Après plus de dix ans sans Scudetto, le Milan AC a remporté le championnat d’Italie. Ce titre a été célébré par les supporters du club, naturellement, mais pas seulement. Ce sacre a également été célébré par des personnes qui ne supportent pas le Milan AC, qui ne suivent pas la Serie A et qui pensent que le Capocannoniere est un prix culinaire annuel.
Nous verrons quelles sont les raisons derrière cette sympathie transcendant le supportérisme usuel, si ces raisons sont légitimes, et quelles conclusions en tirer.
Sommaire :
La nostalgie, un puissant facteur émotionnel
Une grande part de l’attachement émotionnel qu’éprouvent de nombreuses personnes pour le club lombard vient de la nostalgie.
Pour un bon nombre de fans du sport, la Champions League est la compétition qui offre le plus d’émotions et de spectacle.
Durant les années 2000, en plus de remporter la compétition à deux reprises, les Rossoneri impressionnent par la qualité de leur effectif. L’éternel Maldini, l’élégance de Pirlo, l’efficace Chevchenko, le fougueux Gattuso, le génie Kakà…
Cet effectif attire l’admiration de nombreux supporters de football, et ce malgré la présence dans l’équipe de Pippo Inzaghi.
Les rencontres du Milan AC étaient souvent des rendez-vous à ne pas manquer et les lombards impressionnaient tant dans la victoire que dans la défaite. La défaite en finale en 2005 est l’une des finales les plus mémorables de l’histoire de la compétition et la qualité de l’équipe milanaise ce jour-là rend l’exploit des scousers d’autant plus impressionnant.
Une vision erronée du derby della Madonnina
Il est intéressant de remarquer à quel point la mémoire collective peut être sélective, tant dans la façon dont l’opinion publique oublie que le club était inspiré dans le scandale du calciopoli que dans la façon dont de nombreuses personnes ont une mauvaise image de la rivalité entre le Milan AC et l’Inter Milan.
L’Inter Milan est souvent perçu à tort comme le « mauvais Milan » et ce malgré le fait que les Nerazzurri comptent plus de fans dans la ville de Milan que leurs colocataires.
Si il y a des années la rivalité était sociale entre les classes aisées de l’Inter contre les ouvriers du Milan AC, cette dimension a peu à peu disparue comme en témoigne le rachat du club par ce cher Silvio Berlusconi.
Il ne faut pas non plus oublier que si les dissidents ont décidé de faire sécession en 1908 pour créer l’Inter, c’était à cause d’un désaccord sur le droit de faire jouer des joueurs étrangers dans leur équipe.
Il est vrai cependant que durant de nombreuses décennies une dimension de la rivalité était le jeu défensif de l’Inter face au jeu offensif du Milan AC, la philosophie d’Herrera contre celle de Sacchi.
Mais cet aspect aussi s’est perdu, quand Sacchi fut remplacé par Capello et qu’Ancelotti a pris les rênes de l’équipe en 2001.
En somme, cet attachement émotionnel ne doit pas faire oublier que l’Inter est lui aussi un club historique avec une riche histoire, des innovations tactiques et un riche palmarès.
Conclusion
Il est tout à fait légitime de ressentir de la sympathie pour un club pour des raisons diverses. Il ne faut cependant pas que cette sympathie se transforme en amour aveugle qui mène à une haine pour un autre monument de l’histoire du football italien.
Il est aussi intéressant d’observer que les fans de football qui se sont battus bec et ongles contre la formation d’une ligue fermée sont heureux lorsqu’ils voient un club remporter un titre en raison du passé glorieux de ce club.
Ce n’est pas une contradiction étant donné l’importance du contexte de la compétition, mais il y a une part de paradoxe.