Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se déplacer. Et ça, un footballeur l’a bien compris. Lutz Pfannenstiel ne vous dit peut-être rien. Mais ce gardien de but allemand a joué sur les 6 continents déterminés par la FIFA.
Plutôt que l’enrichissement matériel, Lutz a préféré remplir son esprit de souvenirs inoubliables, d’expériences extra sportives qui pourraient faire pâlir les plus voyageurs d’entre nous, car quoi de mieux pour s’imprégner de la culture locale que de pratiquer un sport et connaître la ferveur populaire ?
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Des débuts difficiles qui donneront le ton pour la suite…
Natif de Zwiesel en Bavière, la carrière de ce gardien nomade commença au FC Bad Kotztling en Allemagne, pour finir au Ramblers Football Club en Namibie. Entre temps, Lutz en a fait du voyage, durant une carrière qui dura 20 ans. Gardien prometteur, international allemand des moins de 17 ans, il est approché à ses 18 ans par 3 clubs de première division allemande pour un contrat d’aspirant. Bochum, Nuremberg et le Bayern Munich sont sur le coup. Entre temps, un agent vient lui proposer une offre un peu singulière en provenance de Malaisie, qu’il accepte, ce qui peut paraître surprenant à cet âge là. Après 9 mois passés sur l’île de Penang, il est contacté par le club de Wimbledon en Angleterre, où il se blesse après quelques matchs seulement. Il va alors enchaîner les clubs : Nottingham Forest (Angleterre), Saint Trond (Belgique), Hamrun Spartans (Malte), Orlando Pirates (Afrique du Sud), et retour à Nottingham. Ainsi, depuis son départ d’Allemagne, le jeune Lutz joua seulement 23 matches en 4-5 saisons. Pour quelqu’un qui refusa d’être une simple doublure dans les gros championnats européens, ce sont des débuts plutôt ratés.
L’expérience folle de Singapour…
En 1997, à 24 ans, il tente l’expérience à Singapour, aux Sembawang Rangers, où il joue 22 fois. Il revient rapidement en Finlande une saison et décide de repartir en 1999 au Geylang United, toujours à Singapour, où il est élu meilleur gardien du championnat. Cependant, le rêve vire au cauchemar : il est emprisonné pour une fausse affaire de corruption, et son témoignage sur le Monde en 2010 est glaçant : « J’ai été emprisonné dans une des pires prisons du monde pour quelque chose que je n’avais pas fait. Trois jours avant un match, un type me demande si nous allons gagner. Je dis oui. Et il va me dénoncer en m’accusant de lui avoir proposé de parier sur la victoire de mon propre club… Ce qui est d’abord faux, mais surtout absurde puisque je disais juste qu’on allait gagner. (…) J’ai été en prison pour ça. J’ai perdu 16 kilos, on me tabassait tous les jours ». Considéré comme une star lors de cette période où il joua plus de 40 matches avec cette équipe, il avouera également avoir pensé au suicide lors de ces 101 jours passés en prison, avant d’être innocenté. Ca forge le caractère comme on dit.
De l’arrêt respiratoire à la vie de voyageur…
Lutz a joué plus de 280 matches disputés dans une dizaine de pays jusqu’en 2011, de la Nouvelle Zelande au Canada, en passant par la Norvége, l’Albanie, l’Autriche, le Brésil et la Namibie. Il fut également entraineur des gardiens de l’équipe nationale de Cuba et de Namibie, histoire d’avoir encore un peu plus d’expérience… Lors d’un de ses nombreux retours en Europe et en Angleterre, en 2002, il fut victime d’un accident qu’il raconte : « Je jouais en Angleterre, et lors d’un match, je vais au duel contre un attaquant, mais il glisse et me percute violemment au niveau du plexus solaire. Un accident flippant : mon poumon s’est décollé, mon cœur s’est arrêté. Mais je ne suis pas mort : le kiné m’a ramené à la vie trois fois de suite. » C’est bien connu, quand on passe aussi près de la mort, on voit la vie différemment, et entre cet événement et la prison à Singapour, on ne peut que comprendre cette irrésistible envie de voyager et profiter de la vie à pleins poumons.
Son projet : le Global United
FC Lutz est l’un des rares footballeurs à avoir compris l’importance que peux jouer le football sur le monde, qu’au lieu de rouler en Lamborghini et d’acheter une villa de luxe, on peut se servir de notre notoriété et du sport pour faire évoluer les mentalités dans le bon sens. Ainsi, les joueurs ont souvent une aura et une parole supérieure à celle des politiques, notamment dans les pays en voie de développement. Le meilleur exemple reste l’Afrique, où des personnes comme Drogba, Eto’o ou Weah ont une influence comparable à celle d’un Dieu, ou encore en Amérique du Sud, terre de religion du football.
[blockquote]Grâce au Football, j’ai exploré le monde. Cela compte beaucoup plus à mes yeux que de gagner beaucoup d’argent…Lutz Pfannenstiel[/blockquote]
Il souhaite utiliser le football pour servir sa cause, celle du Réchauffement climatique et du développement durable. De nombreuses ex-stars comme Cafu, Laudrup, Matthaeus, Oliseh, Solskjaer, Elder, participent déjà au projet…mais pas encore de Français.
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Avec son slogan « We love Football, We love our planet« , l’idée du Global United FC est de jouer environ 2 matches par an, en Antarctique, au Groenland, en Tanzanie, en Amazonie, là où les premiers effets du réchauffement climatique sont déjà visible. Il pense ainsi attirer d’autres grands noms du football moderne et ancien, car qui de mieux qu’une star internationale, qui a une réelle influence sur le milieu populaire, pour pouvoir faire évoluer ces mentalités ? Le Football étant apprécié partout, il espère donc sensibiliser des personnes qui d’ordinaire ne se seraient jamais intéressées à ce problème.
Depuis, Lutz a sorti son autobiographie, « Unhaltbar » (littéralement « Inarrêtable ») et sa vie sortira peut-être bientôt sur nos écrans. Hollywood s’y pencherait sérieusement… Il commente aussi des matchs de football pour la télévision allemande, comme lors de la précédente Coupe du monde au Brésil.
Voici le football comme on l’aime, loin des strass et des paillettes, qui nous donne envie de croire en l’intelligence et l’authenticité du footballeur, de sa réelle implication au sein de problèmes concrets.