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Le Real Madrid remporte son 34e titre de champion d’Espagne, dans un contexte forcément particulier, suite à la pause liée au coronavirus. Derrière, le dauphin barcelonais, on a comme d’habitude quelques équipes qui travaillent bien, mais restent trop loin des 2 mastodontes de la Liga.

Un champion réaliste

Si on a été habitués à des champions à plus de 90 points en Espagne, le Real Madrid n’en termine pas très loin, soit comme le FC Barcelone l’année dernière. Sans avoir été géniale, l’équipe dirigée par Zidane a eu le mérite d’être très réaliste, d’optimiser en résultats le jeu produit, à défaut d’être beau à voir, là où beaucoup n’arrivent pas à concrétiser en points des idées plus abouties. Le grand mérite offensif revient à Benzema, qui a été un peu seul au monde : Asensio blessé toute la saison, Hazard sans continuité, Bale pas concerné, le Français a souvent été amené à combiner avec… Vinicius et Vazquez, qui restent quand même très limités. Ce Real Madrid est loin du glamour qu’on lui a connu il y a quelques années, mais il est à l’image des attentes de son entraîneur : solide et efficace dans les 2 surfaces, à défaut d’avoir des principes de jeu spectaculaires et identifiables au premier coup d’œil. Zidane a bien géré son groupe, qui avait plusieurs lacunes, comme l’absence d’une doublure pour Casemiro par exemple. La pause a fait beaucoup de bien à l’effectif, qui a enchaîné les victoires, avec notamment un Modric retrouvé, lui qui avait des jambes qui sifflaient depuis quelques mois.

Derrière, le FC Barcelone traverse une crise identitaire depuis quelques saisons, masquées par des résultats qui restent positifs (en partie grâce à Messi). Entre un héritage culturel pas facile à retransmettre sur le terrain, un effectif construit en dehors de toute logique, et certains cadres vieillissants, les Catalans n’ont pas réussi à remporter une Liga qu’ils avaient pris l’habitude d’utiliser en cache-misère ces dernières saisons. Malgré une saison fabuleuse avec plus de 20 buts et plus de 20 passes décisives, Messi n’aura pas permis à son équipe de gagner. Une révolution aura peut-être lieu cet été.

Des idées, peu de continuité

L’Atlético et le FC Séville accompagneront les 2 monstres lors de la prochaine Ligue des champions. Les Matelassiers ont plutôt bien géré cette saison de transition, même s’ils n’ont jamais pu se mêler à la course au titre. Les Sévillans ont beau avoir renouvelé une grosse partie de leur effectif, Lopetegui a réussi à en tirer quelque chose. La pause liée au coronavirus a cassé l’élan de la belle et jeune équipe de la Real Sociedad, et c’est bien dommage. Après 2 saisons dans le top 4, le FC Valence déçoit un peu, tandis que Getafe, dans un style proche de l’Atlético, avait réussi une jolie première partie de saison. Au rang des déceptions, on peut évoquer le Bétis et le Celta Vigo, qui disposent (sur le papier) d’un effectif taillé pour jouer le top 10, voire plus si affinités, mais qui se trouvent en bas de classement.

Le meilleur joueur : Benzema, 9 et 10 à la fois

On aurait pu donner cette distinction à Messi, comme on l’a fait en 2017 (malgré l’absence de titre) et en 2018. Malgré une saison fabuleuse au niveau statistique pour l’Argentin, c’est bien Benzema qu’on désigne comme le meilleur joueur de ce championnat 2019/20. Hazard incapable d’enchaîner, Asensio blessé, Bale mentalement parti, Rodrygo trop jeune, Vinicius et Vazquez limités ? Pas de soucis pour le Français, qui a joué à la fois meneur de jeu et avant-centre pour cette équipe, avec une nette tendance à pencher côté gauche. Buteur, passeur, joueur référence recherché par ses milieux dans les 30 derniers mètres pour accélérer le jeu ou trouver un décalage, Benzema a réalisé la meilleure saison de sa carrière dans le jeu, quand bien même il a déjà été aussi prolifique par le passé. Sans affirmer qu’il est meilleur que ces anciens attaquants français, rappelons qu’au même âge, Trezeguet perdait sa place à la Juventus à cause d’un physique devenu trop fragile, Henry perdait sa place au FC Barcelone, tandis qu’Anelka partait en Chine. La longévité du Madrilène impressionne.

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Le coup de cœur : Odegaard, prêt pour le Real

Annoncé comme un crack à venir, Odegaard a bien géré son début de carrière avec le Real Madrid, en allant chercher du temps de jeu dans des équipes qui lui ont permis d’avoir une progression linéaire. Avec la Real Sociedad, le Norvégien a trouvé une formation de joueurs jeunes, dynamiques et talentueux, qui parlent et comprennent son football (on pense notamment à Oyarzabal). Passes décisives, buts, gestes techniques de grande classe, il a épaté la galerie (jusqu’au confinement), et l’a surtout fait dans un cadre collectif. Loin d’user de gestes gratuits qui ne servent pas le jeu, le numéro 21 a montré cette saison qu’il avait les épaules pour être un des éléments les plus intéressants à suivre du championnat. Reste à savoir s’il souhaitera, dès la saison prochaine, retourner au bercail, pour réitérer dans la cour des grands.

Le meilleur gardien : ter-Stegen, le cache-misère

Malgré la belle renaissance de Courtois, ou la régularité d’Oblak, c’est bien ter-Stegen qui a fait la plus forte impression dans les buts cette saison. Pourtant, le FC Barcelone est loin d’être la meilleure défense du championnat, devancé par plusieurs formations parmi lesquelles le Real Madrid, l’Atlético, mais aussi l’Athletic Bilbao et Getafe. Ces équipes ont pour point commun un bloc-équipe particulièrement solide, dont ne bénéficiait pas l’Allemand. Au Barça, les observateurs sont unanimes : malgré une possession de balle qui doit, en théorie, éviter de concéder des occasions franches, les Culés ont été incroyablement fébriles sans ballon. Même si toute l’équipe est fautive, aucun défenseur n’a réalisé un exercice convaincant : Umtiti jamais revenu à son meilleur niveau, Piqué sur courant alternatif, Lenglet parfois fébrile… Mentalement, ter-Stegen a eu le mérite de ne jamais lâcher et de toujours proposer du haut niveau. Ses parades, ainsi que les buts de Messi, auront permis d’entretenir l’illusion presque jusqu’au bout.

Le joueur qui a le plus progressé : Partey, le nouveau monstre

Simeone a permis à plusieurs joueurs de progresser de façon spectaculaire : Griezmann et Saul en sont les meilleurs exemples. Le public français espérait que Lemar soit le prochain sur la liste. Pourtant, le nouveau monstre du Cholo est bien Thomas Partey. Même s’il n’a pas gagné son statut de titulaire cette saison, il n’est pas exagéré de dire qu’il a évolué à un niveau très élevé, beaucoup plus élevé que ce à quoi la grande majorité des observateurs s’attendait. Intraitable dans les duels, le Ghanéen à l’abattage monstrueux a aussi brillé avec le ballon, prenant des initiatives dans le jeu de passes pour casser des lignes, ou osant des courses spectaculaires pour apporter le surnombre devant. S’il n’a pas de statistiques faramineuses, il est le joueur qui a le plus progressé cette saison. Et dire que Simeone a déjà commencé son prochain projet, avec Llorente

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La révélation : Ferran Torres, la bombe du FC Valence

Les rumeurs l’annoncent déjà à Manchester City. Espérons qu’il y trouve sa place, car mettre sur le banc une telle pépite serait dommageable pour le football. Ferran Torres, dans cette saison morose du FC Valence, a apporté une étincelle souvent bienvenue à chacune de ses folles courses vers l’avant. Le jeune ailier droit a du feu dans les jambes, et n’hésite jamais à tenter de déborder une défense, même quand le jeu dicterait de faire tourner ou de temporiser. Dans une ère où on aime aligner des ailiers inversés pour qu’ils puissent entrer à l’intérieur, il est rafraîchissant de voir que des ailiers de débordement purs puissent encore avoir voix au chapitre. Explosif, insouciant, supersonique, l’Espagnol a tout pour devenir une référence du poste, à condition de ne pas s’enterrer dans un club où il ne jouerait pas…

La recrue : Ocampos, l’ailier fort

Lui aussi est un ailier de débordement, mais malgré une mobilité intéressante, il est loin de la vitesse de Ferran Torres. Ocampos se distingue d’avantage par une combativité à toute épreuve, une certaine finesse techniquement, et un sens du but affûté cette saison. L’Argentin a battu son record personnel de buts en championnat sur une saison (14 réalisations), et a tenu un rôle de leader offensif pour le FC Séville. C’est simple : il ne s’est jamais caché, a toujours demandé le ballon, quelque soit l’opposition. Parfois brouillon, mais toujours volontaire, il est l’exemple même du joueur qui peut atteindre un niveau bas ou élevé en fonction de l’environnement dans lequel il évolue. Il faut croire que le contexte andalou favorise une adaptation éclair, puisqu’en plus d’Ocampos, Diego Carlos, Koundé et Jordan ont réalisé une belle saison. Paradoxalement, ce sont les très attendus De Jong et Rony Lopes qui ont eu des exercices plus mitigés.

Le flop : des transferts à 100 millions… pour ça ?

Tous sont capables de réaliser une saison magnifique dès l’année prochaine. Mais pour l’instant, le premier exercice de Griezmann, Hazard et Félix est plus que mitigé. Le Français n’a pas encore réussi à se faire une place au FC Barcelone, où son jeu a du mal à cohabiter avec ceux de Suarez et Messi, également attirés par l’axe. Pour l’instant, Setien n’a pas la formule pour les faire bien jouer tous ensemble… d’autant plus que son effectif est globalement mal foutu, et que l’arrivée de Pjanic n’arrange rien. Pour le Belge, outre une arrivée en méforme, il y a eu la malchance des blessures. Sur les rares fois où il a réussi à enchaîner quelques matches, on a pu voir une entente immédiate avec Benzema qui laisse espérer des lendemains qui chantent. Il n’en reste pas moins qu’il a raté sa première année madrilène. Pour le Portugais, c’est une saison moyenne, mais lui a des circonstances atténuantes : c’est son premier transfert, il est tout jeune, et il évolue dans une équipe où il est difficile de briller offensivement. Certains joueurs plus confirmés (Gaitan, Lemar, Martins) n’y sont jamais parvenus. Avec son talent, il a tout ce qu’il faut pour renverser la vapeur… et justifier ce montant de transfert aberrant, pour lequel il n’est évidemment pas responsable.

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L’équipe-type

ter-Stegen – Varane, Ramos, Diego Carlos – Casemiro, Partey, Cazorla, Odegaard – Messi, Benzema, Ocampos

Evidemment, c’est dur de choisir. Courtois, Oblak, ou même Fernandez à Levante, ont réussi de belles saisons dans les cages. En défense, Yeray Alvarez et Capa auraient pu récompenser la solidité de Bilbao, un bloc défensif solide qui accompagne une attaque peu efficace… mais on a opté pour un 3-4-3 sans latéraux, pas du tout équilibré, et beaucoup trop axial, histoire de pouvoir insérer tous les milieux. Cela explique aussi l’absence de Reguilon. Odegaard représente une Sociedad séduisante, où Merino et Oyarzabal n’auraient pas fait tâche dans cette équipe-type. Ferran Torres aurait pu en être aussi, mais il souffre de la saison compliquée des siens. Bonne recrue, Anguissa ne mérite tout de même pas une place, mais sa jolie saison est à souligner.