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« On ne peut pas prédire la carrière d’un joueur de 17 ans » – Kevin Tapoko

Écrit par 12/03/2019mars 27th, 2019No Comments

Après Mathieu Manset, on continue notre série d’interviews avec un autre globe-trotteur, passé par Lyon, la Belgique, la Suisse, Israël, Chypre et la Grèce, il s’agit de Kevin Tapoko.

Tu as pu évoluer à Chypre, on sait qu’occasionnellement, ils parviennent à faire la différence en coupe d’Europe, comment jauges-tu la popularité du football à Chypre ?

Ça dépend beaucoup des clubs, il y en a des gros comme l’Apollon Limassol ou l’APOEL, et il y en a certains ou il y a à peine 100 personnes. Parfois, l’équipe d’en face n’a pas de supporters ils sont donc 50 personnes dans les tribunes. Mais pour des gros matchs il peut y avoir 15 000 – 20 000 personnes, ça m’avait surpris. Certains petits clubs ont parfois des supporters mais ça dépasse pas les 2000 personnes. Il y a un très gros écart de niveau entre le top 3 et le reste.

Comment as-tu vécu ton parcours chypriote ? Des anecdotes insolites ?

Oui j’en ai une, mon premier match avec Aris contre Apollon Limassol qui jouait le titre avec Nicosie. Ce jour-là, Nicosie a ramené 20 ou 25 000 euros sur la table pour nous motiver à jouer. Le président ne nous a pas dit que ça venait de Nicosie, mais il avait pas l’argent pour nous promettre une prime comme ça. Après en ce qui concerne mon parcours, c’était intéressant, j’ai directement démarré avec des gros matchs c’était pas mal. Il y a eu plus de problèmes avec des matchs à 150 personnes pour nous encourager, le championnat était terminé en février, et on a fini relégué, j’ai joué 1 mois et demi et je n’ai fait que 7 matchs, une expérience mitigée.

Quel est le niveau du championnat israélien actuel, comparé à ce que tu as connu de par chez nous en France ou en Belgique ?

J’ai été très surpris par le niveau ici, un championnat pas mi en valeur en Europe, le niveau est très intéressant, il n’y avait pas un énorme écart entre les équipes (10 premiers très bon, après un ventre faible de 3-4 équipes), beaucoup de supporters, et de bonnes infrastructures. Mon club, un des plus gros clubs ici est tout le temps plein (15 – 20 000 places), énormément d’équipes à supporters, on a l’impression de jouer des matchs de Coupe d’Europe il y a une belle ambiance. Il y a de plus en plus de joueur étranger qui viennent, Heifa fait souvent guichet fermé, on avait reçu Beitar Jerusalem ca se remplit. En Belgique je n’ai pas connu une ambiance comme ça, Anderlecht roule sur le championnat, mais les autres équipes rivalisent. Pour la visibilité c’est mieux la Belgique pour l’ambiance c’est mieux Israel;

Quelle est la place du foot à Israël ? Les footballeurs sont-ils reconnu dans la rue ?

C’est le sport numéro 1 ici, il est très populaire tout comme le basket, c’est un peu comme chez les Grecs, ils adorent le foot. Après niveau popularité ça dépend ou tu joues, les supporters de petits clubs vont pas te reconnaître dans la rue, mais si tu joues dans un gros club les gens vont te parler en pleine rue. Encore plus quand tu es étranger, je suis métisse et plutôt grand, ici on me reconnaisse plus facilement, et ils te montrent qu’ils sont très très passionnés, ça me fait vraiment penser à la Grèce. C’est différent de la France ou la Belgique ou tu peux avoir des stades à 30 000 personnes, et ne pas avoir de bruit, ils ne vont pas au stade avec la même mentalité qu’en Europe.

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Tu t’es bien adapté à la culture locale ? Quels aspects de cette culture t’ont plu ? (Gastronomie, tourisme etc … ?)

Je me suis très très bien adapté même s’il n’y a pas grand chose de différent. La principale différence c’est que ici notre samedi/dimanche, c’est le vendredi/samedi chez eux. Leur dimanche c’est notre lundi parce qu’ils font shabbat. Ici il fait tout le temps chaud et c’est accueillant, à la télé on peut entendre des choses à la télé complètement fausses, ça parle de la guerre, mais il y a pleins de tourisme et de plage, c’est un pays vraiment très très beau.

Tu es de la génération 94, comme un certain champion du monde Corentin Tolisso, tu as gardé contact avec lui ? Quel regard portes-tu sur son parcours ? Et l’ayant connu depuis ses débuts le vois-tu s’imposer à terme comme un titulaire en EDF ?

Moi j’ai surtout évolué avec la génération 93 avec Umtiti, je ne suis pas en contact avec lui (ndlr Tolisso), on s’entendait bien mais pas plus que ça, c’était un très bon joueur techniquement mais la il a gagné beaucoup de qualités physique. C’est peut-être pour ça qu’à Lyon il n’avait pas été surclassé, mais avec le temps il a gagné d’autres compétences. C’est quelqu’un qu’on attendait pas forcement là, et c’est la preuve que l’on ne peut pas prédire la carrière d’un joueur de 17 ans. En tout cas, je lui souhaite d’avoir sa place en Equipe de France il a les qualités pour.

Tu as joué en Belgique, Suisse, Grèce, Chypre et maintenant l’Israel. Parmi tous ces championnats, as-tu connu un stade avec une ambiance de malade ? Une ville qui respirait plus le foot qu’une autre ?

Le PAOK Salonique en Grèce c’était quelque chose, mais là actuellement je suis à Beer Sheva et c’était vraiment contre le Maccabi Tel Aviv. Quand j’évoluais avec Panionios, la rencontre contre l’AEK Athènes était un derby, un match pour la deuxième place, le stade était plein à craquer pour la première fois de la saison, c’était le match à domicile avec la plus grosse ambiance, j’espère en vivre d’autre. Et Athènes est sans aucun doute la ville que j’ai connu qui respirait le plus le foot, il y a beaucoup de clubs dans cette ville, 5 ou 6 qui évoluent au niveau pro, ça fait beaucoup de derby et de supporters.

Tu suis toujours la Ligue 1 ? Ton club formateur par exemple, Lyon, tu les vois faire un exploit à Barcelone au match retour ?

Je suis toujours la Ligue 1 au niveau des résultats, je ne regarde que les gros matchs, comme OL/OM, OL/PSG, OM/PSG… Lyon je les vois faire l’exploit, 0-0 à l’aller ? Pourquoi pas ? On a vu beaucoup de résultats fous dernièrement. Ils ont montré beaucoup de bonnes choses contre Manchester City, même si je pense que ça dépendra plus de la performance du Barca que de celle de Lyon.

Un retour en France pour toi c’est envisageable ? Dans quel club de préférence ?

Rentrer en France n’est pas vraiment un de mes objectifs… Après je n’ai jamais eu une vraie carrière en France, mais après avoir connu les conditions de vies et des mentalités différentes dans d’autres pays, je ne me vois pas partir maintenant. Après tout dépend du club, ça dépend du projet, si tu sais exactement ce que le club veut faire avec toi, forcément que ça fait réfléchir. Je n’ai pas vraiment de préférences, je regarde le projet avant le club, le projet professionnel, financier, et surtout l’aspect sportif qui sont déterminants dans mon choix.

Des mentalités différentes ?

Oui, en France ils sont très pointilleux sur certains points, bien plus que dans d’autres pays. En France et en Belgique on a tendance à être beaucoup moins tendre, on fait beaucoup moins de cadeaux sur le terrain et en dehors, je ne parle pas pour tout le monde bien sûr mais dans la plupart des cas c’est généralement comme ça. La mentalité française critique beaucoup plus qu’elle ne soutient, après je parle de mon expérience personnelle, ça lynche ça lynche et on voit après seulement. Tout le monde fait des erreurs, il faut être compréhensif, il y a le football et il y a la vie personnelle, j’ai pas envie de me lever le matin et ne plus avoir envie de jouer. Je pense qu’il faut être bien dans sa tête pour être bien sur le terrain.