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C’est l’histoire d’un Brésilien qui a estimé que se faire passer pour un footballeur était le meilleur moyen de séduire des femmes. Le récit de ce séducteur nous plonge dans le football brésilien des années 80-90.
Viré de Botafogo à 16 ans puis de Flamengo car il n’avait pas le niveau d’un footballeur pro, Carlos Henrique Raposo ne s’est jamais démonté. Sans aimer le foot, il a décidé d’être reconnu comme un professionnel dans un seul but : gagner sa vie et séduire. La légende raconte qu’il a perdu sa virginité à 12 ans et aurait cumulé autant de conquêtes que Pelé n’a inscrit de buts.
Dans le livre Kaiser le plus grand footballeur à n’avoir jamais joué, publié en France chez Marabout, le journaliste anglais Rob Smyth revient sur le mythe Carlos Kaiser, un surnom en hommage à Beckenbauer pour celui qui est devenu proche de nombreuses stars brésiliennes pour gagner sa place dans les vestiaires.
[blockquote]Je n’étais pas un grand joueur mais j’en avais tout l’air. J’avais du charisme, je rayonnais.Carlos Henrique Raposo[/blockquote]
Il n’a jamais marqué, ni même joué mais, par son bagout, Carlos Kaiser a réussi à signer plein de petits contrats à une époque où le manque de traçabilité administrative et les limites de la médecine rendaient possible la supercherie. Son coup spécial ? La simulation de blessure pour éviter d’aller sur le terrain. Et les quelques joueurs qui l’ont vu à l’oeuvre raconte que Carlos Kaiser fuyait le ballon sur le terrain les quelques fois où il a été obligé de fouler la pelouse.
A travers ce garçon débrouillard, orgueilleux et audacieux, c’est l’histoire de clubs brésiliens (Botafogo, Flamengo, Fluiminense, Bangu…) que l’on découvre à une époque où les stars se nommaient Junior, Zico, puis Romario, Bebeto, Edmundo…« Je n’étais pas un grand joueur mais j’en avais tout l’air. J’avais du charisme, je rayonnais», raconte-t-il au moment de rejoindre un club mexicain après avoir été bon lors d’un match amical de détection. Il prétexta d’emblée être blessé : « la seule raison pour laquelle j’ai décidé d’être footballeur, c’est parce que cela me permettait de rencontrer des femmes rapidement ».
Ami et fournisseur des joueurs
De retour au pays, il raconta avoir marqué des buts et devient complice – voire sosie de Renato Gaucho avec qui il partageait son goût de la fête.« J’étais ami avec la crème de la crème» justifie l’escroc qui avait compris l’importance d’avoir un bon réseau. Populaire en étant proche des joueurs dans le vestiaire, faisant les courses, il savait se rendre indispensable en mettant en contact les joueurs avec des femmes. Il aurait même fait venir des stars comme Mick Jagger ou Freddie Mercury…
Des licences, quelques photos et coupures de presse suffisaient à ce baratineur pour s’ouvrir de nombreuses portes. Parmi sa légende, deux anecdotes sont savoureuses comme une bagarre avec le public pour éviter d’entrer en jeu avec le club de Bangu et l’histoire de sa venue à Ajaccio où le jour de sa présentation il aurait balancé tous les ballons dans les tribunes pour éviter de montrer ses limites.
Capable de raconter n’importe quoi et de convaincre n’importe qui, il s’en sortait à chaque fois, réussissant à faire des pubs et à décrocher des sponsors pour gagner un peu d’argent. Et quand il fut trop vieux pour prétendre être footballeur, il se reconvertir en coach sportif. Aux frontières du football, ce livre est avant tout une histoire humaine qui prête souvent à sourire mais fait un peu pitié aussi, notamment par son côté tragique (il serait réellement tombé amoureux une fois dans sa vie mais sa femme est décédée d’une maladie) et pathétique (de nombreux témoignages contredisent certains mensonges).