était donc prometteuse sur le papier, et s’est montré intéressante sur le terrain. En début de match, Zapata s’offrait la première occasion chaude suite à une désastreuse relance de Strakosha. Malgré la position haute de la ligne Gomez-Zapata-Malinvoskyi, la défense laziale s’évertue à relancer court, parfois de façon caricaturale, jouant avec le feu, comme en témoigne cette première occasion. L’action suivante permet de comprendre pourquoi : une fois passé les 2 premières lignes adverses, via des passes verticales au sol, ce sont des boulevards qui s’ouvrent pour une Lazio qui ne se prive pas d’en profiter, et de marquer 2 fois. Inzaghi n’a pas le choix : il ne peut pas demander à son équipe d’allonger, puisque Correa et Immobile n’ont pas la puissance pour être trouvé sur des longs ballons dos aux buts et faire remonter le bloc. D’ailleurs, l’Atalanta récupère facilement le ballon dès que son pressing oblige la Lazio à jouer long.

A l’inverse, l’Atalanta impose à la Lazio de jouer en bloc bas, puisque toute tentative de pressing est vite cassée. On voit donc les visiteurs défendre proche de leur surface, et concéder quelques occasions… sans qu’on ne sache si cela suffira. En effet, si la Dea contrôle bien le jeu, et « mérite » (notion relative) d’égaliser puis de prendre l’avantage, il manque un peu de justesse dans le dernier geste. Sans Ilicic, Gomez est le seul avec suffisamment de magie dans les pieds pour déséquilibrer la défense romaine. Le Slovène, qui se procurera une belle occasion suite à un relais avec Muriel, quelques minutes à peine après son entrée en jeu, est indispensable pour que Papu ait un équivalent à droite.

Finalement, les Lombards trouvent des solutions collectivement, via du mouvement en équipe, comme en atteste le but de Gosens sur un centre d’Hateboer, soit le piston gauche sur une passe du piston droit, la définition même du football total. Capable de combiner, de trouver des espaces face à une équipe recroquevillée, mais aussi d’être efficaces sur coups de pied arrêtés, l’Atalanta est également forte mentalement, comme le prouve cette victoire après avoir été menée de 2 buts. Sans individualité parmi les meilleurs mondiaux (malgré toute l’affection que j’ai pour Gomez et Ilicic), mais avec des idées sur le plan collectif, l’Atalanta est une bouffée d’air frais cette saison, comme pouvait l’être l’Ajax lors de la dernière Ligue des champions. Merci messieurs.

Trop fragile sans ballon

Match observé : Celta Vigo 2-2 FC Barcelone

Si Nolito n’avait pas raté la balle de match, avec un tir manqué qui ressemble plus à une passe pour ter Stegen, on parlerait sans doute de désastre pour le FC Barcelone. Ne pas gagner face au Celta Vigo, équipe mal classée mais qui dispose de belles individualités, n’a rien de déshonorant. Personne n’est à l’abri d’un faux pas, et un hold-up est toujours possible. Sauf que ce samedi, on n’aurait pas parlé de braquage, puisque malgré une domination dans la possession, le Barça n’a pas réussi à rendre inoffensif son adversaire, qui s’est créé bien trop d’occasions. On pense notamment à celle que leur offre ter Stegen sur une très mauvaise passe, qui n’aboutit pas suite à un manque de communication entre Smolov et Iago Aspas, le premier ne servant pas le deuxième qui était seul. Il y a aussi cette seconde occasion où, lancé en profondeur, c’est cette fois-ci Iago Aspas qui ne sert pas son partenaire, alors que le jeu l’imposait… et qu’il avait pourri son partenaire pour l’avoir fait. Il y a également ce joli tir de Nolito que sauve ter Stegen à la 80e minute, ou cette occasion de Gonzalez qui finit sur le poteau en première période : seul joueur mobile, il est logiquement trouvé dans une défense catalane bien trop passive.

On ne reproche pas au FC Barcelone de concéder des occasions, puisqu’il est impossible de réduire complètement au silence un adversaire. Ceci étant dit, quand on termine à 67% de possession, avec parfois des pics à 75%, on ne doit pas être autant en danger. Autrement dit : cette formation fait le boulot avec le ballon, mais est bien trop friable quand elle ne l’a pas, et ne sait pas gérer les transitions rapides. C’est dommage pour les Blaugrana, puisqu’il y a quand même quelques points positifs, notamment en première période, entre un Rakitic en jambes et un Riqui Puig qui ne se cache pas. Suarez, peu présent dans le jeu, mais diablement efficace, a permis de limiter la casse, là où Messi, auteur de belles passes, a manqué de justesse sur 2 fenêtres de tirs dégagées à 20 mètres qu’il ne rate habituellement pas. Dominateurs, les Catalans sont plombés par leurs propres erreurs : le premier but survient suite à une passe manquée de Rakitic, qui ne suit pas son joueur derrière, tandis que lui comme Umtiti reviennent au petit trot alors que Piqué a tout fait pour freiner Okay, qui trouve un Smolov pas inquiété par un retour du Croate ou du Français. J’avoue ne pas avoir compris pourquoi, en seconde période, cette équipe s’est parfois mise à jouer de longs ballons… alors qu’il n’y a personne qui a le profil pour réceptionner devant. Sur ce match, le Barça donnait un peu l’impression d’être comme le Liverpool à l’arrivée de Klopp, capable de marquer à chaque phase, mais aussi de concéder une occasion franche trop facilement. Certains culés doivent avoir le cul entre 2 chaises, entre garder leur ADN à 100%, ou devenir une machine hybride et moderne comme les Reds

Pour améliorer ce Barça, on avait pensé à plusieurs joueurs. Certains auraient sans doute fait du bien lors de ce match face au Celta Vigo.

Une occupation parfaite des espaces

Match observé : Naples 3-1 Spal

Le résultat ne met pas assez en relief la performance aboutie de Naples. Depuis la prise de fonction de Gattuso, je n’avais eu l’occasion de voir cette équipe que contre le FC Barcelone, soit pas forcément l’équipe face à laquelle on peut imposer le mieux ses idées, surtout dans un contexte de match aller, où on souhaite avant tout ne pas hypothéquer toutes ses chances pour la manche retour. Si ce match face à la Spal, soit une opposition évidemment plus faible, reflète ce que Rino souhaite instaurer, c’est très clair visuellement, spectaculaire pour le spectateur, et prometteur pour le supporter, puisqu’il faut rappeler que Gattuso n’est arrivé qu’en décembre dernier.

https://twitter.com/IlNapoletanoo/status/1277306777772666881

Disposée en 4-3-3, le Napoli s’évertue à occuper intelligemment les espaces pour toujours donner du temps et/ou des options à celui qui reçoit la passe. Aucune ligne, même de 4 ou 5 joueurs, ne peut quadriller tout un terrain en largeur, tout comme aucun onze ne peut quadriller toute la longueur du terrain. Il s’agit donc pour chaque joueur de se proposer dans un espace où il est atteignable via une passe qui casse les lignes (trajectoire du ballon entre 2 attaquants ou 2 milieux adverses) et/ou dans un espace libre (isolé sur un côté par exemple, avec le temps de contrôler). Cela semble primaire, mais c’est déjà brillamment exécuté à Naples. Il suffit de voir la 22e minute, où on a droit à une magnifique remontée de balle qui commence par Meret. Le gardien attend d’attirer des joueurs sur lui pour jouer sur Rui, éliminant 3 joueurs par son ouverture, jusqu’à atteindre les derniers mètres adverses pour une frappe ratée de Fabian. On peut aussi parler de cette 28e minute, avec une remontée de balle magnifique faite de redoublements de passes, qui aboutit sur un tir d’Insigne sur le poteau… et une égalisation de la Spal dans la foulée. Pas toujours récompensée pour ses efforts (le football n’a jamais eu vocation à être juste), cette formation joue avec personnalité, et la moindre passe mal exécutée l’exposerait fortement. Mais comme elle en rate peu, le jeu en vaut très largement la chandelle.

Sûr de son jeu, le Napoli reprendra l’avantage rapidement par Callejon, trouvé libre dans la surface. Cette recherche de l’homme libre, présente dès la première relance, semble aussi importante pour Gattuso qu’elle peut l’être pour Guardiola. Sans comparer hâtivement l’ancien aboyeur de l’AC Milan à l’ancien milieu du Barça, puisqu’il faudra prouver sur la durée, il est clair que ses joueurs adhèrent au projet, notamment lorsqu’on voit le regard d’Insigne lorsqu’il comprend que lui et Mertens doivent quitter la pelouse, alors qu’ils s’amusaient. Le Belge, buteur puis passeur décisif pour un but finalement refusé à l’Italien, font la paire. Capables de se déplacer encore plus instinctivement que les autres, bons dribbleurs sans commettre d’excès d’individualisme, ils jouent avec une joie enfantine qui donne envie de sourire avec eux.