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La reprise du championnat de football passe par un retour des spectateurs dans des conditions de santé garanties.

La présence du PSG et de l’OL à Lisbonne pour le Final 8 de la Champions League illustre la bonne santé sportive du football français. Mais cette participation aux quarts de finale de cette épreuve reine ne doit pas être l’arbre qui cache le gouffre financier dans lequel le coronavirus et des décisions unilatérales ont plongé le football professionnel français. L’arrêt prématuré du championnat va engendrer une perte pour la Ligue 1 de football estimée à un milliard d’euros selon Bernard Caïazzo, Président du syndicat Première Ligue et de l’AS St-Etienne.

L’erreur française d’un arrêt des championnats de football français

L’arrêt des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, décidé unilatéralement en mars 2020 par le gouvernement français, et sans tentative de compromis ou d’adaptation par les deux responsables de la Ligue Nationale de Football (LNF), Nathalie Boy de la Tour et Didier Quillot, a été avec le recul une erreur, comme l’a montré la reprise, réussie, des principaux championnats européens. Il convient de reconnaître que le Président de l’Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas avait certainement raison sur le fond, quand il réclamait justement une reprise du championnat en France à l’instar de ce qui a été fait en Italie, en Allemagne ou en Espagne. Dommage que le caractère excessif de certaines de ses déclarations ne lui ait pas permis de trouver des soutiens parmi les présidents de clubs.

C’est le passé, et il faut désormais gérer la saison 2020/2021 qui débute le 22 août pour la Ligue 2 et le 23 août pour la Ligue 1. Et la reprise de ces deux championnats doit s’accompagner du retour des fans dans les stades, au-delà de la jauge des 5000 spectateurs actuellement fixée par décret.

Le retour des spectateurs dans les stades est une nécessité sportive : les tristes finales des Coupes de France et de la Ligue avec 5000 spectateurs dans un Stade de France qui peut contenir 80000 personnes, les 8e de finale de La Ligue des Champions à huis clos avec diffusion de sons factices préenregistrés, ont rappelé que le football est par essence un sport populaire, et doit être synonyme de liesse. On peut même aller plus loin : en privant les clubs qui jouent à domicile du soutien de leur public, on risque de désavantager sportivement certaines équipes lors de matchs-clefs, au moins en début de championnat.

La gabegie financière de l’arrêt des championnats

Le retour des spectateurs dans les stades est aussi, et peut-être avant tout, une nécessité économique. Derrière les grandes écuries de notre championnat comme l’OL, le PSG ou l’OM, il y a de nombreux clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 plus modestes, à l’équilibre budgétaire précaire. Si la décision de Canal+, exprimée par Maxime Saada, de ne pas payer la dernière tranche des droits sportifs a été abondamment commentée et critiquée, on ne prend pas en compte aujourd’hui l’inquiétude et la réaction à venir des innombrables sponsors locaux et régionaux qui assurent une part non négligeable des revenus de tous les clubs professionnels de Ligue 2 et de la plupart des clubs de Ligue 1 : quel serait leur intérêt de continuer de sponsoriser leur club de leur région si les spectateurs sont interdits de stade ? A fortiori dans un contexte où plusieurs de ces entreprises seront elles-mêmes en difficulté ou à risque, et pourraient avoir à se justifier de ces dépenses de publicité.

La question est de savoir comment garantir l’accès des spectateurs aux stades sans risques de propagation du Covid-19. Le gouvernement n’ayant jusqu’à ce jour pas été proactif sur les masques ou sur les tests, la LNF ayant été suiviste comme l’a été la Fédération Française de Football (FFF) de Noël Le Graët, il appartient aux clubs de faire des propositions, de formuler des solutions. Concrètes et efficientes.

La haute technologie au service du sport

Un exemple à avoir en tête vient certainement de l’Association Sportive de Monaco (ASM) qui propose, par la voix de son chef de projet Jérémy Cottino, que l’accès aux stades se fasse contre la présentation d’un passeport santé, ou passeport immunologique. L’idée est simple : toute personne souhaitant assister à un match devra présenter comme d’habitude son billet d’entrée, mais également un certificat prouvant qu’il n’a pas contracté le Covid-19.

Pour cela, il aura préalablement effectué un test dans un laboratoire agréé, le résultat prenant la forme d’un QR code (dématérialisé sur smartphone ou imprimé sur support papier). Ce QR code infalsifiable conçu par la société suisse SICPA, numéro 1 mondial des documents sécurisés, en partenariat avec et partenaire de l’ASM pour cette initiative, qui intéresse d’ailleurs  déjà la Premier League anglaise comme le rapporte Nice-Matin dans son édition du 10 août.

Évidemment, il appartient au gouvernement de définir les exigences publiques pour réglementer ce test (type de tests, délai de réalisation du test dont le résultat devra être présenté en même temps que le billet : Jour J, J – 2, un ou deux tests, laboratoires agrées…), tout est à ce jour sur la table. Mais une technologie est disponible, techniquement fiable, 100% sécurisée, immédiatement opérationnelle et pérenne… et conforme au Règlement Général de Protection des Données en ce qu’il ne stocke aucune information personnelle.

Aujourd’hui, il est essentiel de s’adapter au Covid-19 qui semble là pour durer. Nous ne sommes plus dans la gestion de la situation d’urgence qui a contraint le président de la République Emmanuel Macron à décréter le confinement, et l’arrêt brutal de la saison sportive. D’ailleurs les principaux protagonistes de cette décision ne sont plus en poste, ou ne le seront plus prochainement : Édouard Philippe, Premier ministre remplacé par Jean Castex, son Directeur de Cabinet et le Secrétaire Général du Gouvernement, jugés frileux ; Nathalie Boy de la Tour a de même d’ores et déjà annoncé qu’elle ne solliciterait pas un nouveau mandat à la tête de la LNF.

La balle du retour sécurisé des supporters dans les stades, et en conséquence de la survie économique du football professionnel, est désormais dans le camp des Présidents des clubs, sous la responsabilité du nouveau ministre des Sports Jean-Michel Blanquer.