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Nous sommes partis à la rencontre de Jérôme Bailly Maitre, un jeune parisien impliqué dans les bonnes causes, et de son projet solidaire football à travers le monde, intitulé « Ballons sans frontière ». Si Jérôme est déjà bénévole sur la péniche des Restos du coeur à Paris, il n’oublie pas d’être aussi généreux en voyageant, une de ses passions.

Et des voyages, Jérôme a souvent l’occasion d’en faire. Son idée est alors de nouer des partenariats avec des organismes dans les pays qu’il va visiter, afin de développer un esprit de solidarité et de rencontre avec les populations locales, dans des pays développés ou non. Symboliquement, il procède à un échange de ballons entre lui et l’organisme. Les locaux ont l’occasion de laisser un message sur le vieux ballon qu’il ramène en France.

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L'échange du ballon au Népal

L’échange du ballon au Népal

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Cette pelote de caoutchouc sert de ballon au Népal

Cette pelote de caoutchouc sert de ballon au Népal

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Pour cela, il a besoin d’un budget relativement modeste, 89€ pour acheter deux ballons (issus d’une fabrication « équitable », sans l’aide d’enfants) et divers éléments (aiguilles et pompes, l’envoi d’une photo souvenirs, …). Le reste du voyage est à sa charge, pour ne pas ôter le fait que cette initiative est complémentaire à son voyage personnel. Il fait appel à la générosité de tout le monde, autant financièrement (les participations sont libres pour le moment, puis plafonnées à 1€ prochainement) que moralement (un dessin ou un message est toujours le bienvenu !). Pour l’aider, n’hésitez pas à le contacter à ballonssansfrontiere@gmail.com

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Il a déjà eu l’occasion de voyager au Népal et en Islande, avant d’autres contrées déjà programmées. Les cultures sont différentes mais la passion des jeux de balle est identique.

Visiter le site de cette initiative

Comment se passe le choix des pays que tu visites ?

Jérôme Bailly Maitre : Je colle mon projet à mes envies de séjour, et non l’inverse. Le choix des pays se fait en dehors du niveau de développement. Que j’ai les moyens de partir dans un pays riche ou pauvre, je suis toujours curieux de voir les spécificités locales en terme de jeux de ballons. Les rencontres que j’ai pu faire en Islande m’ont beaucoup appris sur le système éducatif et les jeux pratiqués, mais à l’inverse du Népal, j’ai moins passé de temps à jouer avec les enfants. Si le résultat est différent, il n’en demeure pas moins intéressant, c’est ce qui je l’espère fera la richesse de mon blog : parfois plus axé sur le jeu et les moments partagés, parfois plus instructifs sur la structuration educo-sportive du pays.

Comment sont sélectionnés et financés les ballons ?

Les ballons sont des ballons équitables : garantis sans travail d’enfants, avec une rémunération décente du travailleur, des matériaux recyclés, … Le financement se fait grâce à la générosité de mon entourage, et petit à petit, grâce au bouche à oreille.

Est-ce que ton regard sur le football a changé avec ton projet ?

Je ne sais pas si mon regard à changé, mais voir la joie des gamins lors d’une partie ou à la remise des ballons me renvoie à mes débuts, lorsque j’ai choisi ce sport populaire pour le plaisir simple et la joie qu’il procure, la facilité de le pratiquer partout, … Bref je porte à nouveau un regard d’enfant sur ce sport, bien loin des dérives actuelles.

Tu ne demandes que 89€ pour monter ton projet lors de chaque voyage. Tu n’ambitionnes pas plutôt de financer la totalité du voyage ?

89 euros, c’est peu et beaucoup à la fois. Comme je ne suis pas encore structuré en asso, je ne peux pas collecter beaucoup d’argent. Ensuite, l’idée est de faire participer un grand nombre de donateurs pour une somme modique (surtout par les temps qui courent). L’idée du projet est d’aller de part le monde découvrir les jeux de ballons qui se pratiquent, mais pas d’aller équiper une école en matériel sportif. Du coup, deux ballons m’a paru un choix correcte. Vu que je récupère un vieux ballon, on n’est jamais à l’abri que le ballon que je donne ne fasse pas long feu. Donc en en donnant deux, je réduis le risque que les enfants se retrouvent sans ballon à court terme. Et puis, je suis limité en place dans mon sac à dos!

Si je pouvais gagner ma vie avec ce projet, je serai le plus heureux du monde! Mais pour l’instant, je ne suis pas certain de vouloir lui donner une place démesurée dans ma vie. J’espère juste qu’il pourra créer des initiatives indépendantes d’autres personnes, et puis en jouant un rôle de plateforme, mon blog pourrait faciliter la mise en contact entre école française et étrangère. Je recois des sollicitations en ce sens mais manque de temps pour tout coordonner.

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Comment se font les contacts dans le pays ? Comment est l’accueil autour de l’initiative ?

Concernant les contacts, je ne suis pas hyper serein car tout s’est fait un peu à la dernière minute, que ce soit en Islande ou au Népal, malgré des sollicitations débutées deux mois avant les départs. Au Népal, j’ai eu affaire à des assos qui soit voulaient s’accaparer le projet, soit voulaient que je paye une contribution à leur asso pour me fournir des contacts sur place. En Islande, j’ai contacté les ambassades et mon réseau pro, ça a très bien marché, jusqu’à ce que les mails arrivent aux centres de loisirs où je n’ai jamais reçu de réponse. Dans les deux cas, j’y suis allé au culot et/ou ai fait les rencontres sur place. Je suis de plus en plus persuadé que bien que ce soit stressant (risque que le projet ne se fasse pas), c’est une fois sur place que l’on trouve le meilleur site pour réaliser le projet. L’accueil est plutôt bon, je garde d’ailleurs de très bons contacts avec les différents interlocuteurs rencontrés. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux font montre d’une réelle volonté de développer et pérenniser les contacts entre pays.

Tu étais au Népal quelques temps avant le terrible séisme. As-tu pu avoir des nouvelles des enfants que tu as pu voir ?

Le séisme au Népal m’a terriblement affecté. Parce qu’il n’a eu lieu que 4 mois et demi après mon retour, parce qu’il a détruit des sites historiques où je me suis baladé tant de fois. Et tout simplement parce qu’il a touché des personnes avec qui j’avais de très bons contacts, qui m’ont accueilli chez eux et aidé pour mon projet. L’école où j’ai réalisé mon projet a été partiellement touchée (fissures dans la cour, éboulement d’un mur). Les dégats restent matériels, les enfants ayant été relativement épargnés. Je suis toujours en contact avec le directeur qui m’envoie des photos occasionnellement. Les cours se font en dehors des bâtiments sous des tentes de fortune, de peur des nouvelles répliques. Mais la mousson arrive et risque de perturber cette organisation précaire.

J’ai visité une aute école lors de mon séjour, effectuant un trek de 13 jours dans la région du Langtang. J’y ai rencontré des petits bonhommes tout sourire, tapé un peu la balle avec eux quand je croisais des « matchs » improvisés, on a parlé des championnats européens,… J’ai très peu de nouvelles de ces rencontres éphémères mais au combien joyeuses. Je suis juste tristement convaincu que deux d’entre eux n’ont pu survivre au gigantesque glissement de terrain qui a englouti le village de Langtang sous 80 mètres de terre. Pour les autres, j’espère du fond du coeur qu’ils ont pu s’en tirer. Je sais aussi que l’école voisine à cette zone n’existe plus. Cette catastrophe a également touché deux de mes amis originaires de cette région, qui ont perdu la totalité de leur famille.

Je ne sais pas encore sous quelle forme, mais je ferai une session spéciale BallonsSansFrontiere l’an prochain lorsque je retournerai en Avril au Népal pour 1 mois.

Les messages laissés par les Népalais sur le ballon qui reviendra en France

Les messages laissés par les Népalais sur le ballon qui reviendra en France

Peux-tu en conclure que le football est un des rares vecteurs de communication universels ?

Si mon projet ne s’intéresse pas uniquement au football, il est indéniable que celui ci prend une part importante dans les retours que j’en fait. De part ses aspects populaire, fédérateur, collectif, et le peu d’équipement qu’il nécessite, il n’est pas surprenant que ce sport se retrouve partout. Il permet également de s’affranchir de la barrière de la langue pour partager des moments simples de jeux et de rigolade. Mais je pense que le jeu au sens large est universel, pas seulement le foot. Et parce qu’il n’est pas encore perverti par la compétition malsaine (à outrance), le jeu prend tout son sens lorsqu’il est pratiqué par les enfants.