AvideceWopyBalab

Depuis un peu plus d’un mois, la fédération allemande a lancé le fameux « Montagsspiel » (comprenez match du lundi soir). Cette nouvelle initiative qui vise, à l’origine, à assouplir le calendrier des formations allemandes engagées dans les différentes compétitions européennes est loin de faire l’unanimité outre-Rhin.

Boycott, stades silencieux, banderoles, sifflets, les trois derniers matchs de Bundesliga qui se sont déroulés un lundi soir contrastent très fortement avec les fabuleux spectacles habituellement proposés le week-end.

Pourquoi cette mesure ne fait-elle pas l’unanimité auprès des fans ? Quels sont les objectifs de la fédération allemande derrière cette mesure ? Pour beaucoup, l’argument de l’Europa League n’a pas lieu d’être. Ainsi, l’Allemagne, terre de football et mondialement réputée pour ses supporters bruyants et fidèles, peut-elle envisager des matchs le lundi au risque de perdre de son charme et son identité ?

Balles de tennis, sifflets et chute du Mur

19 février 2018, 20h27. Le titre de Bob Geldof « I don’t like Mondays » résonne dans les travées de la Commerzbank Arena de Francfort, accompagné par les sifflets et les banderoles de protestation de 45 000 spectateurs. Au retour des vestiaires, ce sont des centaines de balles de tennis lancées par les Ultras de l’Eintracht qui retarderont le coup d’envoi du second acte. Ce n’est pourtant pas le gardien du Red Bull Leipzig, club très controversé en Allemagne, qui est visé mais bel et bien les dirigeants de la Bundesliga.

Très influents au pays de Angela Merkel, les Ultras de l’Eintracht ont ainsi appelé l’ensemble des supporters teutons à protester contre les matchs du lundi et sont bien décidés à y employer tous les moyens. Ce premier Montagsspiel de l’Histoire de la Bundesliga moderne (le dernier datant du 30 mars 1964) marque ainsi le début d’une révolte qui concerne tous les supporters allemands.

Cette action trouve écho une semaine plus tard lors de la rencontre opposant le Borussia Dortmund au FC Augsbourg. Réputé comme étant l’un des publics les plus fidèles du monde avec un taux de remplissage proche des 100% à chaque rencontre, le Signal-Iduna Park de Dortmund n’affiche que… 54 300 spectateurs pour cette rencontre, soit le plus faible total du club en championnat depuis 1996 !

https://twitter.com/BVBSudtribune/status/968481035137757186

Le Mur Jaune est tel un gruyère et le stade anormalement silencieux. Méconnaissable.

Alors que les hauts-dirigeants de la Bundesliga évoquaient une volonté d’aménager les calendriers chargés des clubs disputant les Coupes d’Europe, beaucoup y voient une raison économique : revalorisation du produit Bundesliga auprès des investisseurs étrangers, future renégociation et augmentation des droits TV, arrivée de nouveaux partenaires financiers et institutionnels…

Les matchs du lundi ne donnent pas non plus pleine satisfaction aux dirigeants des clubs. Ces derniers se sont même montrés solidaires de leurs supporters à l’instar du président du BVB Hans-Joachim Watzke qui a déclaré privilégier « la communion des fans plus que les gains économiques générés par les matchs du lundi ». Mais alors quelles retombées pour ces matchs du lundi ? Bilan de l’expérience en fin de saison.

La possibilité de matchs de Ligue 1 Conforama le lundi ? Pas une solution selon la LFP…

Mais alors, peut-on imaginer un tel scénario en L1 ? Invité de l’émission Breaking Foot sur SFR Sport le 15 mars dernier, Didier Quillot, le président de la LFP «ne voit pas où est le gain». Malgré les appels du pied de Rudi Garcia ou encore de Bruno Génésio de décaler les matchs le lundi soir après les rencontres d’Europa League, la Ligue n’y voit pour le moment pas une solution pertinente…

Avec les rudes manifestations contre la « règle 50+1 » et les boycotts des « Montagsspiele », la Fédération allemande a beaucoup de dossiers brûlants à gérer en cette fin de saison. Alors que se profilent de nouvelles rencontres programmées le lundi, la colère des supporters allemands est loin d’être apaisée. « Lundi, c’est coiffeur », « Lundi, c’est pecs et biceps », « Le lundi, c’est pour dessoûler ». Les banderoles et les messages sont nombreux dans les stades outre-rhin. De plus, avec le seul Red Bull Leipzig comme dernier représentant allemand en Europa League, les dirigeants ont pourtant décidé de programmer d’autres rencontres dont certaines cruciales dans la lutte pour le maintien. Après le Werder Brême-FC Cologne du 12 mars, le Mayence-Freiburg du 16 avril sera-t-il aussi le théâtre d’une protestation de masse malgré l’enjeu de la rencontre ? Après avoir appelé au boycott dans un premier temps, les fans des deux camps se sont ravisés mais ont promis de manifester leur mécontentement. Réponse dans 10 jours.