AvideceWopyBalab

Cette semaine, on a regardé Salzbourg dire adieu à la Ligue des champions la tête haute. On a aussi apprécié la partition du PSG face à l’ASSE, et la gauche caviar française, représentée par Hernandez et Roussillon.

Salzbourg se brûle les ailes

Match observé : Salzbourg 0-2 Liverpool

Il est difficile de se réjouir d’une défaite et d’une élimination à une compétition. Pourtant, Salzbourg n’a pas à rougir suite à son beau parcours en Ligue des champions, affichant un beau visage jusqu’à la fin, cette dernière défaite face à Liverpool compris. Les Autrichiens ont été très séduisants, particulièrement en première période où ils ont montré qu’ils n’avaient pas peur du champion d’Europe en titre, malgré un effectif relativement peu expérimenté, et bien moins loti en termes d’individualités. Mieux encore : il n’aurait pas été illogique de les voir mener à la pause, tant ils ont été entreprenants et inspirés.

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En première période, on a vu un gros pressing d’entrée de Salzbourg, avec notamment un surnombre apporté à chaque fois que les Reds essayaient de ressortir via Robertson ou Alexander-Arnold… quitte à risquer un changement d’aile brusque qui les aurait mis en difficulté. Le RB a préféré jouer sa carte à fond, et a bien fait, puisqu’ils ont bousculé Liverpool comme peu d’équipes cette saison. Même Junuzovic faisait les efforts sans ballon, alors qu’on ne l’a jamais vu faire ça pendant des années avec le Werder.

Balle aux pieds, c’était tout aussi admirable, avec un perpétuel mouvement et des permutations constantes. On a pu voir plusieurs joueurs – Minamino notamment – jouer à la perfection le principe de « troisième homme » cher à Guardiola. Pour résumer de façon simple, et simplifié, il s’agit pour un joueur de faire une passe qui casse les lignes pour un partenaire dos aux buts, qui remise instantanément vers un troisième joueur lancé vers lui. Plus difficile à défendre qu’un une-deux, mais nettement plus dur à appliquer aussi, ce principe a été utilisé plusieurs fois dans le match par Salzbourg, qui a profité du gabarit solide de Hwang et d’Haaland, de la qualité de passe de Junuzovic et Szloboszlai, et donc de la mobilité de Minamino. Du grand art, et un vrai régal pour les yeux. Car évidemment, on peut savourer un 0-0 à ma mi-temps quand il est comme ça.

Tout n’a pas été parfait, comme en atteste la défaite. Liverpool a eu quelques opportunités en première période, mais Salah puis Keita n’ont pas su ouvrir le score, l’Egyptien ratant même plusieurs occasions. En outre, la seconde période a été à l’avantage des Reds, parce qui ont su s’ajuster avec un Firmino plus bas, et surtout une intensité retrouvée. L’homme du match est sûrement Keita, qui confirme sa prestation face à Bournemouth dont nous avons parlé la semaine dernière, et qui est paradoxalement… une des plus belles réussites du groupe Red Bull, puisqu’il est passé par Salzbourg puis Leipzig. La défaite vient d’un manque d’expérience, de fautes individuelles, d’un physique peut-être déficient en seconde période qui change forcément tout, mais le public avisé a bien eu raison d’applaudir ses protégés à la fin du match. On suivra cette belle équipe reversée en Ligue Europa, qui comme l’Ajax, a montré bien plus de choses dans le jeu que d’autres formations qualifiées en huitièmes de finale. Salzbourg a montré une très belle image du football autrichien… et plus encore du groupe Red Bull, qui commence à disposer d’un savoir-faire plus qu’intéressant en termes de ballon rond, aussi bien dans le recrutement que la post-formation, en passant par la tactique.

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Un jeune contre une Vieille Dame

Match observé : Bayer Leverkusen 0-2 Juventus Turin

Malgré l’intérêt limité pour la Juventus, il y avait du beau monde côté italien pour ce match de Ligue des champions, entre Demiral, Pjanic, Cuadrado, Higuain ou Ronaldo, pour ne citer qu’eux. Pourtant, c’est un joueur de Leverkusen qui a attiré notre regard : Moussa Diaby, aligné milieu gauche. Le Français est accompagné d’éléments plus expérimentés, et sans doute plus forts que lui pour le moment, comme les frères Bender, Aranguiz, Demirbay, Bellarabi ou Havertz. Pourtant, on a été curieux de voir ce qu’il donnait au Bayer.

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La première période, durant laquelle son équipe a été en vue, a permis de le mettre rapidement en lumière. Diaby a une réelle capacité d’accélération balle aux pieds, et s’est même offert 2 remontées de balle spectaculaires dès la première demi-heure. Sur la première, il part de son côté et traverse le terrain en diagonale. Sur la seconde, il récupère un ballon dans l’axe près de sa surface, prend un appui, et perce dans l’axe. Malheureusement, il pousse trop son ballon sur ces 2 actions et se fait reprendre, mais le coup de rein est intéressant. Durant ces 45 premières minutes, il s’offre aussi une frappe sur le poteau de Buffon, ainsi qu’un joli dribble sur Danilo qui aboutira sur un centre.

Cela ne signifie pas que tout était parfait, loin de là, et assez logiquement pour un joueur de 20 ans. Brillant sur les phases de transition, il manque de mobilité sur attaque placée quand il n’a pas la balle. Autrement dit, il ne propose pas l’appel qui permettrait à ses partenaires, notamment Havertz, de le trouver entre le latéral droit et le défenseur central. Ainsi, il ne reçoit la balle que dans des situations où il doit jouer le un-contre-un, ce qu’il fait globalement bien, mais sans être Coman non plus : ce n’est pas une option viable sur le long terme si elle ne s’accompagne pas d’une alternative. Idem sur les contre-attaques où ce n’est pas lui qui a le ballon, où il ne fait pas l’appel qui ouvrirait l’espace au porteur, comme le faisait par exemple très bien Lisandro Lopez à Lyon à une certaine époque. Enfin, ses centres n’ont pas trouvé preneur, même si pour sa défense, Alario était seul et bien pris par une charnière efficace, notamment Demiral.

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Il disparaît ensuite en seconde période, comme toute son équipe. Replacé à droite lors de l’entrée en jeu de Bailey, il a néanmoins montré des bribes intéressantes lorsqu’il se recentrait. Le Français est à l’aise dans les petits espaces lorsqu’il sollicite un une-deux avec un partenaire dos au but adverse, ce qui lui permet d’arriver lancé. Néanmoins, la qualité technique n’a pas été suffisante pour enchaîner, et il a fait quelques mauvais choix. C’était prévisible, puisqu’il n’a que 20 ans, et affrontait une des équipes les plus solides d’Europe. Malgré la défaite, Diaby semble avoir fait le bon choix en signant au Bayer Leverkusen. Ses qualités, notamment en phases de transition, seront mieux mises en avant qu’au PSG, où l’horizon était de toute façon bouchée. A lui de faire son bonhomme de chemin en Bundesliga, où il a le profil pour se faire plaisir dans la durée.

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Comme un dimanche entre potes

Match observé : ASSE 0-4 PSG

Pour le déplacement à Saint-Etienne, Tuchel a décidé d’aligner un quatuor forcément attendu : Di Maria-Neymar-Mbappé-Icardi. Fan du club parisien ou non, tout observateur a envie de voir ce que donnerait pareille association, au niveau offensif évidemment, avec des envolées lyriques promises, mais aussi au niveau défensif, avec un risque d’équipe coupée en 2. On m’a dit que toutes les individualités avaient tiré dans le même sens contre Galatasaray (je regardais Bayer Leverkusen-Juventus dans le même temps), je voulais donc avoir un aperçu moi-même. Si ce match n’est pas suffisant pour tirer de conclusion, et que l’expulsion d’Aholou fausse un peu toute tentative d’analyse, l’impression visuelle laissée est satisfaisante.

On n’imaginait évidemment pas Neymar resté collé à sa ligne comme un Vicente époque Valence. Pourtant, en début de match, ce n’est pas lui mais bien Di Maria qui s’est déplacé librement, pour être trouvé dans le cœur du jeu, laissant le soin à Meunier de déborder à droite et de centrer. L’Argentin a beaucoup gêné la défense adverse, se baladant entre Fofana, Perrin et M’Vila, sans que personne ne sache qui devait se charger de lui. Plus tard, c’est Neymar qui a peu à peu quitté son aile gauche, se retrouvant un peu partout sur le terrain, presque en trequartista gauche, quand Di Maria remplissait ce rôle à droite. Combinaisons dans les petits espaces, dribbles bien sentis, accélérations balles aux pieds : Di Maria, Mbappé et Neymar se sont bien amusés, se permettant même une recherche parfois excessive du beau geste, possible en raison d’un écart trop important entre les 2 équipes. Concrètement, on avait l’impression, à chaque combinaison parisienne, de voir une bande de potes voulant se faire plaisir.

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Sans ballon, le PSG a aussi été très sérieux. On a vu des efforts de la part de tout le monde, y compris du quatuor de devant. Cela a permis de nombreuses récupérations hautes, le travail des attaquants facilitant évidemment celui des milieux, comme Paredes, qui n’a plus rien du joueur fantomatique vu notamment face à Dijon, où il est vrai, Bernat était également aligné dans l’entrejeu, ce qui n’aide pas. Faire les efforts sans ballon pour justement augmenter les périodes avec, et ainsi se faire plaisir : le message semble être passé. Une confirmation s’impose néanmoins, puisque l’ASSE a joué à 10 pendant plus d’une heure, a eu un temps fort inexplicable en début de seconde période, et a surtout réussi à se créer des occasions sur corner, ou dans le jeu via le remuant mais très isolé Bouanga. Ce n’était pas le match parfait que la lecture du score peut suggérer, mais l’envie affichée avec et sans ballon donne envie d’en voir plus.

Et sinon

  • Trop difficile de comprendre ce Lyon, suite au match nul contre Leipzig. Entre un Memphis décisif alors qu’il avait tout raté, le coup de génie d’Aouar, mais surtout les nombreuses erreurs techniques qui ont abouti à des pertes de balle incompréhensibles, on ne saura tirer le moindre enseignement de cette qualification.
  • Comme pour le jeune gardien de Benfica il y a 2 saisons, c’était sans doute trop tôt pour Vandevoordt. Le gardien de Genk a été coupable d’une grosse boulette sur l’ouverture du score, puis d’un penalty concédé face à Naples.
  • L’Ajax, Salzbourg, le Slavia Prague, Bruges, et même Lille (dans une moindre mesure) ont montré de belles choses dans le jeu, malgré une élimination en Ligue des champions. Merci à eux pour ce vent de fraîcheur sur ce premier tour.

  • Intenable et même buteur, Renato Sanches a confirmé face à Montpellier sa montée en puissance depuis quelques matchs. Le Portugais va faire du bien au Losc en deuxième partie de saison.
  • Boateng, qui a encore pris 10 ans sur l’ouverture du score de Rashica, peut remercier ses partenaires, notamment Coutinho, d’avoir atomisé le Werder. La large victoire du Bayern fait logiquement oublier la perte de vitesse du défenseur allemand.
  • Si maintenant, Camavinga se met même à marquer, et de jolie manière en plus… ça va être difficile pour Rennes de protéger sa pépite. Lyon tombe et perd Memphis et Reine-Adélaïde pour une longue durée.

  • Les occasions ratées par l’AC Milan face à Sassuolo sont effrayantes, car mis à part les 2 qui échouent sur les montants, elles sont toutes le résultat d’un mauvais choix plus que d’une bonne défense adverse. Maigre lot de consolation : le dynamisme offensif d’Hernandez saute aux yeux dans ce marasme. Théo ne sera peut-être pas la doublure de son frère à l’Euro, mais il se met en valeur cette saison.
  • Si Gladbach n’est plus leader suite à sa défaite face à Wolfsburg, un Français n’y est pas étranger. Très bon à Montpellier, Roussillon confirme en Bundesliga où il a bien débuté la saison, après un premier exercice concluant. Sur l’ouverture du score, il se permet même un petit pont et une passe décisive.