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Depuis des années, les différentes fédérations européennes se posent la question du traitement à accorder aux équipes réserves des clubs de première division. Ces incubateurs permettent généralement, en plus de faire jouer les indésirables en équipe première, de faire éclore les talents de demain. Un élément très important pour les équipes nationales.

Le talon d’Achille des selections

On le sait, un championnat fort permet de générer des revenus élevés mais le niveau de jeu ne permet pas de faire évoluer les jeunes joueurs au plus haut échelon. Un problème qui, sans une vraie politique d’insertion des jeunes, se répercute sur les équipes nationales.

L’exemple le plus marquant est celui de la Premier League et des Three Lions qui montre sa pauvreté lors de chaque compétition internationale. En 2013, Chelsea n’avait pas moins de 25 jeunes joueurs en prêt dont Nathan Chalobah, l’un des joueurs les plus prometteurs du Royaume. Et ce, malgré le lancement du championnat U21 en Angleterre, qui n’a pas l’impact espéré puisque l’âge moyen des débuts en Premier League est passé de 19 ans à 22 durant la dernière décennie. Des discussions ont donc lieu pour réformer le système des équipes réserves et aspirer au même succès que l’Allemagne, la France et l’Espagne.

L’Espagne comme modèle principal

En effet, ces pays bien connus pour l’éclosion de jeunes joueurs ont opté pour l’inclusion des équipes réserves dans les ligues inférieures. Ainsi, en Allemagne, les équipes réserves (entre autres) s’affrontent jusqu’en 3. Liga (3ème div.) tandis qu’en Espagne, aucune limite n’existe concernant la promotion des équipes B si ce n’est qu’elles ne peuvent évoluer dans la même division que leurs clubs parents. Un système qui a permis à la Roja d’aligner une équipe entière de joueurs passés par ces équipes B (à l’exception de Piqué et Fabregas) en 2013.

Une réussite que le Président de la Liga, Javier Tebas, n’est pas peu fier d’évoquer et de recommander aux Anglais : « Le problème ici, en Angleterre, c’est le maintien des ligues réserves. Elles ne sont pas assez compétitives. […] Avec ces équipes dans les divisions inférieures, les joueurs de 18 ans jouent dans des championnats de joueurs de 25-28 ans voir plus et qui sont plus compétitifs avec des relégations et des promotions. Les jeunes joueurs évoluent donc bien plus rapidement. »

Un constat que semble partager les instances de la Serie A qui sont actuellement en discussion pour adapter le système de Primavera aux divisions inférieures, notamment appuyé par le Président Agnelli à la Juventus. Globalement, tout le monde est d’accord pour dire que cette solution semble la plus profitable mais des voix s’élèvent contre ce système en Angleterre.

Le Royaume divisé

L’ancien Président de la FA Greg Dyke, remplacé par Greg Clarke en juillet 2016, avait proposé l’introduction d’une nouvelle division après la League One (4ème div.) qui aurait rassemblé les 10 meilleures équipes de 5ème division et 10 équipes réserve de Premier League, avec un certain nombre de contraintes visant à favoriser le développement des jeunes footballeurs (limite d’âge etc …). Un plan qui devait selon lui aider l’Angleterre à remporter la Coupe du Monde 2022. Cependant, en plus de n’avoir pas convaincu les clubs de l’élite, Dyke s’est attiré les foudres des clubs de division inférieurs et de leurs supporters. Un porte parole du club de Wrexham avait ainsi déclaré : « La proposition de la FA est basée sur des besoins supposés d’une petite élite au détriment des intérêts d’une majorité de clubs et de leurs communautés. […] Nous espérons que le débat se portera maintenant sur la vraie question du financement du développement des jeunes joueurs et d’une meilleure répartition des revenus parmi les clubs. »

Depuis cet échec cuisant, une nouvelle approche a été décidée il y a quelques mois. La création d’une Premier League II a été proposée, calquée sur le calendrier de la division 1 et n’autorisant que cinq joueurs de plus de 21 ans. Les équipes joueraient dans les même stades que les pros dont les places seront proposées à des prix bas pour encourager les supporteurs à assister aux matchs. Un contrat TV serait également mis en place et une enveloppe de 3M£ serait offerte au vainqueur de la compétition pour motiver les clubs à ne pas envoyer les meilleurs jeunes en prêt. S’ajoute à cela la modification des catégories d’âges (U19 et U17 au lieu d’un an de moins actuellement) pour laisser plus de temps aux jeunes joueurs de prouver leur valeur. Un système qui devrait être voté prochainement et qui pourrait entrer en vigueur lors de la saison 2017-2018.

Quel est le meilleur système ? Difficile à dire et les instances semblent être partagées, d’autant que des voix s’élèvent pour dire que ce n’est qu’une partie du problème. En 2014, la France s’est posé la question de l’intérêt d’un passage au système anglais, sans donner suite. Toujours est-il que l’essor de jeunes joueurs tient certainement plus à une politique sportive adaptée et à des investissements qu’à un simple changement d’organisation.