Le 11 juillet prochain, Sepp Blatter remettra la Coupe du Monde à Giovanni van Bronckhorst. Tout un peuple sera en délire. L’Angleterre, descendue 3-1 en finale, fera la gueule. Il est bien loin 1966. Ruud Gullit et Van Basten seront oubliés pour les noms de Robben et Sneijder. Beatrix ira acheter ses tomates en caleçon Van Persie. Analyse d’une mode qui passe à l’oranje.
On peut très facilement dire que les Pays-Bas remporteront cette compétition. De la même façon, on pouvait dire que l’Allemagne allait gagner sa Coupe du Monde en 2006, ou que le Portugal allait accrocher son Euro. On aurait pu. Mais là tant de paramètres font que rien n’arrêtera ce rouleau compresseur habillé en pyjama tigrou. Ils proviennent d’une nation aussi grosse que la Belgique mais sans les pieds carrés. Une nation au championnat qui n’a rien à envier au championnat écossais et où les tableaux d’affichage annoncent 4 chiffres. Comme un symbole.
Groupe E : Danemark, Japon , Cameroun, Pays-Bas
Une équipe de talents
On les appelle les « 4 Fantastiques ». L’axe Van Persie, Van der Vaart, Sneijder, Robben. Aussi difficile à écrire qu’ils sont bons balle aux pieds. A première vue, cette bande de joyeux lurons n’a aucune chance face aux monstres de physique camerounais, aucune chance face à la hargne danoise ni face à la rigueur des japonais. A première vue. Leur force, comme pour le Marvel 4 Fantastiques, provient de la complémentarité sur le terrain. La technique de Robben, associée à la puissance de Van Persie, la frappe de Sneijder et la vista de Van der Vaart, va faire tourner la tête de toutes les défenses. Ils savent se trouver sans lever les yeux. Tels de véritables chef d’orchestres conscients de leurs attouts et défauts, ils savent apporter le jeu total comme à la bonne époque de l’école Ajax des années 70.
Le reste n’est pas si dégueux comme joker : le Ben Arfa version tulipe (Afellay), le « Taiwo un cran plus haut » (Babel) et le revanchard de 26 ans (Huntelaar). Et Kuyt.
Une saison bien remplie
La plupart des joueurs de cette équipe a vécu une année marathon. Dans le bon sens du terme. Une finale de Ligue des Champions pour Robben et Van Bommel. Kuyt est une des rares satisfactions de la saison des Reds, arrivant à éclipser le gaspacho Torres. Une saison pleine pour la défense indiscutable en club. L’arrière droit Van der Wiel est LA révélation de l’année en Hollande. Les seuls craintes sont à voir du côté de Londres et Robin Van Persie. Eternel blessé, le grand attaquant des Gunners est revenu en trombes avec son club.
Un leader charismatique
Le 5 juin, tout un pays était suspendu à l’état de la cuisse gauche d’Arjen Robben. Comme un con, le divin chauve s’est déchiré sur une tallonade après avoir ammené le coup de jus lors d’une partie qui sentait bon le France/Chine face aux modestes hongrois. Robben participera bien à la Coupe du monde. La blessure est moins grave que ce que le staff ne l’avait redouté. Cet engouement montre bien l’importance de cette pièce dans l’effectif de Bert van Marwijk. A titre de comparaison, Franck Ribéry a un gros impact dans le jeu français. Les deux jouent à Munich et leurs absences influent grandement sur les performances du champion d’Allemagne. Lyon est là pour en témoigner, l’Inter pour confirmer.
Une campagne victorieuse
Le système de jeu en 4-2-3-1 fait des merveilles et permet à chacun des meneurs de s’exprimer librement. Huit matchs à l’extérieur, autant de victoires. On continue ? Les matchs amicaux remportés 2-1, 2-1, 4-1 et 6-1. On appelle ça un diesel et en général ça tient la route. Les adversaires étaient pourtant honorables : USA, Mexique, Ghana, Hongrie.
Un public fanatique
Le public hollandais ne siffle pas. Le public hollandais supporte son équipe. Le public hollandais respecte son sélectionneur, même quand celui-ci ne sélectionne pas certains joueurs qui auraient pu l’être. On appelle ça le respect parait-il. De même, la presse hollandaise, il est vrai rarement critique, a laissé sa nationale se former en paix. Et cela sera sans doute aussi une des forces. On entend peu parler des Pays-Bas. En tout cas moins que de l’Argentine, de la France ou de l’Angleterre.
Des leçons du passé retenues
La Hollande a toujours été présenté comme un candidat sérieux aux titres européens et internationaux. Son plus grand danger à chaque fois été lui-même. En 96, lors de son élimination, la jeunesse l’avait empêché de battre de pauvres français. En 98, la roulette russe des pénalties les fait perdre contre le Brésil. Euro 2000 : Magic Toldo. En 2002, absent. C’est le début de la fin. Les querelles internes (clan pro-Surinam et pro-métropolitain) pourissent l’ambiance. Ce ménage était nécessaire et justifié.
Un coup de balai pour repartir
Le sélectionneur national a décidé de se passer de deux cadres qu’on aurait pu penser indispensables pour la Coupe du Monde : Clarence Seedorf et Ruud Van Nistelrooy. Les deux anciens ont subi la jurisprudence Benzema/Nasri qui consiste à privilégier l’ambiance de groupe. Seedorf aurait payé son implication dans les « clans » de la nationale des compétitions précédentes et Van Nistelrooy n’entre pas dans les plans de Bert van Marwijk et de ses assistants. Alors qu’il était passé du Real Madrid à Hambourg dans l’espoir d’être prêt à temps, le batave peste. Et Raul en 2008 avec l’Espagne ?
Leur seul point faible : la défense
Malgré son expérience, la défense des hollandais ressemble à la paire Gallas/Abidal avec la gastro. C’est long, ça pue et c’est pas beau à voir. Et je ne vous dis pas ce que ça laisse passer. A côté du phénomène Van der Wiel, les Heitinga et Mathijsen essaient tant bien que mal de confirmer les espoirs placés en eux. La preuve de leur malaise : Ooijer est titulaire indiscutable. De l’autre côté, papy Van Bronckhorst essaiera de retrouver ses jambes de 20 ans. Tous les défenseurs ont finalement autant de chances de débuter. Et c’est bien ça leur plus grand danger.
Mais à la manière du Real Madrid, et comme le dirait justement si bien Zinedine Zidane, le plus important est bien de marquer un but de plus que son adversaire. Alors les buts encaissés, …