A seulement 21 ans, Lionel Samba s’apprête à découvrir son troisième pays après sa signature au FK Bylis Ballsh en D1 albanaise. De la banlieue nancéienne à la Bulgarie en passant par Créteil, nous sommes revenus sur la jeune carrière d’un jeune plein d’ambition mais qui garde la tête sur les épaules.
Pour commencer, peux-tu te présenter rapidement à nos lecteurs ?
Je suis Lionel Samba, j’ai 21 ans et je joue défenseur central. J’ai été formé en France, je suis passé par le SAS Epinal et Créteil-Lusitanos avant de partir à l’étranger, notamment en Bulgarie où j’ai joué en D2.
Comment es-tu tombé dans le monde du football ?
A la base, je viens d’une cité aux alentours de Nancy, le Vand’Est. Et dans les cités, le sport roi c’est le football. J’ai beaucoup joué avec les copains en bas des blocs mais je ne me suis jamais trop inscrit en club. Et quand j’avais 11-12 ans il y avait un entraîneur de ma ville, Vandoeuvre, qui a décidé de me prendre et j’ai commencé gardien de but (rires).
Après tu es passé défenseur central, quel type de défenseur es-tu et qui est ton modèle ?
Je suis un défenseur central assez rugueux et athlétique. J’aime bien le combat physique et presser mon attaquant. Après, j’aime aussi être propre dans tout ce que je fais et notamment la relance.
Comme je suis fan du PSG depuis tout petit, mon modèle était Mamadou Sakho, bien évidemment !
Est ce que tu peux nous détailler tes clubs avant Epinal, ta formation en tant que jeune ?
En tant que jeune, j’ai pris ma première licence à l’US Vandoeuvre, j’ai joué une saison. En sachant que j’ai pas mal bourlingué quand j’étais jeune, après l’US Vandoeuvre, je suis parti à Heillecourt. Ensuite, je suis passé à Neuves-Maisons, ce qui m’a permis de faire les Espoirs du Foot en U14. J’ai pu également jouer en équipe de Lorraine. Ensuite, en U15, je suis parti à Pagny-sur-Moselle.
Après ma saison à Pagny, je devais m’engager en D2 belge, à l’Excelsior Virton. J’avais moins de 16 ans donc il fallait soit trouver une famille d’accueil soit que des membres de ma famille déménagent avec moi. C’était trop compliqué donc je me suis engagé à Epinal, en U17 Nationaux.
Et en sélection de Lorraine, tu jouais contre qui exactement ?
En gros, en U14, on allait au pôle de Reims (au CREPS) avec la sélection. Il y avait aussi les sélections d’Alsace et de Paris par exemple mais on jouait contre d’autres régions effectivement. Ces sélections étaient surtout un brassage avant l’équipe de France U16 où les meilleurs ont poursuivi et notamment certains joueurs qui étaient avec nous en U16.
Comment s’est déroulée cette année à Epinal ?
A Epinal, franchement on a vécu une année fantastique. Avec les U17 Nationaux, on a tout explosé et on a fait ce que personne n’avait fait à l’époque dans le foot français. Je crois qu’il n’y a que 3 clubs amateurs qui ont réussi à jouer les play-offs. Si je ne me trompe pas, il y a Montrouge et le FC Lyon. Donc, on a réussi à se qualifier pour les play-offs. On avait une bonne équipe, on s’entendait super bien sur le terrain et puis les résultats étaient présents. C ‘était vraiment super ce qu’on a pu réaliser ensemble.
Et donc, à ce moment-là, tu savais déjà que tu allais finir professionnel ?
Ça a toujours été l’ambition. Je ne pouvais savoir à ce moment-là mais j’ai toujours été sérieux dans mon travail, dans tout ce que je faisais. J’avais donc déjà l’ambition de faire du foot mon métier.
Tu t’es envolé ensuite pour Créteil, comment ça s’est passé là-bas ?
Avant de partir à Créteil, j’ai fait des essais dans deux clubs professionnels. A la base, je devais m’engager à Dijon, j’ai été à l’essai et tout s’est bien passé. Mais à la dernière minute j’ai eu des problèmes et finalement ça ne s’est pas fait.
Après Dijon, j’avais le choix de faire un autre essai, soit à Amiens, soit à Toulouse. J’ai préféré aller à Toulouse. Mon essai s’est super bien passé, je devais rester trois jours, au final ils me gardent deux ou trois semaines. Mais le dernier match que je joue chez eux, je fais une boulette. Je veux relancer, interception, passe, but et ça me coûte la signature.
C’est dommage mais je regrette pas j’ai pu connaître de bonnes personnes à Toulouse comme Jean-Clair Todibo. Je suis encore un peu en contact avec lui d’ailleurs.
Tu nous parlais de ton « grand frère » Macky Bagnack, quels sont vos liens exactement ?
En sachant que je suis fils unique, Macky c’est un peu le grand frère que la vie m’a donné et du coup on est très proches. On a pas de lien de sang mais il me considère comme son petit frère et je le considère comme mon grand frère. Il m’aide déjà spirituellement parce que nous sommes dans la foi. On est frères en Christ.
Il m’aide aussi dans ma carrière. Il me conseille énormément avec la grande expérience qu’il a, sachant qu’il est passé par le FC Barcelone, il a du métier. Du coup, il m’aide que ce soit sur le terrain ou aussi pour l’extra sportif. Il me donne beaucoup de conseils et je l’écoute.
Et comment vous êtes-vous connus ?
A la base on s’est connu dans un groupe de partage et on a tout de suite accroché. A cette époque-là, il était en Autriche et moi à Créteil justement. En Autriche, il a passé des moments difficiles parce qu’il ne jouait pas du tout et donc moi j’étais son épaule, je faisais mon rôle de petit frère, je l’appelais tout le temps, je lui demandais si ça allait.
Faut savoir que dans le monde du football quand vous traversez des périodes un peu plus compliquées, souvent les gens ne sont plus là. Comme je l’ai toujours soutenu sur ce plan là, ça a développé un lien fraternel entre nous. Et pareil quand j’ai traversé des moments un peu plus compliqués, il m’a toujours soutenu que ce soit psychologiquement, financièrement aussi et ça fait comme si c’était mon frère de sang.
En juillet 2018, tu as signé au FK Sevlievo, qu’est ce qui t’a plu dans ce club ?
Quand je suis sorti de Créteil, je voulais partir à l’étranger. Je me disais aussi qu’à l’étranger, j’avais plus de chance d’émerger parce que déjà je venais d’un bon petit club en France. Je voulais un peu exporter le savoir-faire qu’on a en France, notre formation. J’ai eu cette idée-là.
Et à la base, j’étais à l’essai à Pirin (Blagoevgrad), un club de D2 qui a été racheté avec beaucoup de moyens, une force financière importante. J’avais le choix de signer là-bas mais le coach n’était pas du tout emballé. Le directeur sportif me voulait mais le coach non. On sait tous qu’avec un coach pas emballé je n’allais quasiment jamais jouer. Et à mon âge, il était important de trouver un club avec lequel j’allais apprendre, continuer de progresser et avoir du temps de jeu. C’est pour ça que je me suis engagé à Sevlievo.
Globalement, avant d’arriver, que connaissais-tu du football bulgare ?
Honnêtement, je ne connaissais vraiment pas grand chose. Pour ne pas mentir, je connaissais seulement quelques grands clubs de Bulgarie comme le Levski et le CSKA Sofia ou encore Ludogorets. J’avais aussi quelques échos de connaissances qui avaient joué en Bulgarie mais rien de plus.
A Sevlievo, as-tu eu l’occasion de jouer des gros matchs en coupe ou lors de derbies par exemple ?
Pas forcément, après on a joué en coupe une équipe de D2, c’était un bon match mais on s’est un petit peu fait voler à la fin donc c’est un petit regret. Par contre, à Sevlievo, j’ai beaucoup joué, j’ai eu du temps de jeu et ça m’a permis d’être dans l’équipe type de D3. Par la suite, j’ai pu signer en D2.
Tu as donc pu t’adapter assez rapidement à la vie bulgare malgré les changements que cela a dû représenter ?
C’est sûr qu’il y a un grand changement après je suis quelqu’un, quand je vis dans un pays, je ne suis pas du tout fermé, je veux apprendre, connaître la culture. J’essaye aussi au maximum de parler leur langage pour ne pas passer pour le mec qui ne fait pas d’effort. Déjà, à force de m’exercer, j’ai amélioré mon anglais. Je peux dire que je suis bilingue maintenant. Et je parle aussi un petit peu bulgare, j’ai des bases.
Après toutes ces années, comment parlerais-tu de la Bulgarie ?
En Bulgarie, le football est un football très physique, très rugueux. Toutes proportions gardées, on peut le comparer à l’Angleterre. Ça me fait penser à ce type de jeu, très physique et très athlétique. Après le football bulgare n’est pas très tactique mais il y a de nombreux joueurs très techniques. Également, le championnat s’améliore d’année en année.
Par contre, au niveau des ambiances, ce sont des grands grands fans de foot. J’ai joué de nombreux matchs avec pas mal de supporters. Là-bas, il y a des ultras et c’est sûr que ça met de l’ambiance dans le stade. Pour moi qui n’avait jamais connu ça avant, ça fait un peu bizarre mais c’est aussi pour ça qu’on joue au foot, pour jouer dans des ambiances comme ça.
Tu as signé à Varna en janvier, comment as-tu vécu cette demi-saison avec cette grosse coupure notamment ?
Franchement, pour être honnête, c’était beaucoup de frustration. J’ai eu le sentiment de ne pas aller au bout des choses. J’étais sur une lancée plus que positive, j’étais titulaire, j’enchainais les matchs et les bonnes prestations. Surtout je savais qu’en enchaînant les matchs et les prestations de qualité, j’allais faire parler puisque je suis assez jeune quand même. C’est sûr qu’un jeune qui joue, qui est titulaire, ça se remarque d’emblée. Puis, aussi, je pensais à l’après parce je me disais qu’au niveau des statistiques, un joueur qui a beaucoup joué, c’est plus vendeur pour la suite.
Quel est ton championnat favori et/ou celui qui correspondrait le plus à tes qualités ?
Actuellement, je dirais l’Angleterre, la Belgique ou le Portugal.
Suis-tu actuellement l’actualité de la sélection congolaise et penses-tu pouvoir y prétendre dans les mois/années à venir ?
Je suis l’actualité de la sélection, oui, parce que j’ai toujours émis le souhait de jouer pour la sélection congolaise, le pays de mes parents et le mien aussi parce que je suis né là-bas. C’est vrai que j’ai déjà eu des contacts. J’avais eu un premier contact quand j’étais à Créteil. C’était pour disputer la CAN U20 mais ça ne s’est malheureusement pas fait. Dernièrement j’ai eu un contact avec la sélection congolaise mais ça ne s’est pas fait à cause de mon passeport qui n’était pas valide mais il y avait peut-être possibilité d’être appelé.
Donc là tu penses que d’ici quelques mois ça peut le faire avec la CAN qui arrive prochainement ?
Après je ne sais pas si d’ici quelques mois, ça va se faire. En tout cas, c’est un objectif à court ou moyen terme, je travaille pour ça et j’espère que ça va arriver assez rapidement.
Pour terminer, qu’est ce qui t’attend pour la suite ?
Déjà, vu que je suis sur le point de m’engager dans un club en première division albanaise, ça serait de jouer le maximum de matchs et d’être souvent titulaire. J’aimerais aussi progresser, apprendre et prendre de la bouteille. Évidemment, l’objectif principal est d’aider l’équipe mais aussi de faire parler de moi et puis de continuer de travailler pour aller le plus haut possible.
Toute l’équipe de PKFoot remercie Lionel Samba pour sa disponibilité et lui souhaite une très belle deuxième partie de saison ! N’hésitez pas à suivre ses aventures sur son Instagram : lionel_samba !
Update : Grâce au nouveau club de Lionel Samba, le KF Bylis Ballsh, notre interview est passée dans le journal en Albanie !