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Alors que son Bayern rayonne en ce début de saison, Pep Guardiola, en fin de contrat à l’été 2016, est un entraîneur courtisé dont la progression jusqu’au sommet est brillamment racontée dans Guardiola, éloge du style (Editions Hugo Sport).

Pep Guardiola fascine. Lui qui a tout gagné avec Barcelone en poussant à l’extrême un jeu à base de possession de balle et de mouvement permanent. Lui aussi qui a quitté son club de cœur. Lui qui n’a pas seulement marqué le barcelonisme mais aussi toute la planète football, y compris le grand rival madrilène dont l’auteur, Thibaud Leplat, est un supporter encore traumatisé par le premier clasico de l’ère Pep, au mois de novembre 2010.

Livre biographique mais écrit comme un essai sur le football, Guardiola, éloge du style (Hugo Sport) raconte le parcours de l’actuel entraîneur du Bayern, mais, plus qu’une biographie, cet ouvrage s’immisce dans la tête de Josep Guardiola, s’appliquant à analyser ses choix, ses sentiments comme dans une psychanalyse, dans le but de comprendre son football.

Fils de maçon, il a découvert le football au travers du Barça, évidemment, mais aussi de Michel Platini, décrit par son père comme le meilleur joueur du monde de par son intelligence de jeu et sa qualité de passe. De ses premiers essais à ses premiers pas professionnels sous le maillot blaugrana, l’auteur décrit comment Josep Guardiola a conçu sa vision du football ou plutôt comment il l’a héritée de celui qui a ressuscité la philosophie du Barça : Johann Cruyff.

[blockquote]Guardiola a pour Cruyff la révérence pudique et infinie qui sied aux grands maîtres de disciplines ancestrales, dont le savoir ne se transmet que par l’enseignement oral et l’ascèse quotidienne. Si Pep avait réalisé son rêve d’enfant au Barça sans jamais jouer un ballon de la tête, sans pied gauche, sans physique, c’est à cette idée qu’il le doit. Cruijff fut le premier à faire le choix intransigeant et irréductible de l’intelligence et de la vivacité d’esprit sur les qualités strictement physiques et les idées reçues. Son plus grand triomphe est d’en avoir ensuite transmis le goût.
Thibaud Leplat[/blockquote]

Van Gaal ou Bielsa ont aussi compté dans l’apprentissage de Guardiola. Sortir le ballon proprement, le faire circuler, parler de football avec passion… autant de points communs que l’on peut retrouver chez ceux qui ont inspiré Pep. A se demander même si, en plus de l’intelligence de jeu de Philipp Lahm que l’entraîneur munichois a décidé d’installer au milieu, la présence d’un gardien aussi à l’aise dans le jeu au pied (Manuel Neuer) n’a pas aussi été un argument pour motiver la venue du Catalan en Bavière.

A travers ses propres observations ou les lectures d’autres biographies de Guardiola, le journaliste esquisse les moments clés de la carrière de Pep comme ses larmes lors du Mondial des clubs en décembre 2009, synonyme de sextuplé inédit.

Mais ce livre est bien plus qu’une biographie, il offre une réflexion presque philosophique sur le métier d’entraîneur, la tactique, les méthodes d’entraînement, la gestion des ego, la volonté de tout construire pour son meilleur joueur… bref, tout ce qui passionne les mordus de football. Parmi les témoignages de joueurs ou d’entraîneurs qui ont côtoyé Pep Guardiola, citons celui d’Eric Abidal qui a accordé une longue interview à l’auteur. Le défenseur français raconte des ancedotes et la volonté du coach de faire se déplacer le ballon et les joueurs de gauche à droite du terrain pour trouver la bonne ouverture. Ce qui lui a permis de marquer en Coupe du Roi contre le Real en 2012 : « Tu travailles tous les enchaînements à l’entraînement. Sur ce but, personne ne sait où je suis alors que je viens de faire la touche. Ca veut dire qu’ils sont tellement dans l’axe qu’ils ne regardent que le ballon. (…) Je sais à quel moment je dois démarrer, je sais aussi ce que Léo va faire. (…) Mon déplacement à moi dépendait donc de celui des autres, soit de Dani Alves (état-il monté ou pas ?), soit de Léo »

On retrouve cette volonté dans un autre match référence du Barça, la victoire contre Santos en finale de la Cupe Intercontinentale 2011 où, dans un match sans véritable 9 mais avec Fabregas, Guardiola a prouvé combien le mouvement été la clé pour désorganiser une défense. Xavi a marqué un but après une possession d’une minute trente et 35 passes.

Si l’on sent bien l’admiration de Thibaud Leplat pour Guardiola, il n’oublie pas de citer les détracteurs du Catalan (Mino Raïola, Ibrahimovic, Mandzukic…), même s’il balaie sans difficulté leurs critiques aigries. Il aborde aussi des défaites et moments douloureux comme le décès de Tito Vilanova. Bref, après avoir lu ce livre, vous saurez tout de la philosophie footballistique et des motivations de Josep Guardiola. Cela ne nous dit pas où il entraînera la saison prochaine mais si ses courtisans lisent ce livre, ils auront encore plus envie de le signer.