Formé à l’Octeville Hague Sports puis au FC Saint-Lô Manche, Wilfrid Gohel rejoint le club professionnel de 2e division Valenciennes-Anzin FC en 1985 à l’âge de 16 ans.
« Je suis originaire de Cherbourg. Et j’ai évolué St Lo cadets nationaux, j’ai pu m’exprimer et quelques clubs professionnels ont pu voir ce que je valais » se remémore Wilfrid. Il marque son premier but lors de la saison 1988-1989. En 1993, Valenciennes est relégué, Wilfrid part à Strasbourg où il restera trois ans et joue même trois matchs de coupe d’Europe (UEFA). De 1996 à 1998, il porte le maillot du SC Bastia. Après six années au plus haut niveau, à bientôt 30 ans, Wilfrid Gohel part à Cannes, une équipe qui vient de quitter l’élite mais le club ne parvient pas à remonter en Division 1. Après trois années de division 2, le Cherbourgeois tente une dernière aventure en Chine, avant de raccrocher les crampons en 2002 et démarrer une nouvelle vie dans la restauration mais aussi du transport tout en gardant un œil sur le football avec son club de Draguignan où il occupe la fonction de manager général. L’ancien attaquant attaquant – également administrateur au Crédit Mutuel – revient sur sa carrière et sa reconversion.
La découverte de l’Europe avec Strasbourg et Bastia
Wilfrid Gohel : « Cela a été des moments exceptionnels la coupe Intertoto que j’ai disputé deux fois avec le Racing Club de Strasbourg puis le Sporting Club de Bastia. Cette compétition n’était pas complètement considérée alors que pour moi et les clubs, c’était une occasion de se mesurer à différents clubs voisins de championnats voisins. C’est comme ca que l’on peut acquérir une expérience internationale. Avec le Racing Strasbourg, nous avions pris cette coupe au sérieux, ce qui nous a amené en coupe de l’UEFA où par deux fois nous avons été en 8e de finale. J’ai pu jouer contre le grand Milan AC à l’époque où jouaient Barsesi, Costacourta, Maldini, Weah, Baggio, Maldini »
Le passage en Division 1 de 1992 à 1998
« J’ai fais 6 années en Division 1 avec Valenciennes, Strasbourg et Bastia. Un niveau très intéressant. A Strasbourg à chaque fois nous étions dans les 10 premiers du classement. En 1995, on a flirté avec le haut du classement car nous avons été longtemps dans les 4 premiers. Cela m’est arrivé aussi avec Bastia, à 5 journées de la fin, nous étions juste derrière le PSG au classement. A travers ces deux clubs, j’ai pu côtoyer le haut niveau et jouer avec des joueurs internationaux français et étrangers comme ce fut le cas à Strasbourg »
Les sélections en Equipe de France A’
« A la sortie de Valenciennes, au cours de la montée de D2 en D1. Mon coach Georges Peyroche avant un match et pendant la causerie m’annonce ma première sélection pour l’équipe de France A’. Il en avait eu la larme à l’œil. J’ai fais 4 matchs où j’avais mis 4 buts. On devait partir pour les Jeux méditerranéens en Grèce mais la ministre des Sports avait annulé le déplacement car le budget était trop élevé pour la délégation. Je garde un goût amer de cette annulation car j’aurais souhaité pouvoir porter le maillot de l’équipe de France encore quelques fois »
As-tu des regrets par rapport à ta carrière ?
« Je n’ai pas de regrets. Je me suis posé la question avec les Girondins de Bordeaux. A l’époque ils me voulaient et Strasbourg aussi. Il y avait une très belle équipe avec Dugarry, Lizarazu et Zidane. Je me suis toujours dis si j’avais été là-bas, comment cela se serait passé pour moi après. Au niveau contrat j’avais la même proposition que Strasbourg. Je suis allé à Strasbourg, j’étais en équipe de France A’ avec José Cobos et Franck Leboeuf qui eux étaient déjà là-bas. Mes années à Strasbourg ont été une fierté, elles ont débouché sur la coupe d’europe et une finale de coupe de France. Mon choix a été fructueux »
Comment s’est fait ton départ vers la Chine, au Changchun Yatai ?
« Le club chinois par une dame agent de joueur cherchait un attaquante. Elle connaissait apparemment Christophe Josse. Christophe m’en a parlé. J’étais intéressé et je suis allé en Chine tout seul. L’agent chinoise ne pensait qu’à son argent et je suis allé moi-même négocier en anglais avec un interprète. J’ai fais un essai qui s’est révélé fructueux. J’ai tout négocié, mon logement, mon salaire en dollars, la prime de signature. J’ai fais une saison à 24 buts où j’ai terminé meilleur buteur. Je devais renouveler mon contrat et doubler mon salaire mais j’ai découvert que mon club avait triché avec 4 autres clubs pour obtenir des résultats et ainsi rester deuxième derrière Shanghai. Le dernier match, je m’étais rendu compte de faits bizarres. Les joueurs ne bougeaient pas et nous laissaient marquer. La fédération chinoise s’en est aperçue et a sanctionné les clubs en les rétrogradant et interdisant la venue de joueurs étrangers. Sans tout cela, je serais reparti une saison en Chine »
A quel moment as-tu pensé à ta reconversion ?
« J’ai pensé à ma reconversion relativement tôt car à Strasbourg j’avais 25 ans j’ai refais de hautes études avec différents joueurs comme Rémi Garde, Marc Keller, Yvon Pouliquen. On a incorporé une école supérieure avec des cours d’économie et de gestion pour nous permettre d’être armé après notre carrière dans la vie active. Quand je suis revenu de Chine, j’ai fais un court séjour en Angleterre mais cela ne m’a pas plu et je suis rentré de nouveau. Je me suis demandé ce que j’allais faire. J’ai passé mes diplômes d’entraîneur, le BE1, avec succès. Je n’avais pas envie de partir après des contrats et de déménager souvent. Je voulais me prouver que je pouvais réussir par moi-même. J’avais une stabilité familiale à Cannes où je me sentais bien. Je me suis entouré d’amis sûrs. Notamment Eric Chaumier avec qui j’ai fais mes études jusqu’au BAC et que je connaissais depuis des années. Il était dans la restauration à Paris et est ensuite descendu à Cannes. On s’est appelé et on s’est dit pourquoi pas s’associer pour une affaire dans la restauration. Cela a duré 13 ans dans une brasserie à Cannes qui s’appelait « le Baptistin ». Cela a très bien marché. Nous avons triplé le chiffre d’affaires. Nous l’avons revendu et avons racheté un restaurant de plage qui marchait bien, le Boucanier, où nous sommes depuis 5 ans. J’ai eu une brève expérience à l’AS Cannes. Je suis parti dans un club plus amateur mais plus dans ce que je souhaite faire. Un club sain et stable avec un esprit club. C’est comme cela que l’on peut construire des choses intéressantes. La municipalité nous soutient beaucoup. Draguignan a joué au plus haut en National. C’est l’objectif dans les 3 ans de retrouver ce niveau »
En dehors de la restauration et du foot, tu as crée une nouvelle structure spécialisée dans le transport « VTC Wilfrid Gohel », peux-tu en dire plus ?
« Je ne travaille plus au restaurant donc j’ai un peu de temps à consacrer. Étant donné que pour Draguignan et les clubs amateurs, la crise sanitaire nous a mis à l’arrêt, je vais penser à faire autre chose de complémentaire et flexible en termes d’heures de travail. Cela fait longtemps que j’y pensé. A Cannes et sur la Côte d’Azur, il y a beaucoup de congrès, de festivals. Ce métier de VTC est un métier qui non seulement me plait mais qui peut être assez lucratif et intéressant. Et le faire à sa guise. A mon âge, 52 ans, c’est essentiel. Ce métier me correspond parfaitement »