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Alors que les envies de départ du Brésilien sont connues depuis longtemps, le nom d’un club revient avec insistance comme destination privilégiée : le FC Barcelone. Souhait du joueur, besoin du PSG, lobbying de Messi… toutes les conditions semblent réunies pour le retour de Neymar en Catalogne. Pourtant, les dirigeants barcelonais devraient réfléchir à deux fois avant de recruter le natif de São Paulo.

Un aveu d’impuissance

Le 3 août 2017, Neymar signait au PSG au terme d’un feuilleton politico-médiatique sans précédent. Pendant que la Tour Eiffel souhaite la bienvenue à sa nouvelle star, le dénouement de l’affaire fait grand bruit de l’autre côté des Pyrénées. A commencer par le Président de La Liga, Javier Tebas, qui après avoir dans un premier temps invalidé le paiement de la clause libératoire de 222 millions d’euros, entre en guerre contre le club parisien : « Le PSG se moque du système. On les a attrapés en train de faire pipi dans la piscine. Neymar a fait pipi du plongeoir. On ne peut pas l’accepter« . A Barcelone, on charge surtout l’attitude ambiguë du joueur. « Il n’a pas agi avec les formes adéquates, déclare le président Josep Maria Bartomeu, considérant que « le Barça sera plus compétitif » sans le Ney. Mais le vide est profond, et ce malgré l’arrivée d’Ousmane Dembélé à la fin du mercato.

En 2017, le transfert de Neymar est très mal vécu par les socios. « Nous recherchons un traître », « Les mercenaires n’ont pas leur place au Barça, seuls ceux qui aiment le club l’ont », peut-on lire dans les rues de Barcelone.

Accepter un retour du Brésilien deux ans plus tard résonnerait comme un camouflet, une défaite symbolique contre un rival toujours en position de force. Ce serait aussi courber l’échine face aux caprices d’un joueur qui justifiait ainsi son départ : « J’ai passé quatre ans là-bas. J’y étais très heureux. J’en suis parti heureux. Mais pas avec eux (les dirigeants, ndlr). Pour moi, ce sont des personnes qui ne doivent pas être au Barça« . Ambiance.

Une opération complexe

D’un point de vue purement financier, le Barça est confronté à un véritable casse-tête. On sait que Paris a besoin de cash et ne vendra pas son joueur à moins de 222 millions, son prix d’origine. De son côté le Barça, qui d’enregistrer les arrivées de De Jong (75 M€) et Griezmann (120 M€), ne peut pas se permettre d’acheter Neymar à ce prix-là sans enfreindre les règles du fair-play financier (sans parler de la masse salariale colossale chez les Blaugranas). L’une des solutions envisagées serait d’ajouter un ou plusieurs joueurs à la transaction ; Dembélé ou Rakitic sont concernés. On sacrifie des joueurs clés de l’effectif, donc, tout en se privant de l’opportunité de faire venir de gros morceaux dans les mercatos à venir… pas sûr que cette option soit la plus durable.

Deuxième club le plus riche de la planète, le FC Barcelone accuse toujours une dette de 179 millions d’euros, qui pourrait gonfler en cas d’arrivée de Neymar.

Un gros embouteillage devant

C’est la donnée la plus évidente : Barcelone a de quoi faire en attaque. Messi et Suarez sont bien sûr indéboulonnables, et atteignent à eux deux près de 800 buts avec le Barça. Derrière ce duo, Antoine Griezmann a déjà fait ses preuves à l’Atlético et, s’il s’adapte correctement, a toutes les chances de briller en tant que titulaire. Choix prioritaire d’Antonio Valverde, il pourrait être aligné à gauche du traditionnel 4-3-3 ou en deuxième pointe dans un éventuel 4-4-2. Vient ensuite Ousmane Dembélé, qui sort d’une saison mitigée (11 buts, 6 passes décisives TCC) mais garde la confiance de ses dirigeants. En tout, les deux Français ont coûté 225 millions d’euros au Barça, soit à peu près l’équivalent de ce que leur coûterait Neymar. Or soit Griezmann soit plus probablement Dembélé (blessé à la cuisse, il manquera 5 semaines de compétition) devra déjà se résoudre au banc cette saison. Certains parleront d’un problème de riche… la réalité est bien plus complexe. L’ancien joueur de Santos, s’il venait à signer, partirait automatiquement titulaire du fait de son statut et de sa complémentarité avec le duo Messi-Suarez. Le vestiaire catalan ne ressortirait que plus fracturé de cette guerre d’ego entre trois ex-inséparables et deux attaquants de classe mondiale (dont l’un fut placé 3e au dernier ballon d’or alors que Neymar n’arrivait que 12ème !). Cette accumulation de stars pourrait aussi freiner l’ascension de joueurs formés au club comme le jeune Carles Perez (21 ans), intéressant en préparation et qui pourrait prétendre à un rôle de doublure. La Masia est en crise, et c’est plus généralement l’identité du club catalan qui est en cause dans ce transfert.

La MSN était un trio légendaire, probablement le plus grand de l’histoire du football. Sauf que le Barça a depuis tourné la page…

 

 

Un joueur d’avenir, vraiment ?

Admettons que les deux clubs parviennent à un accord qui permette de dégraisser le groupe (à l’image du prêt payant de Coutinho au Bayern pour 5 millions avec option d’achat de 120 M€). Admettons que les supporters catalans lui pardonnent l’humiliation de 2017. On peut toujours s’interroger sur les garanties sportives du joueur, génie du football qui n’a pourtant pas progressé en deux ans. Au contraire : s’il a bien inscrit 51 buts et délivré 27 passes décisives en 58 apparitions avec le PSG, Neymar Jr a manqué près d’un tiers des rencontres, en particulier les deux confrontations à élimination directe de C1 contre le Real et Manchester. Le Brésilien s’est blessé gravement deux fois au pire moment, et l’état de sa cheville continue d’inquiéter. Surtout, Neymar s’est distingué par un comportement extra-sportif inadmissible (même si les responsabilités sont à partager avec le club) qui a convaincu Paris de le laisser partir. Individualisme, suffisance, absence à l’entraînement… Voilà ce qui fait désormais sa célébrité. Alors, dans une époque où le football est une industrie comme une autre, n’oublions pas le slogan du Barça : « més que un club »…

Dans la foulée de la finale de Coupe de France perdue contre Rennes (2-2, 5 t.a.b. à 6), le 27 mai dernier, Neymar frappe un supporter qui l’avait injurié.

Pour toutes ces raisons, et malgré le talent indéniable du joueur, les dirigeants catalans feraient mieux de renoncer à recruter Neymar pour se consacrer à d’autres chantiers fondamentaux… La quête d’un nouvel entraîneur, par exemple.