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Football ligue 1 Girondins de Bordeaux / Troyes. Bordeaux, stade Matmut le 6 mars 2022. Photo Laurent Theillet / Sud Ouest VICTOIRE DE L’ESTAC TROYES SUR LE SCORE DE 2 A 0

A la suite de cette dernière journée de L1, nous sommes déjà certains qu’un monument du football français est tombé. En effet, les Girondins de Bordeaux sont déjà condamnés à la L2…au mieux.

Préambule :

On le sait les problèmes financiers des Marines et Blancs ne datent pas d’hier. L’été dernier déjà, les Girondins auraient pu descendre pour des raisons économiques. Mais un sauveur nommé Gérard Lopez est arrivé ! Son objectif : redonner de l’élan à un club morose depuis quelques années, et qui s’est notamment fait peur la saison passée. Plein d’enthousiasme, les supporters espéraient qu’il allait refaire le « coup de Lille », à savoir un recrutement intelligent et à moindre frais, pour renouer avec les sommets du championnat.

Des mouvements estivaux douteux :

Alors pour essayer d’oublier au plus vite, la nouvelle direction a voulu faire table rase du passé. Exit donc les De Préville, Sabaly, Poundje, Benito et Ben Arfa. Et bienvenue aux néophytes Mangas, Onana, Pembélé, Elis, Mensah, Gregersen, Fransergio et Dilrosun. Avec en cerise sur le gâteau, l’arrivée de M’Baye Niang en fin de mercato. Avec cette refonte, les Girondins espéraient un rebond ou au moins, un léger mieux. Il n’en fût rien. La volonté de Lopez était d’apporter du sang neuf, de « vider les têtes ». Mais force est de constater que ce fût un échec cuisant.

Avec du recul, cette stratégie était bancale. Cette arrivée massive de joueurs ne connaissant ni la Ligue 1, ni le contexte du club et son histoire, ne pouvait déboucher que sur une saison difficile. Il s’est même avéré au final que leur niveau de jeu était aussi déficient. Quant aux départs, nous pouvons affirmer ce que l’on veut au sujet des De Préville, Sabaly ou bien encore Ben Arfa, mais ils apportaient incontestablement quelque chose à l’effectif bordelais la saison passée. N’oublions pas par exemple que Ben Arfa a débloqué bien des situations en début de saison, en étant décisif et en apportant des points précieux à son équipe. Sabaly par sa régularité et sa solidité, De Préville par son flair, son abattage et son sens du collectif, Poundje son amour pour le club ont également apporté à leur manière et ont cruellement fait défaut aux Girondins version 2021/2022.

Quant aux recrues, elles n’ont tout simplement pas été à la hauteur des attentes. Elles ont même fait perdre de précieux points. Gregersen ? Catastrophique tout simplement, très souvent pris en défaut dans les duels. Mangas ? De l’abattage mais beaucoup d’erreurs causant des buts et tout simplement pas le niveau L1. Mensah ? Intéressant offensivement mais terriblement fébrile défensivement. Onana ? De bons débuts mais beaucoup trop irrégulier au cours même d’un match. Pembélé ? Un potentiel intéressant mais encore beaucoup trop tendre globalement. Dilrosun ? Du talent mais trop intermittent. Niang ? Arrivé totalement hors de forme, a mis 6 mois pour se mettre en forme. Pour finir sur des problèmes de comportement. Sans oublier le fameux Fransergio, arrivé pour 4,5M€ et censé être le régulateur du jeu, véritable fantôme et erreur de casting probante.

Seul l’international hondurien Elis a donné du baume au cœur aux supporters aquitains et a été la véritable éclaircie de ce mercato avec un abattage constant et un bilan final de 9 buts en 21 matchs.

Au final, la balance est clairement négative et les recrues estivales (Elis mis à part) n’ont pas apporté la plue-value espérée. Autre particularité (dictée surtout par l’impératif économique) qui s’est avérée être un véritable problème, la plupart de ces joueurs sont arrivés en prêt (5/9). Un véritable handicap quand il s’agit de se battre pour ne pas descendre…

Le choix du staff : Un nom plutôt qu’un profil

Toujours dans cette même politique de la terre brûlée, l’équipe dirigeante a également voulu modifier le staff. Exit donc l’excellent Jean-Louis Gasset qui, avec le recul, avait fait du très bon travail avec un groupe déjà compliqué à gérer. Il était arrivé en pompier de service aimé de tous, il en repartira persona non grata. On a fait croire aux supporters bordelais que le problème pouvait venir de lui, en pointant notamment son âge avancé, son incapacité à gérer ce groupe et le parcours « effet réchauffé » qu’impliquait son retour en Gironde. Il a été remercié vite fait bien fait. Un certain manque de classe pour cet entraîneur compétent qui a tant donné au club….

Pour le remplacer, les Girondins ont jeté leur dévolu sur Vladimir Petkovic, ex-sélectionneur de la Suisse tombeuse de la France à l’Euro 2020. Là aussi, c’est un échec. De sa présentation maladroite sur les réseaux sociaux au choix en lui-même, tout s’est mal ficelé. Loin de moi l’idée que c’est un mauvais entraîneur. Sincèrement, je suis très loin de le penser, bien au contraire. Mais là encore, son profil est davantage celui d’un bâtisseur or ce n’est pas ce dont avait besoin Bordeaux à ce moment-là. En effet, vu tous les changements effectués, il aurait mieux valu à mon sens poursuivre avec Gasset, ou chercher plutôt un coach « à poigne » capable de réveiller un groupe moribond.

On connaît le dénouement….A la suite d’un énième revers à Reims (5-0), « Petko » est démis de ses fonctions. Au soir de la 23ème journée donc… Sans doute trop tard dans la saison. Ou bien encore une fois il aurait sans doute fallu le maintenir jusqu’au bout. Erreur de timing quand tu nous tiens….

Qui dit staff, dit forcément toutes les composantes du sportif. Ainsi, des nouveaux éléments ont rejoint le club à l’intersaison pour compenser les départs. L’emblématique préparateur physique Eric Bedouet quitte le club après plus de 20 ans de bons et loyaux services. Pour ce poste, le club au scapulaire mise sur Antonio Calado. De même, au poste d’entraîneur des gardiens, Fabrice Grange est évincé au profit de Vitor Pereira. Mais sur ce point là, cela se passe également très mal.

Benoît Costil va même jusqu’à réclamer la tête de Vitor Pereira qu’il juge, à demi-mots, incompétent (il est en réalité inapte à certains gestes ce qui est, en soi, assez incroyable pour ce poste). Grégory Coupet arrive donc à la rescousse et remplace le Portugais à la mi-saison. Concernant la préparation physique, de nombreux observateurs girondins remarquent que les joueurs sont « cuits » assez rapidement et n’arrivent pas à tenir la distance au cours d’un match. Ce qui est bien évidemment très surprenant pour des professionnels s’entraînant tous les jours. On pointera du doigt aussi la lenteur de la remise en route de M’baye Niang et des problèmes de condition physique récurrents pour de nombreux joueurs.

La gestion du mercato hivernal : la fin des haricots

A la trêve, les Girondins sont déjà mal en point sportivement (17èmes). Mais les supporters y croient encore, bien aidés il est vrai par l’optimisme à tout crin des « frères Lopez », Gérard et Admar. Selon ces derniers, c’est justement ce mercato qui fera la dif’, et permettra de poursuivre le travail de reconstruction démarré l’été dernier. Un grand coup de balai est donc encore nécessaire.

Tout commence avant même le mercato. En effet, premier coup de canon ! Le club annonce qu’il souhaite mettre un terme à l’aventure de l’un des tauliers de l’effectif, Laurent Koscielny. La raison initialement évoquée est « d’orientation stratégique » et Gérard Lopez précise bien qu’il ne s’agit en aucun cas d’une décision économique (le défenseur international est l’un des plus gros salaires de l’effectif). Quand le président annonce un accord trouvé avec le joueur, ce dernier s’épanche dans L’équipe en clamant qu’il « ne quittera pas le navire » de la sorte. Bref, difficile d’y voir clair, notamment lorsque l’on connaît l’importance de ce type de joueur pour une mission sauvetage. Toujours est-il qu’il ne portera plus le maillot au scapulaire, et sera nommé quelques semaines plus tard….ambassadeur du club. Un véritable feuilleton à l’américaine… Et c’est pas fini !

Vont suivre Paul Baysse, Mehdi Zerkane, Otavio, Samuel Kalu et Josh Maja, pour des raisons diverses et variées. Ces joueurs sont tout simplement écartés du groupe professionnel. Ce qui frappe à ce moment là, c’est la soudaineté de cette décision. Ce coup a, semble t-il, été bien réfléchi et préparé en amont. Les raisons de ce « loft » fuitent dans les médias et les réseaux sociaux, ce qui est également très surprenant. Leur réputation est salie aux yeux de tous car ce sont bien des problèmes de comportement qui sont mis en avant. Les joueurs, via leurs comptes, réagissent bien évidemment et tiennent à rétablir certaines vérités. Un véritable foutoir on vous l’avait dit…

Entre temps, Vladimir Petkovic n’est plus là et un jeu de chaises musicales va avoir lieu entre clubs en difficulté. Saint-Etienne, bon dernier, s’est également séparé de Claude Puel, et sont à la recherche d’un nouveau coach. David Guion est dans leur short-list mais celui-ci snobe l’offre stéphanoise. Les Verts sont également tentés par Pascal Dupraz, qui lui signe assez rapidement. Les Girondins hésitent alors entre plusieurs profils mais retiennent finalement celui de Guion. Qui accepte la proposition girondine. On ne le sait pas encore à ce moment-là mais les bordelais ont également loupé le coche sur ce coup-là et ont misé sur le mauvais cheval… Bordeaux a fini le championnat bon dernier quand « Sainté » s’est relevé et a terminé barragiste. En d’autres termes, les Marine et Blanc ont réussi à faire pire après le changement de coach.

C’était sans doute un profil « à la Dupraz » que les Girondins avaient besoin. David Guion fût une terrible erreur de casting (autant si ce n’est pire que Petkovic, son ratio points/match étant même inférieur).

Et qu’en est-il des joueurs ? Là encore, au premier abord, toutes les composantes du club sont satisfaits de ce mercato. Evidemment, les supporters en premier lieu. Des noms intéressants sur le papier qui incitent à l’optimisme.

Ainsi, Guilavogui, Ignatenko, Marcelo et Ahmedhodzic rejoignent le club frappé du scapulaire. Josh Maja, Otavio et Samuel Kalu font le chemin inverse mais les deux premiers sous forme de prêt seulement. Sans oublier les parias Koscielny et Baysse. Mais au final, quand on se penche plus en détail sur le profil des recrues, on se demande si ce sont réellement de « bons coups » comme on dit. Ignatenko était un illustre inconnu et un profil absolument pas retenu du côté du Shaktar. Guilavogui ne jouait quasiment plus à Wolfsburg. Marcelo venait de se faire dégager comme un malpropre par l’OL. Seul Ahmedhodzic paraissait être une belle promesse. A l’inverse, Maja n’a jamais eu véritablement sa chance en Gironde et Otavio apportait sa sérénité à l’entrejeu bordelais.

Au final, Marcelo n’a jamais su remplacer Koscielny. Hors de forme et emprunté, il a même fait nettement moins bien. Guilavogui a bien souvent montré l’exemple, il est même devenu capitaine. Mais il a lui aussi baissé pavillon dans cette médiocrité ambiante. Jamais très bon signe quand une recrue toute fraîche devient si rapidement capitaine…. Ignatenko a été une bonne surprise démontrant un engagement exemplaire mais encore un peu trop juste à ce niveau. Quant à Ahmedhodzic, comme Guilavogui, il a montré de belles choses mais a perdu pied au fil de la saison. Comme le reste de l’effectif.

Le cas Costil :

Alors là attention on s’attaque au clou du spectacle ! La trêve est terminée, la situation ne s’améliore pas au classement. Les Girondins s’enlisent chaque jour un peu plus. Koscielny n’est déjà plus le patron de la défense et en interne ça grince. Notamment du côté de Benoît Costil, son ex-coéquipier en sélection dont il est assez proche. En effet, le gardien international vit mal cette mise à l’écart mais ne dit rien. En réalité, il ne cautionne pas cette décision qu’il juge injustifiée. A partir de cet épisode là, son investissement sera remis en cause. Jusqu’à l’épisode fatidique…

Bordeaux-Montpellier, 20/03/2022. Les Girondins sont déjà 20èmes et sortent de 2 défaites consécutives. Les supporters sont plein d’espoirs face à une équipe qui n’a plus rien à jouer.

Dans les buts, Benoît Costil est de retour de blessure. C’est la première fois qu’il joue derrière la paire des recrues hivernales Marcelo-Ahmedhodzic. Et cela se passe plutôt mal. Les Girondins encaissent 2 buts rapidement. Costil n’est pas satisfait d’Ahmedhodzic et le fait savoir. Petite altercation entre les deux hommes. Problème : les supporters prennent en grippe Costil (qui n’a jamais fait l’unanimité) et défendent le bosnien, déjà chouchou du public. S’ensuit à la mi-temps une scène surréaliste, une altercation entre le gardien et le leader des Ultra Marines, Florian Brunet. Il y’a un face à face, tête contre tête entre les deux hommes. En rentrant aux vestiaires, le portier continue même de provoquer, en mimant un geste à la tribune comme pour indiquer que ce porte-parole est un « vendu » à la solde de la direction. C’est allé trop loin. La rupture entre Costil et les supporters bordelais est définitivement consommée…

La suite est tout aussi peu glorieuse. Les Ultras Marines ressortent une accusation de racisme envers le portier aquitain, qui nie les faits et porte plainte. Les supporters rajoutent l’ancien capitaine déchu Koscielny dans le même panier en l’accusant de faits similaires. La direction girondine réagit mollement (quelques jours après) et ne savent même pas sur quel pied danser…Lunaire ! Le gardien est par la suite écarté pour « raisons sportives uniquement » par le nouveau coach Guion, pour faire place nette au jeune Gaëtan Poussin (qui malheureusement pour lui commettra des erreurs coûteuses). Bref, on cherche clairement des poux sur la tête de Costil. Sur la fin, face aux erreurs répétées de son suppléant, il réintégrera le groupe titulaire pour quelques matchs. Avant d’être déclaré « indisponible » pour les ultimes matchs de la saison.

En seulement quelques mois, Bordeaux s’est débarrassé de ses emblématiques leaders et capitaines (Koscielny, Baysse et Costil) avec peu de classe et pour des raisons encore nébuleuses. De nombreuses voix en Gironde affirment que la direction a cherché avant tout à se délester des gros salaires à travers cette méthode agressive. La suite ne leur a pas donné raison… Ces leaders ont cruellement manqué à l’heure de faire les comptes.

Perspectives et Conclusion :

Le Football Club des Girondins de Bordeaux est pour l’instant en Ligue 2 BKT. La suite ? Elle est très très floue. Beaucoup de joueurs et staff arrivent en fin de contrat ou retourneront dans leur club d’origine. Il ne restera que très peu de joueurs sous contrat. Certains d’entre eux, à coup sûr, seront transférés. Ce n’est pas plus mal pour effectuer un grand ménage car il y’en a bien besoin…

Bien que cette relégation fût brutale, la lente descente aux enfers des Marines et Blancs dure depuis quelques années déjà. La saison passée fût un avertissement sans frais. Mais le club naviguait déjà en eaux troubles depuis un certain temps. La dernière bonne saison date de l’ère Gourvennec/Poyet avec des joueurs de qualité comme Laborde, Malcom, Braithwaite, Koundé etc… La vente de M6 à GAPC a accéléré cette chute. Les Girondins ont tout d’abord perdu leur identité, avant de couler sportivement. Qu’on se le dise, des joueurs actuels n’auraient jamais eu leur place dans d’anciens « onze type » bordelais. Pour des motifs divers (comportement, état d’esprit ou tout simplement talent). En atteste, ces écarts de conduite ubuesques de certains membres de l’effectif (partie de « five » organisée, soirée McDo la veille d’un match, sortie en boîte de nuit de certains joueurs le soir même de la relégation…).

Et encore, on parle là de faits portés à notre connaissance…on ne sait sans doute pas tout ! Bordeaux est malheureusement devenu cette saison un club qui fait la une des faits divers. Alors que ses forces étaient justement sa discrétion, son sérieux et son image impeccable. Le tout en s’appuyant sur une identité locale forte. Les Girondins ont véritablement perdu leur identité…

Cette relégation en L2, à titre personnel, je l’avais sentie venir. J’en parlais d’ailleurs début 2021 dans https://whatsthefoot.blogspot.com/2021/02/bordeaux-toulouse-des-rivaux-aux.html dans lequel je fais un parallèle avec Toulouse (qui est d’ailleurs monté cette année). Une chose est sûre, un grand nom n’est pas gage de réussite en Ligue 2. Par le passé, de nombreux clubs historiques ont ramé de longues années (ou y sont encore) avant de revenir dans l’élite. Les exemples sont légion : Sochaux, Auxerre, Lens, Lille, Le Havre, Caen, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Saint-Etienne…

Nous verrons maintenant ce qu’il adviendra justement de l’AS Saint-Etienne, barragiste, qui joue sa survie dans l’élite face à un autre historique de la L1… Auxerre.